Héritier de l'école anglaise du XVIIe siècle, David Hume poursuit les travaux des empiristes Locke et Berkeley. Son originalité est d'examiner plus précisément que ses prédécesseurs les notions de substance et de causalité. Hume (1711-1776) naît en Écosse. Issu de la petite noblesse, il s'inquiète de satisfaire sa passion pour la littérature, la philosophie, et son goût pour l'érudition. Selon la volonté de sa famille, il entame des études de droit, avant de se tourner vers les lettres classiques et la philosophie. La vie pratique lui convient mal et il n'y trouve pas sa voie ; s'il change souvent d'occupation, son ambition littéraire reste constante.
[...] Puisque la morale a une influence sur les passions et donc sur les actions, et puisque la raison n'a pas ce pouvoir, on concevrait mal que la morale provienne de la raison. À ceux qui nieraient que la raison est sans influence sur les passions Hume répondra qu'un principe actif ne peut jamais se fonder sur un principe inactif (p. 572). La conscience morale est un principe actif, dans le sens où elle influence nos actions, et s'oppose par là au raisonnement La passivité de la raison 8 à 10) Pour démontrer plus précisément la passivité de la raison, Hume amène un argument : la raison peut découvrir la vérité ou l'erreur, jamais la vertu ou le vice. [...]
[...] Ici aussi, l'erreur est envisageable : le raisonnement peut conduire à des jugements erronés qui ne découvriront pas les moyens de satisfaire la passion. Comme les jugements qui touchent les passions peuvent conduire à la vérité ou à l'erreur, la question se pose de savoir si nous pouvons déterminer des valeurs morales à partir d'eux, ou si c'est un abus de langage de dire qu'une action peut-être bonne ou vicieuse parce que le jugement qui la cause est vrai ou faux Pour vérifier cela, Hume va étudier de plus près les jugements erronés Les différentes erreurs 12, l à 15) Un jugement qui cause une action, s'il est erroné, ne dépasse pas l'erreur de fait. [...]
[...] Il se propose de vérifier si la raison peut, à elle seule, distinguer le bien du mal moral Morale et raison 5 à Puisque la philosophie morale appartient à la philosophie pratique, on admet généralement que la morale influence les passions. Toujours soucieux de vérifier ses théories par des observations, Hume rappelle que si ce n'était pas le cas, on se donnerait moins de mal à inculquer la morale et à suivre ses préceptes. Les passions influencent les actions. La raison, quant à elle, n'a pas une telle propriété, comme Hume l'a expliqué au livre II (part. III, sect p. 523). [...]
[...] Cela prouve directement que les actions ne tirent pas leur mérite d'une conformité, ni leur démérite d'une opposition à la raison ll à mais aussi indirectement. En effet, si la raison n'a aucun impact sur les actions morales et si les distinctions morales (bien et mal) ont un impact, c'est bien que les distinctions morales ne peuvent être engendrées par la raison Les jugements qui accompagnent l'action 11 à 12, l. 22) Des jugements peuvent, dans une certaine mesure, influencer l'action, et viceversa. Le cas se produit lorsqu'ils accompagnent les actions, dans leurs causes et leurs effets (pp l à 574, l. 1). [...]
[...] Hume considère que les deux conditions ne pourraient jamais être remplies. Dans le second cas, qui concerne l'inférence d'un fait, la raison devrait pouvoir constater l'existence d'un vice dans une action immorale. Or, si on examine précisément une telle action, on ne pourra lui attribuer une qualité morale négative qu'en considérant ses propres passions. Hume ajoute: voilà un fait: mais il est objet de conscience et non de raison ll à 38). La moralité découle bien d'un sentiment; elle n'est pas une qualité première qui existe dans les objets, mais une perception de l'esprit. [...]
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