Dans ce texte, Spinoza cherche à démontrer que l'illusion de la liberté repose en définitive sur une méprise : l'homme se sent cause de son action, mais il ignore les causes qui le déterminent. L'homme croit donc être un agent libre puisque la liberté n'est rien d'autre que la production d'une série causale. En effet, la volonté est libre si elle est cause de mon action sans être elle-même déterminée à agir de telle ou telle manière par une cause supérieure. Certes, je ne décide pas de mes désirs : les désirs s'imposent à moi. C'est en ce sens que Spinoza affirme qu'il « n'est rien que les hommes puissent moins faire que de gouverner leurs désirs ». Or, si je ne suis pas libre quand j'obéis à mes désirs, il s'ensuit que je suis libre quand je peux y résister, c'est-à-dire quand le désir lui-même n'est pas trop impétueux : c'est là
l'opinion habituelle. La plupart des gens croient donc qu'il suffit, pour maîtriser un désir pas trop violent, de se rappeler les désagréments qu'on a éprouvés la dernière fois qu'on y a cédé. En sorte que nous ne sommes pas libres de dominer tous nos désirs.
Or, cette opinion est indéfendable, comme le montre Spinoza dans la seconde partie du texte. On a tous commis des actes qu'on a ensuite regrettés, que ce soit pour leurs conséquences désastreuses ou par mauvaise conscience. Souvent donc, « nous voyons le meilleur et faisons le pire » : nous savons ce qu'il faudrait faire, ce qui serait soit utile pour nous, soit moralement recommandable ; et cependant, nous ne pouvons nous y résoudre, et faisons tout le contraire. Comment alors affirmer que nous avons toujours la liberté d'agir contre nos désirs ? (...)
[...] Telle est alors bien la condition naturelle et ordinaire de l'homme : la servitude passionnelle, et non pas la liberté. Mais si, au lieu de rester ignorant des déterminations qui pèsent sur moi, je faisais l'effort de les connaître, que se passerait-il alors en moi? Je saurais en vérité pourquoi je fais ce que je fais, et de nouvelles idées naîtraient alors en mon esprit : non plus ces idées confuses et mutilées que Spinoza appelle dans l'Éthique les idées inadéquates toujours issues des affections que je subis, mais des idées adéquates issues quant à elles de la seule force de ma puissance de penser et de connaître. [...]
[...] Plan Texte Introduction La dynamique du texte L'illusion de la liberté Le déterminisme I. Analyse détaillée du texte Le désir et la liberté Nous ne sommes pas libres de désirer ce que nous désirons Le sentiment intérieur de la liberté La difficulté de résister à la tentation Le jouet du déterminisme La puissance du désir L'expérience du remords vient démentir le sentiment de la liberté Critique du libre arbitre L'explication de cette illusion L'homme a conscience de ses désirs . [...]
[...] C'est à cette question que répond Spinoza dans la dernière partie du texte. La position de Leibniz Leibniz, dans ses Essais de Théodicée, affirme que la liberté d'indifférence est une pure fiction. Le cas de l'âne de Buridan, dit-il, est une fiction qui ne saurait avoir lieu dans l'univers, dans l'ordre de la nature Il y aura toujours bien des choses dans l'âne et hors de l'âne, quoiqu'elles ne nous paraissent pas, qui le détermineront à aller d'un côté plutôt que de l'autre Il en est de même pour l'homme qui, quoique libre, ce que l'âne n'est pas, ne saurait se trouver dans le cas d'un parfait équilibre entre deux partis Et seul un ange ou Dieu pourrait toujours rendre raison du parti que l'homme a pris, en assignant une cause ou une raison inclinante qui l'a porté véritablement à le prendre». [...]
[...] Aussi absurde est une liberté s'affirmant par le choix de l'erreur ou du mal puisqu'elle le fait pour cette raison que c'est un bien de témoigner ainsi de sa puissance. Il y a donc une raison pour se déterminer contre la raison, de sorte que le choix est toujours déterminé. Il faut donc s'en tenir au principe de raison suffisante qui veut que rien n'est sans raison». Et s'il est vrai que nous ne sommes pas toujours conscients des véritables déterminations de nos actes, l'affirmation de la liberté à partir du sentiment intérieur que nous en avons se révèle illusoire. [...]
[...] Parce que le lâche se met à courir, il croit qu'il aurait pu rester sur le champ de bataille; c'est tout simplement parce qu'il ignore que sa volonté elle-même est enchaînée à ses désirs, qui sont autant de causes qui nous déterminent. I. Analyse détaillée du texte 1. Le désir et la liberté Nous ne sommes pas libres de désirer ce que nous désirons. Pour Descartes, la liberté de notre volonté se connaît immédiatement, sans preuves par la seule expérience que nous en avons».Nous en faisons l'expérience en particulier dans le doute. [...]
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