La conscience et l'inconscient - publié le 01/06/2010

Résumé du document

Le mot "conscience" vient du latin cum scientia qui signifie "accompagné de savoir". Etre conscient, c'est en effet agir, sentir ou penser et savoir qu'on agit, qu'on sent et qu'on pense. Le fait d'être conscient constitue donc pour l'homme un évènement décisif qui l'installe au monde et lui commande d'y prendre position. Car l'homme, dans la mesure où il est conscient, n'est plus simplement dans le monde, chose parmi les choses, vivant parmi les vivants. Il est au contraire devant le monde et, dans ce vis-à-vis, le monde se constitue pour lui comme monde à connaître, à comprendre, à juger ou à transformer (...)

Extraits

[...] L'attitude de Socrate est, à cet égard, exemplaire. Attentif à l'injonction de l'oracle de Delphes Connais-toi toi-même ! il inaugure la mise à l'épreuve des savoirs et des certitudes. Et si, au terme de l'enquête, il ne sait qu'une chose, c'est qu' il ne sait rien du moins ce non savoir est-il conscient et, à ce titre déjà une forme de sagesse PENSE DONC JE SUIS : LA PREMIERE CERTITUDE Mais la pensée peut ainsi, par un retour critique sur les certitudes qu'elle croyait posséder, préparer l'accès à un savoir véritable, elle n'est ici que la condition négative du savoir. [...]

[...] Il est au contraire tout entier orienté vers eux et par eux. Aussi la conscience est-elle d'abord visée du monde, intentionnalité Avant toute réflexion, être conscient, c'est être présent au monde, désirant, oeuvrant et s'anticipant ainsi soi-même. C'est cette anticipation par laquelle la conscience toujours au-delà d'elle-même se transporte vers un ailleurs ou un avenir qu'elle vise, qui donne au monde un sens et y introduit une orientation. C'est pourquoi, avant qu'il soit pour moi un objet à connaître ou un spectacle à contempler, le monde est d'abord et avant tout un sens à effectuer ou à réaliser LA CONSCIENCE EN QUESTION Si la conscience est avant tout donatrice de sens, elle ne peut plus être pensée comme le modèle de toute vérité en quoi se trouverait réalisée l'adéquation du sujet à l'objet dans une pure transparence à soi. [...]

[...] Par conséquent, que j'existe. C'est là un simple fait qui, en lui-même, est tout à fait contingent : j'aurais pu ne pas être et je sais aussi que je ne serai pas toujours, même si la pensée Je ne suis pas est, à proprement parler, impensable. D'autre part, que j'existe ne dit pas encore qui je suis. Ou encore, par le cogito, je sais que je suis mais pas encore ce que je suis L'AME ET LE CORPS La question reste entière de savoir quelle est la nature de ce Je qui pense ou encore de connaître, comme l'écrit Descartes, ce que je suis, moi qui suis certain que je suis Passer du Je au Moi c'est faire du sujet une substance, c'est engager implicitement l'hypothèse de l'identité et de la permanence du sujet pensant dans la diversité de ses représentations. [...]

[...] Aussi la conscience est-elle marquée d'emblée par l'ambivalence. Parce qu'elle permet à l'homme de répondre de soi, elle l' élève infiniment au-dessus de tous les autres êtres vivants sur la terre Etre conscient est en effet le propre de l'homme et constitue sa grandeur et sa dignité. Mais parce que la conscience l'arrache à l'innocence du monde naturel, l'homme connaît par elle sa misère. C'est sans doute pourquoi d'ailleurs l'homme oscille souvent entre les deux attitudes. Tantôt, il a tendance à prêter à tout être une conscience semblable à la sienne, restaurant ainsi magiquement familiarité et intimité avec le monde. [...]

[...] Le moi est aussi le médiateur des intérêts conflictuels du ça et du surmoi. Son autonomie est par conséquent toute relative. Il met en jeu une série de mécanismes de défense inconscients, par lesquels il résiste à la levée du refoulement L'INCONSCIENT EST TOUT AUTANT LE PROPRE DE L'HOMME QUE LA CONSCIENCE On le voit, Freud dans sa seconde topique, déplace la frontière qui sépare la conscience de l'inconscient : le moi lui-même est en majeure partie inconscient. Dès lors, il n'est pas possible de penser l'opposition conscience-inconscient comme recouvrant celle, plus traditionnelle, de l'âme et du corps. [...]