Vladimir et Estragon attendent Godot.
Le Lieutenant Drogo attend l'invasion des Tartares.
L'attente présente tout de suite une ambigüité paradoxale : l'attente évoque immédiatement la passivité (attentisme) et en même temps l'être qui attend est dans une tension attentive.
Vladimir et Estragon sont sensibles à l'environnement qui les entoure…
[...] Au moment où ils ne s'y attendent plus, les Tartares arrivent et tels qu'on ne les imaginait pas. La réalité est toujours plus riche que ce que l'on imagine d'elle. Si j'attends vraiment, c'est avec l'intuition que la réalité est inimaginable, la réalité dépasse l'imaginable : la réalité est peut-être l'inimaginable. Certes Bouvard et Pécuchet ont des arbres couverts de fleurs : ils se préparent à la récolte. Mais l'inimaginable se produit : la nuit qui précède la récolte, un violent orage détruit toute la récolte. [...]
[...] Il y a certes des récits mythologiques mais ne seraient- ils pas une illusion de l'imagination ? Afin de permettre de créer un ennemi, façon de stimuler. Deux cas sont à distinguer : L'imagination est au cœur de l'attente, car par l'imagination nous dépassons le donné : dans les fleurs l'imagination voit la promesse des fruits. Dans la frontière l'imagination voit un au-delà invisible. Mais l'imagination est faible parce je sais ce qu'il y a dans les fleurs : les fruits viennent des fleurs, phénomène immanent. [...]
[...] L'attente exclut donc l'indifférence. Là où il y a attente, on fait différence : le monde prend du relief. Là où il y attente, il y a visée, désir. La preuve : ne ne pas être attendu est toujours vécu comme une souffrance. J'attends un enfant montre l'importance du désir dans l'attente. Paradoxe : normalement là où il y a désir, pour satisfaire le désir il faut passer à l'action, il faut agir. Ici dans l'attente il y a une simple tension subjective, mais il n'y a pas d'action véritable : on n'agit pas sur le monde pour réaliser le désir. [...]
[...] La vertu de l'attente est la patience (c.-à-d. agir sa passivité, car dans la patience je me retiens, c'est pourquoi pour attendre il faut savoir attendre. L'attente relève d'un savoir donc n'est pas pure passivité). L'attente est la situation et l'attitude d'un être qui désire une altérité caractérisée par une temporalité propre et dont le surgissement ne dépend pas de lui, sauf dans sa capacité à savoir attendre. Tout vient à point pour qui sait attendre. Cette passivité n'est pas si passive que cela. [...]
[...] L'attente ne serait-elle pas le véritable désir ? Car pour qu'il y ait désir, je ne peux désirer que ce qui est autre. Ce qui n'est pas autre n'est pas véritablement désirable. Quand j'agis pour réaliser mon désir, mon désir est à ma portée donc ce n'est pas vraiment un désir : le désir le plus élémentaire est par là l'eros. Ce que je désire n'est pas si désirable que cela si c'est à ma portée. Si ce que je désire ne dépend pas de moi, cela montre que c'est là le véritable désir. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture