Nos sociétés modernes, depuis le 18ème et l'avènement des sciences, tiennent sans aucun doute celles-ci en haute estimes. Certain essaient même des prévoir les variations boursières par des études et des calculs mathématiques, alors que les comportements des individus sont souvent imprévisibles. Mais les croyances n'ont pas disparu pour autant, c'est un fait. Certains croient en leur horoscope, d'autres croient en Dieu, d'autres encore croient en un big-bang à venir. Pourquoi croientils ? Car la science n'explique pas tout ; or l'individu a besoin de réponses, et c'est pour cela qu'il donne son assentiment à un énoncé, une proposition. Le problème de cet assentiment, de cette croyance, c'est qu'elle ne se sait pas forcément être telle, elle n'est pas toujours consciente d'ellemême, et les conséquences de ces deux sortes de croyances ne seront pas les mêmes. On dire ainsi « il croit que » pour désigner l'ignorance d'autrui, qui ne peut pas savoir qu'il croit, et qui donc croit savoir ; mais « je crois que » pour signifier que je sais que je crois, je suis conscient que ma pensée est une croyance et peut, par là même, être fausse. Mais, et c'est là tout le problème, que l'individu croie savoir ou qu'il sache qu'il croit, dans les deux cas, il n'a qu'une croyance : comment les distinguer ? L'une est consciente d'elle-même, l'autre ne l'est pas, et leurs implications, dans le domaine de l'action, comme nous allons le voir, vont dès lors différer. Mais est-ce suffisant ? Doit-on forcément admettre que savoir qu'on croit est meilleur que croire savoir ? Et dans quelles conditions ?
[...] Le fait de savoir qu'on croit est donc préférable au croire savoir D'autre part, savoir qu'on croit, dans le domaine de l'action, est aussi préférable au croire savoir De même que le croire savoir est dangereux car l'intolérance en résulte, de même le fait de savoir qu'on croit nous protège des actes d'intolérance. Si, en effet, je sais que ma croyance n'est qu'une croyance, et qu'elle peut donc être fausse, je n'aurai pas la volonté de l'imposer aux autres. Ainsi pour Alain, dans les Propos sur le fanatisme, la difficulté principale consiste à être capable d'envisager toutes les formes d'opinion sur une question, et donc d'accepter celle des autres, afin de ne pas être tenté d'imposer mon opinion. [...]
[...] L'une est consciente d'elle-même, l'autre ne l'est pas, et leurs implications, dans le domaine de l'action, comme nous allons le voir, vont dès lors différer. Mais est-ce suffisant ? Doit-on forcément admettre que savoir qu'on croit est meilleur que croire savoir ? Et dans quelles conditions ? Dans un premier temps sera analysée l'ambiguité du croire savoir ce qui nous mènera dans un second temps à privilégier la croyance consciente d'elle-même, mais il faudra dans un troisième temps émettre des conditions. [...]
[...] L'individu considère détenir une vérité. Le risque est bien entendu de tomber dans le fanatisme, qu'il soit religieux ou non. Les guerres de religion, le régime nazi ou les attentats terroristes plus récents sont autant d'éléments qui mettent en évidence les dangers du croire savoir C'est en ce sens qu'E.M. Cioran, dans Précis de décomposition, rêve d'un monde où les nouvelles valeurs seraient le doute ou le relativisme, car il considère que dès qu'il a une croyance, l'individu veut l'imposer aux autres s'il ne veut pas l'imposer aux autres, c'est qu'il ne la tient pas pour vraie et les pires malheurs en résultent. [...]
[...] C'est le risque de penser que toutes les croyances se valent. C'est en ce sens que Jean-Paul Sartre vante les mérites de l'écrivain engagé, qui milite en vue d'un idéal, en vue d'une amélioration des conditions de l'humanité. Donc, savoir qu'on croit peut certes s'avérer plus raisonnable que croire savoir, mais à condition de ne pas tomber dans le relativisme sous le seul prétexte qu'une croyance n'est qu'une croyance. Reste à souligner, enfin, le caractère pernicieux qu'une croyance consciente d'elle-même pourrait être tentée d'adopter. [...]
[...] Pourtant, n'existe-t-il pas des dangers à savoir qu'on croit ? Ne doit-on pas émettre certaines conditions ? Et le croire savoir quant à lui, ne vaut-il pas autant que la croyance consciente d'elle-même dans certaines situations ? Partie 3 : En effet, le croire savoir parfois, peut se substituer à une croyance que se sait être telle. Dès lors que croire savoir, c'est croire détenir une vérité, cette croyance peut constituer une avancée, puisqu'elle peut être une opinion vraie. Platon souligne, dans Ménon, à travers l'exemple du chemin de Larisse, qu'une opinion vraie peut être tout aussi efficace qu'une connaissance sûre. [...]
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