Dès lors, comment peut-on ne pas être heureux si rien ne manque de ce qu'il faut pour l'être ? En même temps, l'expression renvoie à un scandale : comment fait-il pour ne pas être heureux ? L'expression vaut alors comme un reproche et une invite à la prise de conscience : tu as tout pour être heureux et tu n'en profites pas, tu gaspilles la chance que tu as, alors que d'autres (...)
[...] Comment cela est-il possible ? Cf. votre cours : la possession et l'habitude engendrent l'ennui, voire le dégoût, au sens d'absence de goût (insipidité). Je ne suis pas heureux parce que le bonheur est insipide ou parce que je ne goûte plus ou pas le bonheur que je possède. Ce qui me fait défaut, c'est la composante essentielle du bonheur justement, savoir la capacité gustative elle-même, la conscience que toute réalité se convertit en jouissance. Le bonheur se trouve alors réduit à l'objectivité de ses conditions et de ses éléments comme une possession dont je ne pourrais jouir. [...]
[...] Ce qui me manque c'est la présence du bonheur qui est la présence de la conscience elle-même. On pourrait en conclure plusieurs choses quant à la question de la définition du bonheur et de la responsabilité du sujet à l'égard de son propre bonheur D'abord, dans une optique tragique ou pessimiste, que l'inquiétude, comme le montre Leibniz, est l'aiguillon de l'action et qu'elle est essentielle à la félicité des créatures, laquelle ne consiste jamais dans une parfaite possession qui les rendrait insensibles et comme stupides (Leibniz, in Nouveaux Essais sur l'entendement, II, 21). [...]
[...] Si j'ai tout pour être heureux et que je ne le suis pas, c'est donc que la conscience découvre que pour elle le bonheur est une plénitude qui doit se vivre réflexivement comme telle, de sorte que pour être heureux il convient non seulement de le savoir mais de le vouloir ou de se vouloir comme tel. [...]
[...] INTRODUCTION Développement * * * 2.6 Sujet proposé : Quel est le sens de l'expression : il a tout pour être heureux ? INTRODUCTION. - Dans l'introduction, souligner le paradoxe, dans l'expression il a tout pour être heureux d'un bonheur qui fait défaut alors que toutes les conditions du bonheur sont présentes. - En effet, l'expression en question semble appeler deux compléments qui en précisent le sens : d'une part, il a tout pour être heureux, mais il ne l'est pas ; d'autre part, moi qui parle, je serais heureux si j'avais ce qu'il car il a tout ce qui me rendrait heureux. [...]
[...] A noter que l'expression ne signifie pas le seul fait, pour un sujet, de ne plus apprécier ce qu'il aimait auparavant. Il s'agit là de la forme banale de la satiété. Le sens de l'expression est plus radical : comment, par exemple, un amateur de musique, qui continue de trouver du plaisir aux sonates qu'il écoute, n'y trouve plus son bonheur ? Ce n'est pas l'objet (les sonates) qui s'est fané par suite d'une longue habitude. Car on peut penser au contraire qu'en matière d'appréciation ou de jouissance esthétiques, l'habitude est un précieux allié (plus on écoute, plus on aime). [...]
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