La seconde considération inactuelle, Friedrich Nietzsche, histoire, vie, action, illusions nécessaires
Entre 1873 et 1876, Nietzsche écrit une série de quatre œuvres philosophiques et polémiques regroupées sous le titre de : « Considérations inactuelles ». Celle que nous allons étudier est la seconde et s'intitule « De l'utilité et des inconvénients de l'histoire pour la vie. »
D'emblée nous pouvons nous attarder sur le sens du titre « Considérations inactuelles » et éclaircir ainsi le but et la portée générale de ces œuvres. En allemand, Unzeitgemässe Betrachtungen, peut être traduit de différentes façons : considérations intempestives ou à contretemps. Pour Nietzsche, il s'agit donc de s'opposer, d'aller à contre-courant de ce que son époque pense d'elle-même, ou même de dévoiler ce qu'elle ne sait pas encore.
[...] Une définition que l'Homme ne peut qu'imaginer avec envie. L'Homme, en effet, lui se souvient, est enchainé à un passé, cette chaine qui court avec lui aussi il connait le c'était formule qui livre aux combats, à la souffrance et au dégout, et lui rappelle que son existence n'est au fond rien d'autre qu'un éternel imparfait Le bonheur chez lui est épisodique, est comme une sorte de caprice, comme une inspiration insensée, au milieu d'une vie de déplaisir, de désir et de privation Cette vie dans l'instant implique aussi une autre composante qui parcourt toute cette seconde considération inactuelle : l'action. [...]
[...] Pour Nietzsche, il s'agit donc de s'opposer, d'aller à contre- courant de ce que son époque pense d'elle-même, ou même de dévoiler ce qu'elle ne sait pas encore. Aussi, philologue classique de formation, et de fait disciple d'époques plus anciennes et fils du temps présent il considère que sa discipline doit avoir une influence actuelle, c'est-à-dire qu'elle doit permettre d'« agir contre le temps, donc sur le temps espérons-le), au bénéfice d'un temps à venir. Dans cette seconde considération inactuelle, le sujet qui intéresse Nietzsche est l'histoire. [...]
[...] L'étude de l'histoire chez lui n'a pas pour but la nouveauté, elle représente : Une sorte de grisonnement congénital, et ceux qui en portent la marque dès l'enfance doivent assurément arriver à la croyance instinctive en la vieillesse de l'humanité ; à cette vieillesse échoit maintenant une activité de vieillard, consistant à regarder en arrière, à vérifier l'addition, à tirer le bilan, bref à s'adonner à la culture historique.[21] Le monde serait vieux et le regard posé sur lui le serait aussi. Le tard venu serait celui qui se pense comme tel. Nietzsche met en garde contre les visions chrétiennes et pessimistes qui semblent correspondre à cette idée. Ce serait la croyance en la décrépitude de l'humanité, sa fin imminente. [...]
[...] Au contraire, ce sujet passif dans lequel s'imprime, se dédouble et se reproduit l'image de ces objets serait plutôt du côté de l'artiste, du créateur : Penser l'histoire avec cette objectivité-là, tel est le travail secret du dramaturge : tout rassembler par la pensée, rapporter chaque évènement particulier à l'ensemble du tissu, sur le principe qu'il faut introduire dans les choses une unité de plan, quand elle ne s'y trouve pas déjà.[18] L'objectivité qu'il dénonce est celle qui entend ne provoquer aucune émotion, pour laquelle le mot le plus sec est toujours le bon, celle qui pourrait être atteinte par quelqu'un qui finalement ne serait pas concerné par l'évènement qu'il décrit, par l'être le plus à l'écart. A nouveau se détache son idée de l'histoire comme discipline devant servir la vie, pousser les Hommes à agir. 3-il perturbe les instincts du peuple, et entrave la maturation de l'individu comme celle de la communauté ; Nietzsche préconise une illusion nécessaire face à une histoire qui ne serait portée par aucun instinct de construction. [...]
[...] Il met en garde contre l'idée hégélienne de l'accomplissement d'un processus universel et se réfère à Eduard Von Hartmann qui selon lui aurait écrit une philosophie à contre-courant, une philosophie parodique de l'ironie consciente. Ce dernier : nous annonce que notre époque n'a qu'à être exactement telle qu'elle est, si on veut que l'humanité en ait un jour vraiment assez de cette existence- ce que nous voulons effectivement de tout cœur.[24] L'état présent de l'humanité ne serait pas le fruit d'un processus invisible, d'un destin, mais juste ce qu'il est, et qu'il doit s'envisager comme tel. [...]
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