Théorie des sentiments moraux, Adam Smith, 1759, question de l'utilité, David Hume, utilitarisme, notion de beauté, production de l'art, jouissance d'un objet, Blaise Pascal, philosophie de la santé, inconscient, nature, Emmanuel Kant, humanité
Smith était très éloigné des positions que la fin du siècle va appeler utilitaristes. La désignation serait, de toute façon, anachronique appliquée à Smith ; elle n'est pas non plus bien fondée : l'utilité n'est pas le principe exclusif de la morale et de la politique. Elle n'en joue pas moins un rôle que Smith pense à partir d'une critique de l'usage fait par Hume de la notion d'utilité. Paradoxalement aux yeux de ceux qui n'ignorent pas l'utilitarisme, qui sera tellement critiqué au XIXe siècle pour avoir négligé les valeurs esthétiques, la notion d'utilité telle qu'en hérite Smith est directement liée à la notion de beauté. Une portion du titre du chapitre I de la quatrième partie que nous nous proposons d'étudier aujourd'hui est De la beauté que l'apparence de l'utilité confère à toutes les productions de l'art.
[...] Il serait faux de dire que Smith ne s'en occupe absolument pas. Mais la seule chose qu'il attend du reste, c'est le travail pour que la plus-value puisse se constituer toujours alimentant ce qu'il appelle lui-même le système ; et qu'il accepte une hiérarchie au moins qualitative, car pour la quantité, l'égalité est presque respectée. La deuxième conclusion consiste à revenir sur la distinction de la générosité, de l'humanité et de l'esprit public. Le chapitre qui suit celui que nous avons analysé s'attarde sur la question. [...]
[...] Comme à l'ordinaire, on trouve, chez Smith, le pointage minutieux de l'objet et du glissement de l'objet. La critique de Hume touchant l'utilité Hume avait vu que l'utilité comptait parmi les principales sources de la beauté. Une maison nous paraît belle si sa disposition et les matériaux qui la constituent permettent d'y vivre bien. Smith prend l'exemple d'une machine ou de ce qu'il appelle un système. Nous avons un sentiment de beauté lorsque nous saisissons que les pièces et les rouages, les éléments et les relations conviennent à la fin pour laquelle cette machine ou ce système ont été conçus. [...]
[...] De ce point de vue, et quoiqu'A. Smith ne cherche nullement à promouvoir directement une éthique du calcul, il est tout de même plus proche de celle-ci que d'une éthique à la logique généralisante : Quand un philosophe entreprend d'expliquer pourquoi l'humanité est approuvée, ou la cruauté condamnée, il ne forme pas toujours pour lui-même, de manière claire et distincte, la conception d'une action particulière de cruauté ou d'humanité, mais il se contente communément de l'idée vague et indéterminée que les dénominations générales de ces qualités lui suggèrent. [...]
[...] Hume montre que la loi ne peut pas permettre des actes de générosité, même s'ils semblent ponctuellement justes ; de même donner un héritage à une famille dans le besoin vaudrait mieux que le donner à un riche avare qui n'en fera rien, mais la loi exige de donner à celui qu'elle désigne comme l'héritier légitime ce qui lui est dû. Faute de quoi la loi disparaîtrait immédiatement. Une vue globale du système et de son fonctionnement ne signifie nullement un intérêt au bonheur de chaque individu qui agit dans ce système ou le subit. Il existe un intérêt du système pour lui-même qui l'emporte sur l'intérêt du bonheur de chacun que le politique ou l'administrateur n'a pas nécessairement en tête. [...]
[...] Cette remarque rejoint ce que notait déjà Hume : le chasseur n'a que faire de manger le gibier qu'il a tiré ; c'est de l'avoir tiré qui l'intéresse. En d'autres termes la jouissance n'a pas grand-chose à voir avec l'utilité
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