Descartes, Règles pour la direction de l'esprit, vérité, sciences, recherche de la vérité, ataraxie, philosophie antique, raison
L'auteur s'applique à nous livrer une explication à propos de la voie sûre qui conduit à la vérité selon un sens qu'il s'agira de préciser plus avant. Dire cela c'est dire que Descartes ne s'occupe pas tant de la vérité en général que de la recherche de la vérité, à savoir l'ensemble des moyens déployés et qui valent la peine de l'être, afin de se mettre en bonne direction pour, ne serait-ce que prétendre, atteindre la vérité en idée ; pour la raison que si Descartes, comme nous le verrons, distingue bien une certaine vérité unique et immuable, objet de la philosophie, d'une multitude de vérités liées chacune à leurs sciences, il n'en demeure pas moins en quelque façon mesurée et précautionneuse en évoquant cette vérité, car, encore une fois, l'on parle bien de recherche de la vérité, ce qui renvoie à une posture en partie zététique. Descartes argumente alors que la vérité est une étude qui se conduit par soi-même, en se liant aux sciences non pas de manière restrictive, mais en considérant les liens préexistant entre les différentes branches complémentaires à la recherche de la vérité des unes aux autres, car la finalité de cette recherche de la vérité se trouve dans le labour de notre raison pour tirer les solutions aux problèmes inconnus de la vie.
[...] Cette règle assumée par l'auteur, proposée ici par lui, est que toutes les sciences ne font qu'une, étant « tellement liées ensemble » cela signifie qu'existent de nombreux points de jonction entre les sciences, de même qu'existerait naturellement de nombreux points communs entre les cellules qui constituent telle ou telle partie de notre corps, ou pour donner une autre image, comme sont liées par des rues et des ponts dans les différents quartiers d'une ville. Le plan peut sembler d'envergure ; et pourtant il est à la hauteur de l'ambition de Descartes qui est d'embrasser la vérité ou plutôt de déterminer le droit chemin pour la recherche de la vérité, comme annoncé d'emblée. [...]
[...] D'abord, visiblement, selon le vocabulaire que Descartes emploie ici, il y aurait un droit chemin hors duquel l'on se détournerait de la bonne et juste recherche de la vérité. En effet « Rien ne nous éloigne plus » est une affirmation forte, définitive, absolue et surtout négative : au juste, « orienter nos études vers des buts particuliers » n'est pas la dernière visée de cette recherche. En quoi la particularité des buts que servent les études est-elle une entrave au chemin qu'il nous faudrait emprunter si l'on se décide à droitement se mettre en quête de la vérité ? [...]
[...] On peut résumer ce texte en trois parties pour mieux comprendre et mettre en évidence le cheminement intellectuel de l'auteur : à la fois la possibilité de trouver un bonheur sain dans l'étude scientifique ; en outre Descartes ici s'attache à énoncer ce que l'on peut tirer des sciences à cet égard, à savoir l'utilité ou le plaisir de la contemplation du vrai, ces « fruits légitimes que nous pouvons attendre de la recherche de la vérité » (l.1-5). Au cours de cette deuxième partie, Descartes met toutefois à jour l'inconvénient de rechercher la vérité par les sciences. [...]
[...] Ces fruits sont donc légitimes, et sûrement savoureux, mais ne rassasient pas, en tant que nourriture spirituelle, au cours d'une sérieuse et complète recherche de la vérité. Pour chercher l'unique Vérité, les sciences doivent être saisies unies Cela considéré, Descartes en vient désormais à insister sur le caractère partiel et fragmenté de ces sciences, c'est-à-dire qu'on parle bien de sciences au pluriel, en face pourtant d'une vérité au singulier, d'une seule et même vérité. Si les sciences s'avèrent comme autant de points de vue pris sur la vérité, alors il paraîtrait bien inutile et insuffisant de s'obstiner à chercher la vérité en poussant les recherches dans tel ou tel autre domaine scientifique. [...]
[...] Forts de cette méthode, il nous serait même apparemment permis d'espérer au-delà de l'espérance ordinairement partagée par ceux qui se concentrent particulièrement sur l'étude des sciences, de manière trop commune et déprise de cet idéal in fine pragmatique (comme nous l'a montré Descartes, cela sert toujours à mieux vivre). Enfin, nous notons que la tournure hyperbolique ici (l'on atteindrait alors « tout ce que les autres désirent » jusqu'à « de plus beaux résultats qu'ils ne peuvent espérer) laisse rêveur : voici une belle façon d'enjoindre le lecteur à aller de l'avant, selon des progrès promis par Descartes par des efforts mieux réglés pour mettre l'esprit dans les meilleures dispositions possibles pour vivre en vérité. [...]
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