Pascal est un moraliste chrétien qui outre ses tentatives d'amener le laïc à la foi chrétienne, prolonge tout un héritage de pensées sur la place de l'Homme et sa condition en y incorporant la dimension religieuse indispensable selon lui au salut de l'Homme. Selon Pascal, la vraie religion doit répondre des contrariétés qui sont en l'homme ; c'est en connaissance de sa double condition, à la fois misérable et pleine de grandeur que l'Homme doit se soumettre aux vérités divines, seules certitudes face à la précarité des vérités humaines. Dans la liasse, Le souverain bien et Morale chrétienne Pascal traite d'une définition différente du véritable souverain bien associé à la foi chrétienne. Celle-ci est alors perçue comme un élément à la fois constitutif et d'une union salvatrice des hommes au sein d'un corps mystique, figure de Jésus Christ.
[...] Tout comme l'homme qui aspire au bien et au retour à sa condition originelle, les sociétés des hommes aspirent à ce bien. Sans la prétention d'arriver au modèle de la cité de Dieu, les préceptes de la morale chrétienne se présentent comme une des meilleures voies possible données l'homme pour atteindre le bonheur et la paix sociale. Contrairement à l'utopie qui se définit comme une réalité idéale et sans défaut, la vision pascalienne d'une république chrétienne contient quelques nuances. Pascal dans sa pensée rend réalisable le souverain bien à l'échelle individuelle et collective, mais n'exclut pas les faiblesses de l'humanité. [...]
[...] Un vide infini réside en l'homme témoin de sa vanité constitutive. Ce vide serait alors la trace d'un bonheur passé, enlevé à l'homme. Cette quête bonheur pourrait se définir parallèlement à cette intuition du divin due à la chute de l'homme du paradis originel et du retrait brutal de la grâce divine. Pour remplir ce gouffre infini et retrouver sa condition originelle, l'homme se tourne vers toute une multitude de cultes ou d'objets hétéroclites à la portée de sa raison comme l'énumère Pascal dans sa liasse ; insectes, veaux, serpents, fièvre, peste, guerre, inceste Dépourvu du véritable bien, l'homme dans son état d'ignorance et d'égarement cherche le bien dans des objets insuffisants, voire totalement contraires à son bonheur. [...]
[...] Il s'agit ici avant tout non d'une pure contradiction, mais d'un contrepoids salvateur pour l'homme. Sans la conscience de ses faiblesses, mais aussi de sa grandeur, l'individu sombrera dans la misère ou dans l'orgueil. L'incarnation est un exemple très parlant au sujet de cette ambivalence ; elle souligne à la fois la misère de l'homme du fait que Dieu par amour ait dû s'incarner en homme pour le sauver, mais montre également d'un autre côté la proximité entre Dieu et l'homme qui doit se conformer au modèle divin. [...]
[...] Pour Pascal ces idéologies omettent les contrariétés de l'homme en oubliant qu'il peut être grand, mais aussi misérable. Le véritable souverain bien n'est pas accessible à l'homme sans le support de la religion, contrairement aux idées de la doctrine stoïque. La grâce divine retirée à l'homme lors de sa chute a laissé à l'homme un vide infini, le condamnant à l'égarement et la concupiscence, mais il garde en lui cependant ce souvenir de son ancienne condition vers laquelle il tend désespérément. [...]
[...] La perfection requise par la morale chrétienne est rendue difficile à atteindre par la corruption de l'homme. La concrétisation de la morale chrétienne suppose l'application de ces préceptes, mais pas seulement, elle suppose également l'adhésion spirituelle de ses membres, une soumission sincère envers Dieu contrairement à la dévotion qui ne s'en tient qu'aux formes selon Pascal. Ainsi, la corruption de l'homme, la diversité des sociétés et des moeurs, la volonté de croire en Dieu et d'agir selon lui sont des exigences qui rendent très difficiles voir impossibles la réalisation de cette morale chrétienne. [...]
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