Dans ce texte, Bertrand Russel pose le problème de la valeur de la philosophie. En effet, la philosophie est souvent contestée soit pour son inutilité soit pour son langage hermétique, réservé aux intellectuels. Elle n'est pas considérée comme une discipline indispensable, au même titre que les sciences par exemple.
Or, Russel non seulement établit la valeur de la philosophie, mais il le fait sur un paradoxe : « la valeur de la philosophie doit en réalité surtout résider dans son caractère incertain même. » Comment convaincre un lecteur de la crédibilité d'une discipline en exposant tout d'abord ses limites ? Ainsi, le rôle du doute comme méthode est clairement affirmé. En ce sens, Russel s'inscrit dans la lignée de René Descartes, mais il renouvelle la conception de l'utilité et de la finalité de la philosophie en démontrant qu'elle est à la fois une attitude de pensée et une attitude existentielle.
[...] L'attitude philosophique est donc l'attitude d'une conscience individuelle engagée dans l'histoire, qui vise l'esprit critique par l'intermédiaire d'une méthode. Elle ne prend rien pour acquis. Toute idée, toute pratique, tout comportement doivent être passés au crible de l'analyse rationnelle. De ce fait, la philosophie a un côté subversif, qui, par le biais, de la remise en question des lieux communs et des réflexes politiques conservateurs conduit à ouvrir des possibilités nouvelles de compréhension du monde. -La philosophie est aussi pour Russel une attitude existentielle, une discipline libératrice qui permet de combattre la tyrannie de l'habitude et les modes de vie superficiels ou imposés par des règles sociales ou culturelles. [...]
[...] Ainsi, une vie sans philosophie entraine une existence dépendant de la pensée commune, et donc limitée à la fois dans sa compréhension du monde et dans sa possibilité d'innover. Elle fait aussi le lit du dogmatisme, voire du totalitarisme ou de la soumission parce que les gens n'ont pas d'esprit critique et ne peuvent pas mettre à distance les vérités qu'on leur assène (via la propagande par exemple) ou les modes d'organisation sociale qu'on leur impose (rapports hiérarchiques, inégalités hommes femmes, etc.). [...]
[...] Ainsi, Russel montre que la philosophie entraîne à se poser des questions et à s'étonner de ce qui nous entoure : elle est un moyen de donner du sens à l'existence. La valeur de la philosophie selon lui renvoie donc aux dimensions les plus fondamentales de l'existence de l'homme. Bertrand Russel est un rationaliste, et en cela se situe dans la lignée de Socrate et de Descartes. Le concept philosophique de raison est né en même temps que la philosophie elle-même, chez les présocratiques grecs. [...]
[...] Ce concept de raison apparait comme l'élément discriminant de la vie avec ou sans philosophie, mis en valeur par sa place dans le texte où il conclut le premier paragraphe. A ce sujet, on peut établir un parallèle entre la thèse de Russel et l'allégorie proposée par Platon, dite du mythe de la caverne où les hommes prisonniers de leurs illusions –qu'ils prennent pour des réalités-, ne cherchent pas à en découvrir la Vérité. La philosophie serait donc un moyen de rechercher l'essence de ce que nous percevons, afin d'accéder à la réalité. [...]
[...] "La valeur de la philosophie doit en réalité surtout résider dans son caractère incertain même", Bertrand Russel Texte à étudier La valeur de la philosophie doit en réalité surtout résider dans son caractère incertain même. Celui qui n'a aucune teinture de philosophie traverse l'existence, prisonnier de préjugés dérivés du sens commun, des croyances habituelles à son temps ou à son pays et de convictions qui ont grandi en lui sans la coopération ni le consentement de la raison. Pour un tel individu, le monde tend à devenir défini, fini, évident ; les objets ordinaires ne font pas naitre de questions et les possibilités peu familières sont rejetées avec mépris. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture