Cours de philosophie portant sur la conscience. Le mot français "conscience" vient du latin "conscientia" qui est formé de cum qui signifie « avec », et de scientia pour « science ». Être conscient lorsque nous agissons, éprouvons quelque chose, réfléchissons, etc. c'est ainsi posséder simultanément une connaissance de ces actes, sensations, réflexions. Cette connaissance peut avoir tous les degrés de clarté, depuis le sentiment le plus vague jusqu'au savoir le plus évident. La conscience est donc comme un redoublement à l'intérieur de nous-mêmes de ce que nous faisons ou pensons. Il y a une distinction très nette (que l'on retrouve dans notre langage ordinaire) dans l'histoire de la philosophie entre la conscience conçue comme « conscience morale », permettant de distinguer le bien du mal et ayant un but principalement pratique, et la conscience comme source de connaissance de soi et du monde et ayant un but principalement théorique.
[...] Plus proche de nous, Bergson conçoit la conscience morale comme l'effet d'un conditionnement social. On peut ensuite citer quelques pensées qui vacillent entre l'amoralisme (indifférence aux questions morales) et l'immoralisme (opposition aux valeurs morales). Ainsi Machiavel prétend qu'un traitement adéquat des questions politiques exige qu'on se soustraie à toute considération d'ordre moral. Sade quant à lui démontre que ce que la nature nous enseigne, ce sont les vices, les débordements de la sexualité et de la violence. Nietzsche, enfin, entend constituer une généalogie de la morale en montrant que nos conceptions du bien et du mal sont les interprétations et évaluations d'un homme-esclave qui craint la puissance de la vie. [...]
[...] Telle est la conscience de soi. Hegel quant à lui procède à une critique des philosophies de la conscience, de Descartes à Fichte, qui ont toutes désiré penser la conscience pure et n'ont pas su reconnaître que la conscience est toujours d'abord en relation avec quelque chose qui n'est pas elle-même et que ce n'est que par un dépassement de cette altérité qu'elle parvient à la véritable conscience de soi, qu'elle se fait esprit. Un recommencement de la philosophie de la conscience est inauguré au début du 20ème siècle par Husserl qui fonde la phénoménologie. [...]
[...] La philosophie, on le sait, est né en Grèce. Les Grecs ont soulevé des problèmes fondamentaux de la pensée qui, plus de 2000 ans après, sont encore l'objet d'ardents débats. On pourrait alors s'attendre à ce qu'ils aient formé, au moins dans ses grandes lignes, ce qui a été l'un des concepts essentiels de la philosophie (et surtout de la philosophie moderne), le concept de conscience. Or, on ne trouve pas dans la langue grecque de terme qui recouvre ce que le latin, le français, l'anglais ou l'allemand désigne comme étant la conscience. [...]
[...] Il y a donc ici les prémisses d'un retournement sur soi, d'un retour à l'intimité de la personne. Ce sont les stoïciens qui les premiers souligneront l'importance de l'intériorité. Les pensées pour moi- même de l'empereur Marc Aurèle sont la parfaite illustration de cette citadelle intérieure que peut bâtir l'homme d'action. Cette tendance au souci de soi devient alors prédominante comme en témoigne notamment la réinterprétation de la définition platonicienne de la pensée comme dialogue de l'âme avec elle-même dans le sens d'un enfermement en soi. [...]
[...] C'est au 20ème siècle que la dénonciation de la conscience se fait la plus radicale. Heidegger, élève de Husserl, émet une critique sans appel de son maître et plus généralement de toutes les philosophies de la subjectivité. Le structuralisme français (Lévi-Strauss, Foucault, etc.), en réaction notamment à l'existentialisme tâche quant à lui de démontrer que l'autonomie de la conscience est un leurre car celle-ci est toujours déterminée par des systèmes ou structures qui la précèdent et la surplombent. Mais la pensée structuraliste va plus loin encore que Marx qui affirmait que ce n'est pas la conscience qui détermine l'être social mais à l'inverse ce dernier qui détermine la conscience. [...]
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