Au sein d'une société apparaissent diverses différences entre les citoyens. Certaines sont d'ordre naturel, aussi rencontrera-t-on des individus blonds, des individus grands, à l'opposé de petits. Pour autant, ces différences peuvent-elles réellement être à l'origine de l'inégalité parmi les hommes ? En effet, à moins d'une dictature dans laquelle des caractéristiques physiques particulières seraient prônées, ces différences ne semblent pas pouvoir être la source des inégalités sociales entre les hommes. D'où proviennent-elles alors ? Relèvent-elles donc de la nature, ou davantage des avancées historiques ?
C'est à cette question que s'intéresse Rousseau dans le texte qui nous est proposé. Il y explique le rôle de l'invention de la propriété privée, vis-à-vis des inégalités sociales.
[...] Rousseau emploie un vocabulaire agressif, qui témoigne de sa colère vis-à-vis des marques de propriété. Il souhaite donc crier haut et fort à ses semblables, provoquer leur attention, les avertir, et sans se cacher, qu'ils ne doivent pas se ranger à leur tour à l'idée de la propriété privée. Ses semblables, s'ils veulent rester libres et égaux, ne doivent pas s'allier à l'imposteur, qui inventa la propriété privée. En effet, ils ne doivent perdre de vue que toute production appartient à tout le monde, et que toute parcelle de terre n'appartient à personne, sans quoi ils perdront la liberté et l'égalité ; leur humanité. [...]
[...] Il semble alors qu'ici soit décrit un des fondements du modèle capitaliste. Apparaît alors une critique de ce modèle et de son inventeur. En effet, Rousseau définit les partisans de cette conception comme des individus peu intelligents et sans réflexion, bref des individus assez ignorants pour y adhérer. Il insinue donc que des personnes sensées n'auraient pas cru cet inventeur, mais la critique ne s'arrête pas là. Ainsi, Rousseau entreprend d'exposer les conséquences néfastes de la propriété privée. Il énumère ainsi des crimes guerres ou encore des meurtres qui sont la réponse à la création de la propriété privée. [...]
[...] En effet, le concept de propriété privée résulte de plusieurs années de modification au cours desquelles de nouvelles idées, de nouveaux principes se sont établis. La propriété privée s'est installée dans les esprits au fil du temps, elle est le fruit de leur maturation progressive. Il faut alors reconnaître que, quand bien même cette idée ne naît tout d'abord que dans un seul cerveau, d'autres se sont manifestés, afin de l'approuver. La conception de propriété privée s'est imposée à un moment où la collectivité arrivait à ses limites ; symbole d'un concept dans l'air du temps, inévitable. [...]
[...] Il agit comme si le fait, l'action lui en conférait le droit, comme s'il était une évidence que ce morceau de territoire lui appartienne parce qu'il l'avait délimité. Il faut ici opposer la notion de fait, et celle de droit, et donc celle de possession et de propriété. Ceci est à moi et puisqu'en toute société il y a des personnes naïves, dépourvues de réflexion, ce pionnier fut cru sur parole. Il s'agit donc bel et bien d'un pionnier, dans le sens où il inventa la propriété privée, qui entraînerait l'invention du travail, de la production, des échanges bref, la société civile. [...]
[...] Commentaire de texte philosophique : Rousseau, Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, 2nd discours, 2nde partie Le premier qui ayant enclos un terrain s'avisa de dire : Ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerres, de meurtres, que de misères et d'horreurs n'eût point épargnés au genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant le fossé, eût crié à ses semblables : "Gardez-vous d'écouter cet imposteur ; vous êtes perdus si vous oubliez que les fruits sont à tous et que la terre n'est à personne!" Mais il y a grande apparence qu'alors les choses en étaient déjà venues au point de ne plus pouvoir durer comme elles étaient : car cette idée de propriété, dépendant de beaucoup d'idées antérieures qui n'ont pu naître que successivement, ne se forma pas tout d'un coup dans l'esprit humain : il fallut faire bien des progrès, acquérir bien de l'industrie et des lumières, les transmettre et les augmenter d'âge en âge, avant que d'arriver à ce dernier terme de l'état de nature. [...]
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