Cours de Philosophie sur le travail. Malgré les courants de pensée qui, récemment, font l'éloge des vertus thérapeutiques du travail, en particulier dans le cadre contrôlé des hôpitaux psychiatriques, à travers l'apparition des techniques « d'ergothérapie », celui-ci continue à être pour l'homme une dimension problématique de son existence.
[...] Ce n'est donc, comme l'a montré Marx, que par métaphore qu'on applique à certaines espèces animales le terme de travail qui est en réalité spécifique à l'homme. D'un point de vue économique on peut définir le travail comme l'activité humaine visant à créer, produire, entretenir des biens et des services. Dans ce sens, le travail fait l'objet d'une évaluation monétaire ; il est objet d'échanges et de coordination sociale car il est au cœur des interdépendances de la société. A ce titre, il faut distinguer le travail de l'emploi. [...]
[...] Travailler éveille les ressources, l'intelligence du travailleur. Dans le résultat de son travail, ce dernier contemple finalement les pouvoirs d'une conscience, la sienne, qui a su transformer la réalité naturelle selon sa volonté et lui imprimer les marques de sa subjectivité. C'est pourquoi Hegel écrit que le résultat d'un travail, l'œuvre accomplie, est une objectivation de la conscience humaine, comme si celle-ci se contemplait elle-même comme objet, à travers ce qu'elle a produit. Dans des pages demeurées célèbres, Alexandre Kojève a su restituer la pensée de Hegel dans Introduction à la lecture de Hegel (1947) à propos de ce que ce dernier appelait la dialectique du maître et de l'esclave c'est-à-dire ce scénario invariable où se nouent, par le travail, les relations de pouvoir et de servitude entre les hommes : En libérant l'Esclave de la Nature, le travail le libère donc aussi de lui- même, de sa nature d'Esclave : il le libère du Maître. [...]
[...] Le résultat auquel le travail aboutit préexiste idéalement dans l'imagination du travailleur. Ce n'est pas qu'il opère seulement un changement de forme dans les matières naturelles ; il y réalise du même coup son propre but dont il a conscience, qui détermine comme loi son mode d'action, et auquel il doit subordonner sa volonté Karl Marx, Le Capital Actualisation du débat L'œuvre de Hegel va influencer la réflexion menée par Marx sur le travail. Toutefois, cette dernière s'inscrit encore dans notre modernité, c'est parce qu'elle est contemporaine de l'organisation du travail que produit la société industrialisée. [...]
[...] L'emploi est la forme institutionnalisée du travail, c'est-à- dire son organisation à un certain moment de l'histoire, dans une culture donnée. Historique Quelques grands œuvres consacrées au travail humain : En littérature : 1856 : Herman Melville, Bartleby : Ivan Gontcharov, Oblomov : Victor Hugo, Les travailleurs de la mer : Emile Zola, L'Assommoir et Germinal (1885). Au cinéma : 1926 : Fritz Lang, Métropolis : Charlie Chaplin, Les Temps Modernes : John Steinbeck, Des souris et des hommes ; Les raisins de la colère (1939). [...]
[...] Citation à méditer sur la notion Le travail éloigne de nous trois grands maux : l'ennui, le vice et le besoin Voltaire, Candide Sujets de concours - Le travail au siècle est-il une malédiction ou un moyen d'épanouissement individuel et collectif ? (Concours de Commissaire de police, 1974). - Le travail dans le système des valeurs contemporaines (Concours des IRA, 1996). - Le travail est-il une valeur en déclin ? (Concours Interne de l'ENA, 2002). Bibliographie Hannah Arendt, Condition de l'homme moderne, Calman-Lévy Dominique Méda, Le travail, une valeur en voie de disparition, Aubier, 1995. [...]
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