Commentaire de texte entièrement rédigé en philosophie. Le texte est un extrait de "Emile ou De l'éducation" de Jean-Jacques Rousseau sur l'amour (livre IV).
[...] Un sexe est attiré vers l'autre, voilà le mouvement de la nature. Le choix, les préférences, l'attachement personnel sont l'ouvrage des lumières, des préjugés, de l'habitude ; il faut du temps et des connaissances pour nous rendre capables d'amour, on n'aime qu'après avoir jugé, on ne préfère qu'après avoir comparé. Ces jugements se font sans qu'on s'en aperçoive, mais ils n'en sont pas moins réels. Le véritable amour, quoi qu'on en dise, sera toujours honoré des hommes ; car, bien que ses emportements nous égarent, bien qu'il n'exclue pas du coeur qui le sent des qualités odieuses et même qu'il en produise, il en suppose pourtant toujours d'estimables sans lesquelles on serait hors d'état de le sentir. [...]
[...] Comment l'affirmation précédente peut-elle alors trouver une explication ? La phrase qui lui succède nous en donne la clé : on a fait l'amour aveugle parce qu'il a de meilleurs yeux que nous, et qu'il voit des rapports que nous ne pouvons apercevoir L'amour est communément considéré comme aveugle car il ne repose pas sur un jugement basé sur le point de vue de l'objectivité, mais sur un jugement subjectif, comme nous l'avons évoqué précédemment ; d'où l'élection apparemment arbitraire d'un individu plutôt que d'un autre. [...]
[...] C'est donc à juste titre que Rousseau établi une distinction entre l'amour et l'instinct. L'instinct a pour caractéristique première d'être quelque chose ayant trait à la nature, or l'amour n'est pas naturel puisque effectivement les choix, les préférences, l'attachement personnel ont un rapport direct avec une vie sociale conditionnée, ils sont d'après Rousseau l'ouvrage des lumières, des préjugés, de l'habitude . L'objet de l'amour ne serait donc pas un choix de la nature, car l'amour n'est pas l'élection purement spontanée d'un individu, mais bel et bien un choix issu de la culture, car l'amour est, à notre insu d'ailleurs ces jugements se font sans qu'on s'en aperçoivent l'effet de la raison, de préjugés ou de l'habitude. [...]
[...] L'amour véritable l'amour désintéressé, inspirera toujours du respect aux hommes. L'expression quoi qu'on en dise est une critique explicite des moralistes ainsi que de la critique incontournable qui veut que l'amour soit aveugle et irrationnel. Si ses emportements nous égarent c'est-à-dire si l'amour nous entraîne à commettre des actions immorales ou déraisonnables, c'est parce qu'il est passionné. Rousseau fait l'éloge de l'amour mais ne prétend pas pour autant que ce dernier nous conduise à la vertu. Il admet en effet fort aisément qu'il n'exclue pas du cœur qui les sent des qualités odieuses et même qu'il en produise puisque l'amour éveille indubitablement des sentiments contraires à la morale et à la vertu tels que le désir de possession et, par là même, la jalousie. [...]
[...] Toutefois, la fin de la phrase nous éclaire pour comprendre comment le sentiment amoureux peut être à la fois issu de l'ignorance et du savoir. Il s'avère qu' il faut du temps et des connaissances pour nous rendre capables d'amour, on n'aime qu'après avoir jugé, on ne préfère qu'après avoir comparé C'est donc le jugement de valeur établi par la morale, en l'occurrence l'attribution d'une qualité ou d'un défaut à un individu, qui rend un homme capable d'amour. Effectivement, la préférence, qui est une des caractéristiques essentielles de l'amour, est l'effet d'un jugement basé sur la comparaison entre plusieurs individus et leurs différentes qualités. [...]
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