Employé le plus souvent aujourd'hui pour désigner la création artistique et fréquemment associé à la notion de beauté, le terme d'« art » renvoie, par son étymologie (le latin ars est la traduction du grec technè), au savoir-faire technique visant la production de quelque chose d'utile. Aussi le terme d'art a-t-il englobé, jusqu'à l'époque moderne (grosso modo jusqu'au XVIIIe siècle) l'activité de l'artiste et celle de l'artisan.
Nous nous intéresserons, aux conditions à la fois historiques et conceptuelles qui ont permis l'émancipation du beau à l'égard de l'utile, de l'activité artistique vis-à-vis de l'activité technique. Cette émancipation signifie-t-elle pour autant un divorce entre le beau et l'utile, entre l'art et la technique ? L'art est-il sans utilité ?
Les objets techniques sont-ils sans beauté ? N'y a-t-il pas de l'art dans la technique et de la technique dans l'art ? Si, toutefois, la beauté reste la visée propre de l'art (perspective que rejettera cependant l'univers contemporain de l'art), que faut-il entendre, au juste, par beauté ? Y a-t-il des critères objectifs de beauté, ou bien la beauté est-elle liée à un sentiment subjectivement éprouvé ?
Mais, dans ces conditions, le jugement esthétique n'est-il pas irrémédiablement subjectif et, comme tel, relatif à chacun ? Peut-on pour autant se contenter, en matière d'art et de beauté, d'un relativisme intégral communément exprimé dans des formules du genre : « A chacun ses goûts » ou « des goûts et des couleurs on ne discute pas » ? Telles sont les questions auxquelles l'analyse kantienne du jugement esthétique nous permettra de répondre.
[...] Ainsi que le souligne André Malraux, les valeurs esthétiques sont entrées dans le monde du jour où, cessant d'opposer la statue du vrai Dieu à une idole on a su admirer deux statues Nombre d'œuvres d'art ont aussi une fonction et une utilité sociale ou politique. C'est dans cette perspective que Sartre définit la fonction de l'écrivain en termes d'engagement. Pensons, outre aux œuvres romanesques et théâtrales de Sartre lui-même, à Zola qui, dans Germinal, sous couvert d'un réalisme descriptif, dénonce l'injustice d'un système économique et politique fondé sur l'exploitation de l'homme par l'homme. Par-delà la description de ce qui est, Zola fait apparaître ce qui doit être : un ordre social plus juste incarné par le personnage Etienne Lantier. [...]
[...] Le Vrai appartenant à la sphère absolue de l'Esprit, la vérité de l'art ne saurait résider ailleurs que dans son contenu spirituel. Et tel est précisément le statut de l'art que de manifester ce contenu à travers des formes sensibles empruntées à la nature. La nature n'est donc pas l'objet de l'art ; elle n'en est que le dictionnaire ou le répertoire, au sens où l'Esprit s'exprime, dans l'art, à travers des formes naturelles. En cela l'art est le premier moment par lequel l'Esprit advient à lui-même, prend conscience de lui-même et se reconnaît par le biais de sa propre objectivation dans une réalité extérieure à lui. [...]
[...] L'artiste, en somme, est celui qui nous enchaîne au fond de la caverne et, tel un charlatan, nous fait prendre des vessies pour des lanternes. Et pourtant, que la vérité de l'art doive être recherchée dans sa nature et sa fonction imitative, c'est ce que les artistes eux-mêmes, et à toutes les époques, ne cessent d'affirmer. L'œil de l'artiste, déclare Léonard de Vinci, doit se rendre semblable à miroir ; L'art, souligne Ingres, n'est jamais à un aussi haut degré de perfection que lorsqu'il ressemble si fort à la nature qu'on peut le prendre pour la nature elle-même Considérons, par exemple, les tableaux des peintres hollandais du XVIIe siècle : Vermeer de Delft, Rembrandt, Van Goyen, W. [...]
[...] Nous nous intéresserons, dans une première partie, aux conditions à la fois historiques et conceptuelles qui ont permis l'émancipation du beau à l'égard de l'utile, de l'activité artistique vis-à-vis de l'activité technique. Cette émancipation signifie-t-elle pour autant un divorce entre le beau et l'utile, entre l'art et la technique ? L'art est-il sans utilité ? Les objets techniques sont-ils sans beauté ? N'y a-t-il pas de l'art dans la technique et de la technique dans l'art ? Si, toutefois, la beauté reste la visée propre de l'art (perspective que rejettera cependant l'univers contemporain de l'art), que faut-il entendre, au juste, par beauté ? [...]
[...] En nous montrant comment les choses viennent à être, c'est-à-dire à apparaître, l'art nous fait assister à la naissance du monde. Il nous le présente à l'état naissant, comme à son premier matin. Bibliographie PHILO ABC, Charlotte Youdale, pag 150 315. [...]
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