Le langage nous introduit d'emblée dans un espace symbolique, car parler c'est utiliser des symboles, et en cela il est différent de tous les autres instincts. Le langage nous met en relation avec le monde, mais c'est une relation médiate : on parle de, à propos de… Le langage est visée d'un objet. Mais il est aussi pouvoir de nous rapporter à ce qui n'existe pas (projet, imagination, etc.) alors qu'aucun des moyens par lesquels nous entrons en contact avec le réel ne nous permettrait de le faire. (En effet, nos sens ne nous mettent en contact qu'avec le donné). D'où, bien sûr, le risque du délire, inhérent au langage.
Le risque du mensonge, ou tout simplement, de la distorsion par rapport au réel : les mots inventent, enjolivent... ou détruisent. Une réplique peut être assassine, elle peut blesser, ou consoler et même guérir (thérapies de la parole, psychanalyse). Le langage, qui prend la première place dans tout rapport intersubjectif, est ce qui constitue le rapport à autrui...
Il apparaît donc trois pôles autour desquels devra se structurer toute étude du langage : le moi, le monde, les autres. Dimension sociale, politique, poétique, et cognitive du langage. Nous entendons langage, au sens spécifiquement humain de l'acte. Pourtant, certains affirment que les animaux ont un langage, ou d'autres, qu'il ne leur manque que la parole. Où commence le "langage"?
Le langage, la parole, sont donc largement conditionnés par les rapports sociaux entre les interlocuteurs. Instinctivement, on modifie son langage selon la personne que l'on a en face de nous, plus "haute" ou plus "basse" socialement, pour l'adapter à cette personne. Les procédures d'entrée du langage sont très codées. De même que les mots qui sont dits en introduction : codes précis nous permettent de situer immédiatement le niveau où se situe la discussion. Par exemple si vous êtes abordé dans la rue, dans un café ou autre, vous situez immédiatement les intentions de la personne. De même que ne rien dire est contraire aux codes, et peut générer une agressivité extraordinaire.
Car en fait tout notre corps parle, avec des signes sociaux, des marqueurs, aussi nets que dans les mots. La démarche renseigne tout autant que le vocabulaire. Tout le corps transmet des informations : postures, mimiques, marche à la Aldo Maccione, tremblement de la voix, rougissements, pâleurs, etc.). Contrairement aux mots, le langage du corps ne ment pas. Le corps peut même trahir ce que l'esprit ne voudrait pas dire (la peur, ou le désir). Le corps est extrêmement honnête, car plus simple.
Le seul mensonge du corps c'est au théâtre, au cinéma, il s'agit de dire autre chose que ce que l'on ressent, mais on ne parlera pas de mensonge : le corps renseigne sur ce que l'auteur a voulu dire. Bref, on retrouve donc les mêmes codes sociaux de postures dans le corps et dans le langage, dans les mots. Le langage n'est donc pas «naturel» en ce sens qu'il s'inscrit dans un cadre social. Le langage est appris, de même que les «règles du jeu» sociales qui nous en permettront le maniement au sein d'un rapport à autrui.
D'où vient le langage ? est-il fondamentalement acquis, ou inné ?
[...] Qu'est-ce que notre langage ? Ce n'est pas le langage en général, mais le nôtre . donc celui que nous avons appris : celui de notre pays, de notre groupe social, culturel, etc. Nous naissons dans un monde parlé et parlant . «Nous naissons dans un monde parlé et parlant», affirme MERLEAU-PONTY. C'est-à-dire : un monde de signes, de significations, déjà donnés. Quelle indépendance avons-nous face à ce monde déjà signifié ? Une évidence s'impose : «c'est dans la langue que nous pensons» NIETZSCHE. [...]
[...] En seras-tu capable à mon égard ? Pourras-tu te démunir autant que moi = mise au défi. guerre. Langage de communication entraîne une mise au défi et une notion de don dangereuse. Car je vais m'exposer au changement, à la remise en cause : évolution des concepts qui passent de bouche en bouche ou plutôt de je en je, conscience à conscience, qui amène une évolution de chacun. Mais aussi défi polémique. : rajoute toi-même quelque chose. La discussion est polémique, elle s'achève par le terrassement de l'adversaire, celui qui ne rajoute plus rien. [...]
[...] Implique un péril : le ridicule. Par ailleurs toujours insignifiant malgré soi. Car le contenu du langage s'est déplacé, l'information ne porte que sur celui qui parle et sa volonté d'appartenance à une tribu. Tout langage transmet toujours une information Ne serait-ce que sociale. Donc les dangers du langage sont multiples : - ne pas être compris - L'être trop bien : et se démunir, devenir vulnérable, - Etre ridicule, etc. Il y a donc des "jeux" de langage et chacun est porteur de danger. [...]
[...] (Comme le code génétique dans l'ADN). Nous pouvons tout dire même ce qui n'a jamais été dit et il y a même une très forte probabilité pour que la phrase que nous prononçons n'ait jamais été prononcée par personne avant moi. A condition de respecter certaines règles qui sont celles de la grammaire universelle de l'homme, et qui obéissent à certaines variantes selon les peuples, mais avec de très forts invariants. L'universel c'est ce que Chomsky a appelé la théorie des X barre, car nous avons une superstructure modulaire qui tient en place les mots dans la phrase, pour organiser le sens des idées interconnectées. [...]
[...] C'est l'identifier et l'intégrer à un certain classement, c'est donc aussi accepter la représentation du monde qui lui est sous-jacente. En ce sens, ne doit-on pas s'interroger sur les conséquences des particularités du langage ? Est-ce que la langue dans laquelle nous parlons influence notre "manière de voir", notre façon de penser ? En d'autres termes, sommes-nous prisonniers de notre langage ? III. Dans quelle mesure pouvons-nous affirmer que nous sommes prisonniers de notre langage ? 1. L'hypothèse de structures du langage Nous pouvons déjà évacuer certaines fausses pistes. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture