Démonstration philosophique, déduction, connaissance de la vérité, réalité non avérée, argument sophistique, rationalité, progrès scientifiques, relativisme
La démonstration visant à prouver la vérité, elle implique la connaissance préalable de celle-ci. Démontrer c'est donc savoir d'abord ce qu'on veut démontrer. On ne peut démontrer que ce qui est su comme vrai : si dans le champ de l'expérience il y a des vérités que l'on peut se donner comme tâche de démontrer, c'est dans le champ de la logique et des vérités abstraites que la démonstration sera le plus utilisée.
[...] L'exercice ou l'effort de la démonstration est, donc l'affirmation d'une volonté de raison et de rationalité. Elle est ultimement reconnaissance de Dieu qui est à l'origine de la raison dans le monde. Démonstration et expérience La démonstration s'oppose donc aux démarches purement empiristes, c'est-à-dire qui partent de l'expérience en ne dressant que des hypothèses sans supposer de vérité. Si la démonstration se fonde sur l'idée d'une entière rationalité de la réalité, la connaissance empirique reconnaît l'obscurité et l'insignifiance préalable de la réalité. [...]
[...] Pour revenir de l'intelligence à l'intuition, il faut pouvoir penser que notre rapport au réel n'est pas d'abord rationnel ni scientifique. Mais peut-on se défaire de l'entendement et de ses visées pragmatiques ? Qui peut faire l'expérience immédiate de la réalité ? Qui connaît le réel selon l'intuition ? Bergson présente la figure de l'artiste dont la sensibilité au réel reste première et indéfaite. Mais c'est au philosophe et au mystique qu'il pense quand il s'agit de présenter une expérience de connaissance immédiate, c'est-à-dire véritablement d'intuition, car l'intuition n'est pas une forme de la sensibilité, mais bien une connaissance sans démonstration. [...]
[...] Si le réel n'est pas d'abord considéré comme rationnel, la science rend le réel rationnel par la connaissance qu'elle en a. Il faut alors distinguer deux réalités comme on distingue deux modes d'appréhension du réel : un réel immédiat donné à la sensibilité et à l'expérience particulière, c'est-à-dire l'intuition ; et un réel médiatisé par l'expérience méthodique et la raison scientifique et pragmatique, c'est-à-dire l'intelligence. Démontrer, c'est croire que le réel se plie aux cadres de la raison, voire qu'on accède au réel qu'à travers ces cadres et que tout le reste nous demeure, soit inconnu et inconnaissable, soit inutile et alors quasi-inexistant. [...]
[...] La démonstration est l'exercice d'une rationalité. Ainsi, démontrer la vérité, c'est affirmer que celle-ci est de l'ordre de la raison et que si la vérité du réel est démontrable, alors elle est rationnelle. La démarche et le progrès de la connaissance scientifique montrent ainsi le développement de la raison au sein du réel, compris comme la nature, les choses, le monde, mais aussi comme la pensée. Dans l'ordre de la pensée abstraite ou dans celui de la connaissance expérimentale et empirique, la raison se développe. [...]
[...] On ne peut démontrer que ce qui est su comme vrai : si dans le champ de l'expérience il y a des vérités que l'on peut se donner comme tâche de démontrer, c'est dans le champ de la logique et des vérités abstraites que la démonstration sera le plus utilisée. Elle se distingue ainsi de la déduction dans le sens où pour déduire, il faut s'appuyer sur des données avérées par la raison, et reconstruire un chemin vers la vérité. La déduction est une recherche, alors que la démonstration est tel le récit du cheminement que la raison a déjà, par un chemin plus direct, effectué. Dans la déduction, la raison s'oriente, dans la démonstration elle s'affirme. Celui qui démontre, la raison s'oriente, dans la démonstration elle s'affirme. [...]
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