Parler de communication indirecte semble un paradoxe, une contradiction, voire une incohérence. Car la communication n'est-elle pas la capacité des hommes à émettre des discours et à les transmettre ? La dénomination même de communication indirecte révèle une rupture : rupture sémantique d'abord : le sens de la communication ne sera pas celle entendue de manière traditionnelle, comme l'ensemble des techniques en vue de diffuser un message.
Dans son oeuvre inachevée qu'est "La Dialectique de la communication ", Kierkegaard, philosophe danois, né en 1813 et mort en 1855, définit l'essence même de la communication. Celle-ci est indirecte et ne peut viser que les vérités éthiques ou éthico-religieuses. En effet, selon Kierkegaard, la vie humaine est divisée en trois stades : vie esthétique, vie éthique et vie religieuse, correspondant chacune à un mode d'être et de connaissance.
Si le stade esthétique se caractérise par une forme de dilettantisme, de sensibilité, d'immédiateté, l'éthique investit la dimension morale du devoir en essayant de concrétiser par son action les règles universelles du Bien. C'est à ce niveau que se situe principalement notre étude, car la communication indirecte va se révéler être une propédeutique à l'acte éthique.
Enfin, la dimension religieuse de l'existence humaine consacre la position de l'individu devant Dieu : ici se déploie l'expérience pure de la contradiction existentielle, celle du péché, c'est-à-dire une situation d'être paradoxale, mais révélant la vanité de l'existence. C'est donc une pensée qui s'inscrit dans un existentialisme débouchant certes à une transcendance, non pas subjective, mais christique : au terme de la dialectique de l'existence, qui ne peut procéder qu'à travers le travail d'une communication indirecte.
La méthode de communication chez Kierkegaard porte essentiellement sur les modalités de la transmission, orale ou écrite, voire artistique, d'énoncés éthiques et éthico-religieux. C'est pourquoi son oeuvre d'écrivain est à l'image de sa conception de la communication, et donc par là d'une théorie du langage. D'ailleurs, toute réflexion sur la communication n'a de sens dès lors qu'elle s'inscrit dans une théorie du langage.
Dès lors, il faut se demander en quoi la communication indirecte constitue-t-elle une communication de pouvoir-devoir? Quelles sont les portées éthique, politique et existentielle de cette communication indirecte ? Quel sens lui accorder dans une société moderne instrumentalisée par les médias ?
[...] La pseudonymie permet cette réappropriation de soi, à travers la transmission d'un savoir, et que le lecteur devra décoder. A l'inverse, l'anonymat est cette forme d'expression qui annihile tout élément personnel dans un discours, rapportant ainsi la communication à quelque chose d'extrêmement objectif. Le discours pseudonymique n'est jamais impersonnel, a contrario il est purement subjectif et libre des contraintes objectives de notre appellation ou de notre passé. L'ironie socratique Une autre composante de la dialectique de la communication chez Kierkegaard est l'ironie, qui est constitutive de la maïeutique, car elle octroie le dépassement de la vanité du monde fini au stade esthétique. [...]
[...] La communication indirecte mobilise la naïveté car elle entend inculquer à son destinataire, le décalage ironique de ses pré-réprésentations avec la réalité du monde. Enfin, la modernité du 19e siècle est caractérisée par son manque de primitivité. "La primitivité signifie l'aptitude originelle et saine à recevoir une impression propre de sa vie sans se laisser influencer par autrui". La perte de ces 3 caractéristiques provoque le développement des moyens de communication donc l'instauration d'une confusion communicationnelle : les informations fusent de part en part, sans destinataire particulier. [...]
[...] C'est donc une pensée qui s'inscrit dans un existentialisme débouchant certes à une transcendance, non pas subjective, mais christique : au terme de la dialectique de l'existence, qui ne peut procéder qu'à travers le travail d'une communication indirecte. La méthode de communication chez Kierkegaard porte essentiellement sur les modalités de la transmission, orale ou écrite, voire artistique, d'énoncés éthiques et éthico-religieux. C'est pourquoi son oeuvre d'écrivain est à l'image de sa conception de la communication, et donc par là d'une théorie du langage. D'ailleurs, toute réflexion sur la communication n'a de sens dès lors qu'elle s'inscrit dans une théorie du langage. [...]
[...] C'est pourquoi, L'individu est plus que l'espèce pour Kierkegaard. L'objectivité de la communication ne peut être conçue que comme l'échec de celle-ci car elle devient non-vérité. La modernité tout entière est ancrée dans cette communication de savoir, informationnelle, qui est la cause de la confusion mentale contemporaine. La modernité médiatique fait des hommes l'instance suprême de toute communication de la vérité alors que Dieu est cette instance. Kierkegaard refuse le relativisme qu'implique une communication de savoir, qui est multiple, changeante et contingente. [...]
[...] Comme nous l'avons vu précédemment, le dessein de Kierkegaard est de se détacher de la mondanité de la publicité donc d'une communication de l'instantanéité, de l'immédiateté, pour se consacrer à l'activité d'un esprit purement subjectif qui produira sa propre réflexion, ses propres schèmes éthiques. Ce travail discursif a pour but de mettre l'individu face à un choix : face au choix d'un Dieu-Homme : voilà expliciter l'hypothèse du Coram Deo, qui vaut mieux et qu'il faut atteindre, (contre un Coram Hominibus, qui est celui d'un mode de communication directe puisque communication d'un objet). Il y a l'expression d'un rejet de la communication généraliste, " de masse" qui est sans contrepartie. [...]
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