Sautons les douloureuses chroniques et énumérations des reconduites à la frontières et autres expulsions d'immigrés en situation irrégulière, passons rapidement sur quelques vignettes ayant marqué la décennie passée : sans même évoquer les éruptions antisémites liées à la seconde Intifada de l'automne 2000 ou les conséquences du 11 septembre 2001, on mentionnera l'expulsion des sans-papiers de l'église Saint-Bernard en août 1996, la zone d'attente ZAPI 3 de l'aéroport de Roissy avec ses milliers de demandeurs d'asile et son aménagement, achevé en 2001, d'une salle d'audience hors-les-murs du tribunal de grande instance de Bobigny, la fermeture du centre de Sangatte en novembre 2002 et les explosions sociales de novembre 2005 (...)
[...] A la fin du XIXe siècle, face à l'extérieur, chaque pays trouvait à se valoriser de manière tendanciellement hostile. La musique elle-même pouvait être embrigadée dans la fièvre patriotique des nations européennes en concurrence : Wagner incarnait les vieux génies de l'âme germanique, Verdi la résistance italienne, Moussorgsky les fondements traditionnels russes, la musique française Debussy, Saint-Saëns, César Franck, Fauré se vit saluée à son tour comme une réaction gauloise et intellectuelle aux grandes machinations instinctives de Wagner Quant aux nationalités internes, elles connaissent, selon les régions, des modes de règlement variables : en Irlande, la grande famine de 1848, avec la forte émigration vers les Etats-Unis qui s'en était suivie, avait évité à la Grande-Bretagne d'avoir à proposer de véritables solutions ; en Scandinavie, le peuple norvégien, mécontent de ne pas voir ses besoins spécifiques et particularismes reconnus, demanda et obtint de la Couronne suédoise en 1905 se sécession, bel exemple de solution pacifique à un différend touchant les nationalités. [...]
[...] Ce dossier délicat reste à l'évidence en devenir. Enfin, la question de la supranationalité, afférente notamment au projet européen depuis un demi-siècle, crée des difficultés spécifiques. La situation géopolitique qu'a connue l'Allemagne jusqu'à 1990, d'être, après 1945 et surtout à partir de la construction du mur de Berlin en 1961, une nation divisée, formant une ligne de démarcation idéologique peu confortable entre les pays occidentaux et ceux du bloc soviétique, a peut- être inspiré à Jürgen Habermas sa notion de patriotisme constitutionnel Il la décrivait comme une identité politique dégrisée liée, disait-il, à la fierté que avons d'avoir réussi à triompher du fascisme pour établir l'ordre d'un Etat de droit. [...]
[...] L'impuissance de la Société des Nations dans l'entre-deux-guerres a fait réfléchir à partir de 1941-1942 les rédacteurs de la Charte des Nations Unis (26 juin 1945), sans d'ailleurs permettre une efficacité complète de l'actuelle ONU. Le règne des transcendants devrait avoir perdu de sa superbe depuis un siècle. Mais que penser alors de la confrontation de George W. Bush et d'Oussama Ben Laden ? La simplicité enfantine des consultations envisagées par Renan, si elle est d'avantage invoquée, depuis la fin de la Guerre Froide, comme une solution réaliste que par le passé, n'a pas toujours, tant s'en faut, le vent en poupe. Et presque jamais sans frictions ni explosions de violence. [...]
[...] On mesure alors le temps passé depuis ce fameux 11 mars 1882 où Ernest Renan prononça à la Sorbonne sa retentissante conférence sur le thème Qu'est-ce qu'une nation ? Il s'agissait alors de mettre en avant un sentiment confus, nourri par le grand air qu'on respire dans le vaste champ de l'humidité pour l'opposer aux conventicules de compatriotes Il peut être stimulant, dans un premier temps, touchant les différents caractères que Renan semble juger impropres ou insuffisants pour définir les contours d'une nation Je me résume chaînes de montagnes. [...]
[...] Or la convergence des projets éducatifs européens repose, paradoxalement, à l'heure actuelle, sur les divergences des évolutions historiques dont ces projets sont issus. Enracinés dans des langues de culture formée s les unes au contact des autres, grâce au rapport différencié qu'elles entretiennent avec les langues anciennes ( le grec, le latin, mais aussi l'hébreu), les projets éducatifs des nations de l'Europe visent, chacun, une figure singulière de l'idéal humaniste inhérent à toute pédagogie. Il serait donc inutile voire dangereux de vouloir les unifier au moyen d'un langage purement fonctionnel, fût-ce un code scientifique ou, plus banalement, une langue de service. [...]
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