Il faut, avant un accord, une dépossession. Quand on est dans des relations d'échange juste, le droit s'impose peut être avant que l'économie n'en dispose. La relation est peut être un acte juridique avant d'être un acte économique.
L'échange vise sa disparition. L'échange vise l'annulation, l'annulation d'un manque, le plein d'un vide. Une fois que ce vide est rempli, on n'a rien fondé on n'a rien créé, l'échange comble. Il vient se situer dans le creux plutôt qu'au sens où il épanouit (combler = être transporté de plaisir, surabondance a priori ce n'est que remplir le vide, rétablir l'équilibre, rétablir un plan, boucher les trous). On finit par être quitte. La finalité de l'échange est la satisfaction des deux qui échangent. L'échange n'a pas d'autre but que l'annulation de ce qui le motivait, l'annulation du besoin. Quand on est quitte on se quitte. L'échange une fois réalisé n'est fondateur de rien d'autre (...)
[...] Dans l'euphorie de la mondialisation, il y a cette idée que tout circule, tout le monde a accès à cet échange multilatéral, permanent et à l'échelle du globe. Il n'y a de flux que parce qu'il y a organisation de flux par des canaux liés à des carrefours. On peut orienter ou réorienter ce qu'on a décidé de véhiculer. C'est le principe du réseau autoroutier, le réseau a commencé avec les transports sous la Monarchie de Juillet en France lorsqu'elle a entamé une politique de grands travaux. [...]
[...] Qu'est-ce qui peut s'inscrire dans la pérennisation du lien ? Il y a quelque chose qui s'oppose à l'échange dans son sens matériel. C'est le don. L'envers de l'échange est le don. On peut se poser la question, avec Marcel MAUSS, si lorsqu'on cherche une source une origine matérielle à la société, au lien, est-ce du côté du don plutôt que de l'échange qu'il faut chercher et de quelle manière le don est fondateur ? Qu'est-ce que ça révèle sur la nature du lien ? [...]
[...] Dans l'échange, on attend le retour, la réciprocité. Dans le don, il y a même au-delà un désir que le retour ne soit pas possible, d'empêcher le retour. Car s'il y a un retour, il n'y a plus de relation : quand on est quitte on se quitte. Si on est satisfait on atteint l'équilibre qui interrompt tout partage avec la personne avec laquelle on a échange. Le don cherche à obliger, d'une manière ou d'une autre. Employant le terme d'obligation, ligare = lier. [...]
[...] Plus de la moitié de la population mondiale n'a pas d'accès au téléphone. On élimine la moitié des êtres humains. Les disparités très nettes d'un état à l'autre pour les lignes de téléphone pour 1.000 habitants : 73 lignes en Norvège lignes en Chine au Niger. C'est la fracture numérique qui commence par l'accès au téléphone. L'accès à la toile quelque chose qui se développe toile d'araignée qui grossit et semble associer le plus grand nombre de personnes, c'est sélectif, ce n'est pas uniforme, pas de texture. [...]
[...] Dans l'échange, il n'y a pas de dette possible. La tribu qui l'emportait était nimbé d'un prestige détentrice d'une autorité sur les autres, en faisant la véritable tribu dominante. Pas de retour donc paradoxalement le lien peut s'établir. Le caractère négatif de ce qui peut nous lier les uns aux autres, ce qui lie au semblable est le besoin, dans un premier temps, quelque chose qui relève du manque du défaut (le fait de vivre ensemble est su signe de dysfonctionnement, d'incomplétude, les hommes vivent ensemble parce qu'ils sont défectueux, ROUSSEAU), puis ce besoin ne suffit même pas à créer le lien, mais plutôt du côté de l'obligation, d'une dette non pas matérielle, quantifiable mais une dette qualitative, immatérielle inremboursable. [...]
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