Selon l'étymologie latine, désir signifie regret d'un astre perdu, nostalgie d'une étoile. L'ambigüité du désir se révèle dans cette étymologie. D'un côté, le désir serait manque, privation, constat d'une absence ou d'une perte. Sa valeur serait donc négative : il serait ce qui fait souffrir, ce qui rend malheureux. De l'autre côté, le désir apparaît aussi sous un autre aspect. Il peut représenter l'attirance vers ce qui est susceptible de nous combler, de nous rendre heureux. Sa valeur serait ici positive : il serait l'élan. Mais il faut bien comprendre, néanmoins, que cet astre qui nous attire reste inaccessible ; de sorte que si l'on associe le bonheur à la satisfaction de ses désirs, ne serait-il pas inatteignable ? (...)
[...] De l'autre côté, le désir apparaît aussi sous un autre aspect. Il peut représenter l'attirance vers ce qui est susceptible de nous combler, de nous rendre heureux. Sa valeur serait ici positive : il serait l'élan. Mais il faut bien comprendre, néanmoins, que cet astre qui nous attire reste inaccessible ; de sorte que si l'on associe le bonheur à la satisfaction de ses désirs, ne serait-il pas inatteignable ? Déjà Platon, dans le Banquet (discours sur l'amour) avait pu souligner toute l'ambigüité du désir : d'après le mythe, en effet, Eros, représentant de l'amour et du désir, serait un demi Dieu ; fils d'une mortelle, mendiante de surcroît (représentant le manque) er du Dieu Poros (représentant l'abondance). [...]
[...] Pour celui-ci, en effet, le désir est assimilé à la souffrance : on ne pourra jamais assouvir tous ses désirs de sorte que désirer c'est se condamner à l'insatisfaction perpétuelle. Le désir est manque et le sage doit anéantir en lui tout désir afin d'atteindre le nirvana. Cette conception a marqué la religion judéo- chrétienne en profondeur. On parle bien, par exemple, de pratiques ascétiques, de vœux de chasteté à la fois alimentaire et sexuel. L'on peut néanmoins critiquer cette attitude de renoncement en voyant en elle un refus de vivre. D'ailleurs, il ne faut pas oublier que le Nirvana ne s'atteint qu'en sortant du cycle des réincarnations. [...]
[...] Déjà, il faut savoir que selon l'opinion, le serait, dans une perspective morale, la face négative du besoin. L'on remarquera d'ailleurs quatre oppositions entre ces deux genres de manque. D'abord, le besoin est naturel. Son origine est biologique, corporelle. A l'inverse, le désir est culturel, artificiel. Il est tout ce que l'Homme ajoute à la Nature. Son origine est spirituelle, psychique. Ensuite, le besoin est vital, nécessaire. Il ne peut pas ne pas être (manger, boire, dormir et même se reproduire). A l'inverse, le désir est superflu, contingent. [...]
[...] Au regard de cette considération, il apparait ainsi qu'un besoin peut être de nature subjective et psychique. Malson, dans son étude sur Les enfants sauvages à cet égard, pu relever, en s'appuyant sur les travaux du docteur Itand, quand l'absence d'éducation humaine, un enfant, en l'occurrence Victor, le sauvage de l'Aveyron, ne développe pas les qualités qui font le propre de l'homme. Il a tendance à se comporter comme un animal. On peut aussi faire référence au roman philosophique de Michelle Tournier, Vendredi ou les limites du Pacifique (histoire revisitée de Robinson Crusoe) : en l'absence de Vendredi, Robinson perd peu à peu la conscience qu'il a de lui même, de sa dignité d'homme et régresse vers l'animalité. [...]
[...] L'Homme : un être de désir Comme l'affirmait Spinoza, le désir est l'essence de l'homme C'est ce qui permet de le définir. Il ajoutait que le désir est l'effort que tout homme déploie pour persévérer dans son être C'est ce qu'il dénommait le conatus Au premier abord, on pourrait considérer qu'il ne s'agit là que d'un simple instinct de survie, de conservation. Mais en réalité, il n'en n'est rien. Le sens du mot conatus est beaucoup plus fort. Il s'agit d'une puissance intérieure de développement et d'épanouissement. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture