Cours de Philosophie sur l'art. Un premier type de questionnement porte sur l'oeuvre d'art elle-même : face à la multiplicité des oeuvres d'art (un impromptu de Schubert, un autoportrait de Van Gogh, une chorégraphie...), peut-on définir la nature, l'essence de l'oeuvre d'art ? A partir de quelles catégories (beauté, travail, expressivité, originalité...) peut-on déterminer si un objet est une oeuvre d'art ou non ?
[...] Néanmoins, dire que l'oeuvre se définit comme étant le produit d'un sujet ne suffit pas à définir l'oeuvre d'art. Pour préciser la spécificité de l'oeuvre d'art, il faut introduire une autre distinction. - Pour distinguer l'oeuvre d'art de l'objet technique, il est possible de produire trois critères : 1. Le critère de l'unicité : L'objet technique est un objet qui peut être reproduit. Depuis le passage du mode de production artisanal au mode de production industriel, il peut être produit en série. L'oeuvre d'art semble toujours unique et irremplaçable. [...]
[...] Dit en termes kantiens : le plaisir esthétique est un plaisir désintéressé. A la différence du plaisir que je prends lorsque je consomme un objet, le plaisir esthétique laisse l'objet intact : ce plaisir n'a rien à voir avec la réplétion. - Corolaire 2 : Si l'objet technique appartient au monde du vouloir-vivre, l'oeuvre d'art s'excepte de ce monde. Dans le champ de l'art, la pensée n'est plus au service des besoins, mais au service du désir Les paradoxes de la création artistique : Fabrication et création : la divinisation de l'artiste : - L'évolution historique du statut de l'artiste : * Au moyen-âge, le statut de l'artiste était confondu avec celui de l'artisan : on opposait les arts mécaniques (arts manuels, auxquels appartenaient la peinture et la sculpture) aux arts libéraux (arts intellectuels, qui regroupaient la grammaire, la rhétorique, la dialectique, l'arithmétique, la géométrie, l'astronomie et la musique). [...]
[...] Les artistes ne travaillent plus dans des corporations d'artisans, ils s'élèvent à un statut social plus prestigieux. Les Beaux- arts sont enseignés dans de prestigieuses académies, qui proposent en plus d'un enseignement technique un enseignement théorique. L'artiste devient un créateur, semblable à Dieu. Il commence à signer ses oeuvres, et les nobles n'achètent plus «une Madone» ou une «Nativité», mais Titien» ou un «Michel-Ange». - Le signifiant création marque une rupture : ériger l'artiste en créateur, c'est le distinguer de l'artisan, qui n'est qu'un fabriquant. [...]
[...] Que de beautés fines ne sont point aperçues ! Il y a même dans les arts des choses très belles et avouées comme telles de tous ceux qui s'y connaissent, qui ne font nulle impression sur des esprits droits, mais sans culture, qui font même quelquefois sur eux une impression désagréable. Un air simple plaît à un homme absolument ignorant en musique. Si ce même air est accompagné de basses et de dessus, ce n'est plus qu'un bruit confus qui le fatigue. [...]
[...] On peut construire, à partir du texte de Batteux, deux figures de l'amateur qui correspondent à deux rapports radicalement distincts à l'oeuvre d'art La figure de l'amateur-expert : - L'amateur-expert est celui qui considère le plaisir esthétique comme un plaisir intellectuel. Le plaisir esthétique reposerait sur un savoir. Il n'est donc pas immédiat. Pour aimer une oeuvre, il faut du travail : il faut l'analyser, il faut en connaître les principes. Le plaisir esthétique est indissociable d'un regard éclairé, d'une intelligence de l'oeuvre. Cette position est celle que défend Batteux. - Implication de cette thèse : 1. [...]
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