« Pour les anciens - à l'exception des stoïciens - l'homme est un être social, la nature est un ordre, et ce qu'on peut apercevoir, au-delà des conventions de chaque polis particulière, comme constituant, la base idéale ou naturelle du droit, est un ordre social en conformité avec l'ordre de la nature (et par suite avec les qualités inhérentes aux hommes). Pour les modernes, sous l'influence de l'individualisme chrétien et stoïcien, ce qu'on appelle le droit naturel (par opposition au droit positif) ne traite pas d'êtres sociaux mais d'individus, c'est-à-dire d'hommes dont, chacun se suffit à lui-même en tant que fait à l'image de Dieu et en tant que dépositaire de la raison. » Louis Dumont, dans cet extrait de Essais sur l'individualisme, rappelle que le cosmopolitisme repose sur l'affirmation de l'unité du genre humain.
[...] Je les précède. B. Le cosmopolitisme n'a pas réellement trouvé dans le passé de traductions politiques concrètes, et a davantage constitué un idéal de sagesse pour l'individu soucieux de ne pas se laisser aveugler par les solidarités identitaires, ou un mode de vie pour les élites intellectuelles Doctrine créée par des individus en rupture de ban avec la cité, le cosmopolitisme constitue souvent une affirmation négative: celle du refus des appartenances collectives, ou tout du moins d'une prise de distance avec les identités héritées. [...]
[...] La citoyenneté désigne, au sens étroit du terme, un statut juridique. Le citoyen est titulaire de droits et, en contrepartie, assujetti à un certain nombre de devoirs. Ainsi, par rapport à un résident étranger, le citoyen jouit du droit de vote, mais peut être contraint d'acquitter ses obligations militaires[1]. Par ailleurs, la citoyenneté désigne le comportement de celui qui participe à la vie des institutions politiques. C'est à ce titre que certains dénoncent la progression de comportements apathiques dans les sociétés démocratiques occidentales où l'individu, conformément aux analyses de Tocqueville, serait enclin à déserter l'espace public et à se replier sur la petite société qu'il s'est créée à son usage Autrement dit, la citoyenneté a un contenu concret et constitue une notion exigeante. [...]
[...] Les représentants des différents peuples de l'Empire occupèrent les magistratures les plus prestigieuses, et les différentes dynasties des empereurs témoignèrent de cette intégration puisque les Antonins étaient d'origine espagnole, les Sévères en provenance des provinces africaines, etc. C'est l'édit de Caracalla qui étendit la citoyenneté romaine à tous les hommes libres de l'Empire (212). Caracalla lui-même était né à Lyon, d'un père africain et d'une mère originaire de Syrie. Cet édit témoigne d'une évolution progressive vers l'intégration des différents territoires sur lesquels Rome avait étendu son autorité, et l'immensité de l'Empire rendait pour les citoyens de cette époque l'identification entre le monde et leur communauté politique assez naturelle, encourageant l'idéal cosmopolite. [...]
[...] Au-delà de la diversité des nations, des cultures et des croyances, le cosmopolitisme repose sur l'affirmation de l'unicité du genre humain Titulaires du logos ou animés du souffle divin, les hommes font partie, pour les stoïques comme pour les chrétiens, de la même famille. Le stoïcisme est né au cours de la période hellénistique. On attribue en général sa création à Zénon (336-264 avant notre ère). Son retentissement a cependant largement dépassé le monde grec et le troisième siècle avant Jésus-Christ. Cette philosophie a particulièrement influencé les Romains, Sénèque en est l'exemple emblématique. Les premiers chrétiens, dont saint Paul, ont également été marqués par l'héritage stoïcien. [...]
[...] Pour Fichte, toute culture nationale doit avoir pour visée de s'étendre au genre humain. Cette culture est donc un point de départ et non une fin en soi, et sera dépassée à travers la confrontation avec les autres cultures nationales. Dans cet effort vers l'universel, notre perception du genre humain prend appui sur notre culture nationale, dont il serait illusoire, comme pour la colombe de Kant, de vouloir s'abstraire. Ainsi, même les populations expatriées, frottées aux cultures étrangères, n'oublient pas leur culture d'origine. [...]
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