L'auteur aborde d'abord dans ce texte le thème fondamental de l'existence humaine, du statut du sujet vis-à-vis du monde. Surgit alors l'interrogation : « Qu'est ce que l'existence humaine et quels rapports l'homme entretient-il avec le monde ? » Merleau-Ponty soutient la thèse selon laquelle : « l'existence au sens moderne, est le mouvement par lequel l'homme est au monde, s'engage dans une situation physique et sociale qui devient son point de vue sur le monde » (l.19 à 22).
En d'autres termes, pour lui, l'homme est à faire et n'est que ce qu'il fait. Son existence, loin d'être figée, s'inscrit dans une dynamique du choix, de l'engagement, qui détermine sa condition. En vue de démontrer son affirmation, l'auteur développe une logique argumentative rigoureuse, qu'il nous incombe de mettre à jour.
[...] Enfin, de la ligne 23 à 32 il s'agit pour lui de montrer toute l'ambigüité de l'engagement humain, qui repasse sur une liberté restrictive avant de conclure sur les rapports sujet/objet. Dans un premier temps, Merleau-Ponty oppose deux conceptions particulières de l'existence humaine que sont les existences en soi et pour soi D'une part, il décrit le mode d'être des choses, à savoir l'en-soi, qui définit les objets par leur présence prosaïque au monde. Cette situation entièrement analysable par la science fait de l'homme une chose entre les choses l.7, concours de multiples influences. [...]
[...] Il en va de même pour l'homme qui se croit libre alors qu'il ne l'est pas. Que penser dès lors de la théorie de Merleau Ponty, pour qui l'homme s'engage librement, au prix d'une autre liberté écartée? Elle n'est valable que si l'on admet la liberté, le libre arbitre de l'homme comme une vérité indubitable. Toutefois, à d'autres égards, le texte s'avère performant. Il dépasse notamment le cadre contraignant du cogito cartésien, replié sur lui-même. Cette solitude, appelée solipsisme entraine un dualisme entre l'objet et l'homme, le monde et l'homme. [...]
[...] Tout engagement est ambigu, puisqu'il est à la fois l'affirmation et la restriction d'une liberté: je m'engage à rendre ce service, cela veut dire à la fois que je pourrais ne pas le rendre et que je décide d'exclure cette possibilité. De même mon engagement dans la nature et dans l'histoire est à la fois une limitation de mes vues sur le monde et ma seule manière d'y accéder, de connaître et de faire quelque chose. Le rapport du sujet à l'objet n'est plus ce rapport de connaissance dont parlait l'idéalisme classique et dans lequel l'objet apparaît toujours comme construit par le sujet, mais un rapport d'être selon lequel paradoxalement le sujet est son corps, son monde et sa situation, et en quelque sorte, s'échange. [...]
[...] C'est notamment le cas du déterminisme dont Spinoza est la figure emblématique. Pour lui, tout dans l'Univers est soumis à la nécessité : tout phénomène a une cause et est donc déterminé. Aussi l'homme obéit-il à cette loi souveraine et ne se soustrait-il pas à la règle. L'homme n'est pas un empire dans un empire dit Spinoza dans l'Ethique. Le libre arbitre humain n'est pas. Quant à l'illusion qu'on en il la définit comme notre ignorance des causes qui nous poussent à agir. [...]
[...] "Sens et Non Sens", Merleau Ponty (1945) - "Tout engagement est ambigu, puisqu'il est à la fois l'affirmation et la restriction d'une liberté" "Il y a ( ) deux vues classiques. L'une consiste à traiter l'homme comme le résultat des influences physiques, physiologiques et sociologiques qui le détermineraient du dehors et feraient de lui une chose entre les choses. L'autre consiste à reconnaître dans l'homme, en tant qu'il est esprit et construit la représentation des causes mêmes qui sont censées agir sur lui, une liberté acosmique. [...]
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