Cours de Philosophie sur le sujet de l'Art dispensé en classe de Terminale.
[...] Ce sont des langages, des arts de la combinaison, de la composition de signes et de formes. Il peut arriver à la musique de reproduire instrumentalement le son de tel phénomène réel, comme la tempête ou une bataille mais c'est de manière marginale, comme les onomatopées dans le langage. la mer le vent dans la plaine sont les thèmes de composition de Debussy ; mais elles ne reproduisent bien évidemment pas ces éléments naturels, elles les transfigurent, en sont l'évocation, non l'imitation. [...]
[...] Et en ce qui concerne la création artistique elle-même, il serait intéressant de se demander en quoi elle se différencie du travail de l'ouvrier, de l'artisan. Ne pourrait-on pas parler simplement du travail de l'artiste ? Inversement, n'y a-t-il aucun élément de création dans le travail non-artistique ? Il y a en effet un aspect artisanal de la création, même à l'intérieur des Beaux-Arts. L'artiste façonne un matériau, travaille avec des outils, il impose une forme et donc un sens L'artiste a donc besoin de maîtriser des techniques, et ces techniques, il lui faut les apprendre. [...]
[...] Regarder, c'est garder , disait le philosophe Merleau-Ponty (1908- 1961). En ce cas, le peintre ne fait que regarder le monde, d'un regard qui, loin de l'enregistrer passivement, le recrée, le rend méconnaissable pour qu'enfin on le voie. Il aura rendu le monde visible, une visibilité de second degré, non celle du monde brut, mais celle du monde regardé et surtout réfléchi par son regard Or, si la tâche de l'art est de rendre visible c'est peut-être bien que la réalité du monde ne réside pas dans son aspect. [...]
[...] Par contre, si l'on me dit comment je dois peindre , composer, écrire ou bâtir, alors là c'est autre chose , là il n'y a plus de liberté et donc, je le répète, plus Art Et ce qui amène une remarque importante : l'art n'est pas dans les thèmes mais dans le style, dans la forme mais pas dans le fond . - l'art comme langage L'art a une fonction d'ornementation de la vie. Il a été défini pendant des siècles par la recherche du Beau par la production d'œuvres Belles ; d'où l'expression Beaux-Arts Le mot ne s'impose qu'au début du 18ème siècle mais l'attitude intellectuelle existe dès la Renaissance, et on en trouve déjà des traces chez les romains et les grecs. De ce point de vue là, l'art est un luxe. [...]
[...] Nous dirons que c'est à la fois un gain et une perte. C'est un gain parce que cela a permis à l'art d'atteindre des niveaux qu'il n'aurait jamais atteint sans cette sorte de spécialisation, de professionnalisme ; mais c'est aussi une perte parce qu'à partir du moment où l'artiste existe, il est chargé, et lui seul, de créer, d'établir le lien entre l'imaginaire et le réel, il est chargé de l'ébauche du Beau pendant que la grande majorité des hommes sont voués à la vie matérielle et à l'utile, et deviennent donc plus ou moins infirment sur le plan de la capacité créatrice et de l'imagination dont-ils avaient eux aussi vraisemblablement la potentialité. [...]
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