La question est : peut-on accéder au bonheur ? Y a-t-il des règles de conduite qui peuvent me mener au bonheur ?
Si je me propose une fin, il est clair que cette règle ne saurait être absolue comme pour l'acte moral, c'est-à-dire sans condition, mais qu'au contraire, il s'agit ici d'un impératif hypothétique et non catégorique, par conséquent la question est de déterminer une règle technique, de prudence.
Mais sont-elles seulement possibles ces règles, peut-on les trouver ? Il faudrait d'abord déterminer un peu mieux la fin, à savoir le bonheur.
Or il se pose d'emblée un problème, c'est le caractère indéterminé du bonheur, qui fait que, ne connaissant pas clairement la fin, on ne peut que rencontrer des difficultés pour y ajuster le moyen de l'atteindre.
Caractère indéterminé car 1) il diffère d'une personne à une autre, le bonheur est une affaire personnelle, comme donc trouver en général des règles pratiques qui y conduisent ? Chacun a sa conception du bonheur, comment établir des règles qui supposent une uniformité ? et 2) il n'est pas même certain que chacun sache vraiment ce qui peut constituer son bonheur.
Veut-il la richesse ? Que de soucis, que d'envie peut-il attirer (...)
[...] L'objet est replacé dans la perspective cosmique de la nature universelle. Le monde est entièrement pénétré de raison. De même que le vivant rationnel doit se reconnaître comme partie de la nature, de même il devra reconnaître son inclination à la conservation de soi comme manifestation particulière de la conservation de soi du monde et donc en fait assentir à l'ordre de la nature qui est raison et par rapport auquel il ne vaut que parce qu'il s'y intègre. Dès lors, la vertu est cette modification par laquelle l'âme rationnelle consent à l'ordre du monde comme raison. [...]
[...] Tout le problème de l'éthique consiste à savoir à quelle tendance donner son assentiment. Notre bonheur est en notre pouvoir, car notre jugement est en notre pouvoir. En ce qui concerne les choses qui ne dépendent pas de nous, telles la santé, la richesse, la gloire, les désirer, c'est s'exposer à la torture du désir insatisfait que d'y placer son bonheur, puisque nous ne sommes pas maîtres de la réalisation de ces désirs, beaucoup de facteurs entrent en effet en jeu : la volonté des autres leurs propres désirs, les circonstances . [...]
[...] On pourrait objecter qu'Épicure nous rend capable de trouver le bonheur, mais non pas de faire face à toutes les situations de souffrance. En effet, le bonheur tel qu'il le définit suppose par exemple que je ne meurs pas de faim. En réalité, l'épicurisme autorise encore la lutte, la résistance contre les maux, la souffrance. Il est vrai qu'on ne peut pas être heureux si on meurt de faim. Mesurer ses désirs, l'ascétisme n'impliquent pas d'être en dessous du seuil de ce que le corps demande. [...]
[...] En somme, pour rendre l'homme immortel, il faut le délivrer de la peur de la mort, ce qui est encore le délivrer aussi bien de la volonté d'avoir une vie immortelle après la mort, dans la mesure où ce désir procède de cette peur, dès lors qu'il s'est soustrait à la peur de la mort et au désir d'immortalité, il est devenu immortel. Épicure remarque encore que ce qui cause toutes nos souffrances, ce sont des désirs illimités, insatiables, vides. Il faudra donc y renoncer. Pourquoi renoncer aux désirs infinis? Ce sont les désirs qui ne sont ni naturels ni nécessaires. D'abord qu'est-ce que les désirs infinis: luxe, gloire, volupté désordonnée, richesse. Pourquoi renoncer à toutes ces choses ? [...]
[...] Il s'agit de faire que notre vie mortelle puisse être goûtée telle qu'elle est sans que vienne l'oblitérer la crainte de la mort. Dès lors nous ne vivrons plus qu'instantanément, nous pourrons dès à présent vivre en immortel. Loin de chercher une immortalité dans un au-delà, on est immortel dès maintenant: "Jouis de l'instant". On s'est débarrassé d'un temps impraticable et on a supprimé le désir infini de l'immortalité. Ce désir infini qui interdit que nous jouissions de la vie mortelle."Il n'y a rien d'affreux dans l'existence pour celui qui a véritablement compris qu'il n'y a rien d'affreux dans la non-existence." Tout cela relève d'une habitude, d'une pratique répétée par laquelle on inscrit ces principes en soi . [...]
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