Dante, p. 53 (39) du dossier cité par Hannah Arendt, très inspirée par la praxis d'Aristote : « Car en toute action, l'intention première de l'agent, qu'il agisse par nécessité de nature ou volontairement, est de révéler sa propre image ; d'où vient que tout agent, en tant qu'il agit, prend plaisir à agir puisque tout ce qui est désir son être et puisque dans l'action, l'être de l'agent est en quelque sorte intensifié, le plaisir suit nécessairement… Donc rien n'agit sans rendre patent son être latent. »
L'action n'existe pas en elle-même, l'acte n'est sûrement que le résultat ultime, c'est une dynamique qui suit une intention (nécessité de nature ou volonté), il y a une source qui lui donne son sens. Dante explore ici le fait que l'acte est en fait la révélation de l'être, le véritable homme est donc dans l'action et non dans l'intention. C'est pour dire que l'intention sans l'action n'est rien et que l'action sans l'intention non plus. C'est l'agir qui nous révèle notre existence, nous ne serons vraiment que dans l'action. L'action promeut la personnalité, ce n'est pas un aspect de notre existence, c'est le tout de notre existence. C'est donc une théorie de l'homme qui est en jeu dans le thème de l'action.
On peut considérer que le mot action est ici mélioratif, l'action révèle, elle n'est pas une impasse.
Fichte : « agir, agir, voilà pourquoi nous sommes ici-bas ! ».
Philosophe Allemand du début du XIX°, c'est un philosophe du sujet, qui s'intéresse à notre conscience, il est aussi contemporain du romantisme. Se rapproche du Faust de Goethe : « au commencement était l'action », der Tat. Frénésie romantique des symphonies de Beethoven, des tableaux de Delacroix. L'ici-bas fait apparaître un au-delà mais au contraire de certaines religions, on est appelé à agir et non à la contemplation. Encore une fois, c'est l'action qui nous donne notre sens, si nous en avons un, l'action est donc un mouvement vital, un dynamisme existentiel.
Maurice Blondel, l'Action (1893), dossier 41 à 43. « C'est dans l'action qu'il va falloir transporter le centre de la philosophie parce que là se trouve aussi le centre de la vie. Si je ne suis pas ce que je veux être, ce que je veux, non des lèvres, non en désir ou en projet, mais de tout mon cœur, par toutes mes forces, dans mes actes, je ne suis pas. »
Idée de l'importance capitale de l'action, qu'il fait synonyme de la vie. C'est à partir de quoi l'on peut comprendre la vie même. Mais on sent bien aussi une nouveauté, la philosophie a été ailleurs, dans la réflexion, dans la pensée, la méditation, avec quelques méfiances pour l'action. Il appelle donc une philosophie active, qui veut traiter de l'action et en faire une philosophie active.
L'acte n'est qu'une partie de l'action, elle va de l'intention, la délibération, tout le processus qui y amène et enfin l'acte. Il y a des oppositions, la parole et l'action, la première pouvant être mensongère… Opposition projet et action, qui reste une ébauche, une rêverie. C'est le cœur, lieu de la sensation et de la sensibilité, centre de la personnalité. L'action est donc une continuité, infinie ?
Les penseurs contemporains ont voulu changer la pensée pour la rapprocher de la matière, Marx : les philosophes contemplaient, il faut maintenant changer, agir. Nietzsche, Freud qui a fait d'une partie de la philosophie une application médicale, appliquée à l'homme. D'autre avant s'en était pris à la pensée abstraite, rationnelle. Les mystiques leur reproche d'avoir oublié la prière.
Aujourd'hui, une idéologie se répand : il faudrait opposer la pensée, la culture, l'art à l'action. « Assez pensé », on oppose la réflexion, la pensée à l'action, qui doit s'en méfier, l'action devrait être prise par des hommes résolus face à des penseurs.
Il faudrait peut-être au contraire penser la complémentarité de ces deux entités. En effet, à suivre ce préjugé, l'action devrait se séparer de la pensée, qu'elle soit irréfléchie, mais qu'est ce alors ? De l'activisme, de l'agitation ? Une préparation intellectuelle est indispensable. La pensée est réduite à une compétence utilisable. Tout est jugé par sa rentabilité immédiate.
La culture a un rôle à jouer dans l'action. Elle permet d'éviter la folie, créer une temporalité pour se détacher du culte de l'instant présent. Seule la culture peut conserver une mémoire, une unité. Qui peut dire que la culture fuit l'action ? Platon a présenté au tyran de Syracuse ses idées, Aristote a été le précepteur d'Alexandre, Machiavel un diplomate de Florence, Descartes correspondaient avec la reine de Suède, Sartre en politique après 1945, aujourd'hui aussi. Le geste d'écrire, de dire, est un geste à part entière, Socrate, par sa mort, fait de sa philosophie une réalité dont il faut se souvenir. Montaigne fut diplomate, Chateaubriand ministre des affaires étrangères, Zola pour l'affaire Dreyfus, la révolution prend ses racines chez les philosophes. Vaclav Havel était dramaturge, les penseurs qui parlent donc de l'action agissent sur les autres et prennent parfois part à l'action de la vie politique.
Le dialogue entre la culture et l'action a l'avantage de faire naître sous un autre jour des aspects capitaux de notre existence. Déterminisme ? Liberté ? Suis-je strict maître de mes actes et de mes pensées ? Mais aussi la relation corps et âme, l'action me fait réfléchir et je réfléchis à mes actions. L'action lie aussi l'individu et le groupe, action collective ? Action pour les autres ? Qu'est ce qu'une action individuelle ? L'action et le temps, l'action et l'espace, c'est l'action qui nous fait comprendre le temps, vivre l'espace.
[...] Dans ce cas-là, il est équivalent à l'intrigue, au scénario, on parle de l'unité d'action. Film d'action, nœud de l'action. Ce sens artistique peut-être en dérive du sens principal. Mais n'est-ce pas le contraire ? Sartre s'en prend souvent à l'inauthenticité de ceux qui jouent un rôle, les Salauds qui vivent un rôle tout écrit. Il faudrait au contraire inventer l'action. Sacha Guitry : tous les hommes sont des acteurs, sauf quelques bons comédiens. Qu'en est-il de l'action et de sa représentation ? [...]
[...] Mais ce n'est pas de l'inaction. La posture du moine le montre concentré sur son ouvrage, il est au second voire troisième plan, c'est un autre climat. Nous ne sommes pas de plain-pied, il faut passer une marche et elle est défendue par un chien tranquille et un lion paisible, serein, qui semble communiqué par le sage. Il y a des livres, des coussins qui donnent un côté convertible. Les culs de bouteille sont un chef-d'œuvre. On retrouve un sablier et un crâne qui sont alignés avec un crucifix. [...]
[...] La communauté serait constituée par l'action plutôt que déjà jouée. Mais à travers ce réseau de dons, nous sommes en quelque sorte constitués. Ce serait par la détermination sociale et communautaire que nous allons agir. Il s'agit de la pensée structuraliste : nous sommes pris dans des structures plutôt que nous les constituons. On pourrait imaginer que l'humanité que nous avons tous en partage nous amène à agir de façon comparable, analogue, similaire aux autres. A partir du moment où nous sommes homme, nous avons en nous une certaine capacité à penser, parler et peut-être une capacité à constituer une communauté : la communauté ne serait pas un acquis, mais un donné. [...]
[...] Ici, l'action est synonyme d'acte. Ce serait alors une ambiguïté qu'il existe dans le mot production, création. On se concentre sur le résultat. La B.A., bonne action, opposée à la mauvaise action. Le plan moral est très important, Platon et Socrate : Nul n'est méchant volontairement. Je cède au contraire à mes mauvais penchants. C'est à travers l'acte que transparaît l'intention. L'action est la phase limitée d'une lutte, d'un combat, par exemple, un fait de guerre localisé Ensemble de manifestations volontaires et coordonnées de l'activité d'un groupe social et vers un but déterminé. [...]
[...] Vision de Arendt : la praxis a un sens plus étroit, essentiellement moral (pardon, promesse) et politique (participation au débat). Praxis a un dernier sens, dans l'opposition à la théoria : travail du monde, rapport au concret, que ni la morale ni la politique n'abordent. On envisagera la vision d'Arendt, mais au niveau pratique, morale et politique n'étant pas que théoriques, possibilités de bien agir, mais comme un bien agir en acte. Le Tyran n'agit pas. Le sensible, les passions sont prisons. Il s'agit de s'élever vers le juste, le beau, le bien. [...]
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