L'article beau faisait partie du deuxième tome de l'Encyclopédie. Article étrange par sa richesse d'information et par la rigueur quelque peu scolastique de son contenu. Il frappe aussi par son obscurité et son schématisme. C'est pourquoi on alla jusqu'à douter que Diderot en soit bien son auteur. Mais de nombreux détails ou exemples appartiennent spécifiquement à Diderot.
Par exemple, la thèse centrale : celle de la beauté considérée comme « la perception de rapports » ne se trouve que chez lui. Dès 1748, avant l'emprisonnement à Vincennes, Diderot disait dans ses Mémoires sur différents sujets de mathématiques : « le plaisir, en général, consiste dans la perception de rapports. Ce principe a lieu en poésie, en peinture, en architecture, en morale, dans tous les arts et dans toutes les sciences. Une belle machine, un beau tableau, un beau portique ne vous plaisent que par les rapports que nous y remarquons... La perception des rapports est l'unique fondement de notre admiration, de notre plaisir... Ce principe doit servir de base à un essai philosophique sur le goût, s'il se trouve jamais quelqu'un assez instruit pour en faire une application générale à tout ce qu'il embrasse. » Trois ans plus tard, le même thème est repris à propos de la Lettre sur les sourds et muets : « Le goût, en général, consiste dans la perception des rapports. Un beau tableau, un poème, belle musique, ne plaisent que par les rapports que nous y remarquons. Je me souviens d'avoir fait d'ailleurs une application assez heureuse de ces principes aux phénomènes les plus délicats de la musique, et je crois qu'ils embrassent tous. »
[...] Il explique que saint Augustin avait composé un Traité sur le beau, mais que cet ouvrage est perdu. Néanmoins, à travers différents fragments dans d'autres oeuvres, il reconstitue la pensée de cet auteur sur la beauté. La phrase importante est la suivante : On voit que ce rapport exact des parties d'un tout entre elles, qui le constitue Un, était, selon lui [Saint-Augustin], le caractère distinctif de la beauté. Toutefois, cette unité sur la terre n'est jamais parfaite puisque rien ne peut être parfaitement Un sachant que tout est composé de parties qui elles-mêmes sont divisibles en partie, etc. [...]
[...] Mais cela ne garantit pas, selon Diderot, que ces objets aient vraiment les caractères objectifs de la beauté. Et, selon Diderot, Hutcheson nomme beau relatif celui qu'on aperçoit dans des objets considérés communément comme des imitations et des images de quelques autres. Diderot approfondit ensuite la notion de beau absolu chez Hutcheson. Remarquons que la beauté absolue n'est toutefois valable que par rapport à l'homme c'est-à-dire à la capacité pour un objet d'émouvoir nos sens. Un autre animal, avec d'autres configurations sensibles, n'apprécierait pas cette beauté. [...]
[...] Les artistes ont attaché au beau de mouvement une exception particulière. Ils disent qu'elle ne figure au repos, qu'elle a du mouvement, c'est-à-dire qu'elle est prête à se mouvoir. À propos de la composition Diderot écrit toujours dans les pensées détachées : une composition doit être ordonnée de manière à me persuader qu'elle n'a plus ordonné autrement ; une figure doit agir ou se reposer, de manière à me persuader qu'elle a pu agir autrement. Quelques pages plus loin il écrit : les guillemets la peinture est tellement et demi de l'asymétrie, que, si l'artiste introduit une façade dans son tableau, il ne manquera pas d'en rompre la monotonie par quelqu'un qui file, ne furent que par l'ombre de quelques corps, ou par l'incidence oblique de la lumière. [...]
[...] Cela rappelle l'argument 1 et l'argument 4. --Argument 9 : L'argument semble double. D'abord, Diderot traite des idées simples. Il faudrait comprendre par là les idées élémentaires, les notions premières ne sont pas les mêmes pour tout le monde. D'où la diversité des jugements. Mais, dans la deuxième partie de cette neuvième source de diversité, il traite de la variation de l'état de nos sens. Il écrit : Nos sens sont en nous dans un état de vicissitude continuelle : un jour on a point d'yeux, un autre jour on entend mal ; et d'un jour à l'autre, on voit, on sent, on entend diversement. [...]
[...] D'un point de vue éthique ou politique de la conduite [cet axe n'est pas indispensable pour comprendre Diderot, mais . intéressant en lui-même], l'adjectif beau est employé pour désigner ce qui est moralement convenable, ce que la situation exige. Une belle action est à la fois une action empreinte de rectitude et accomplie avec beauté. En morale, le beau se trouve donc opposé à la fois à ce qui est laid et honteux. La belle chose est aussi, indistinctement, la chose bonne, plaisante et avantageuse. [...]
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