Mémoire de Philosophie des sciences ayant pour sujet : "Le réalisme structural de Poincaré", à partir de la lecture de Structural realism : the best of both worlds de John Worrall.
[...] L'histoire des sciences nous montre au contraire que nombre de théories qui ont été considérées comme empiriquement adéquates à leur époque, ont été réfutées par la suite et sont donc fausses. En faisant un raisonnement inductif, généralisant, qualifié de pessimiste , on peut en inférer que nos théories actuelles les mieux corroborées subiront le même sort et seront un jour réfutées, donc qu'elles ne sont pas plus vraies que la théorie des épicycles ou que celle de Fresnel. Worrall rejette donc à la fois l'argument principal des réalistes épistémiques qui soutiennent le fait qu'une théorie empiriquement adéquate doit être approximativement vraie, et la description que Boyd donne dans le but de rendre compte de l'évolution des théories dans un tel cadre réaliste. [...]
[...] Il offre donc une version pessimiste de l'épistémologie des théories physiques et son réalisme des structures s'accommode de tous les effets classiques de l'instrumentalisme. Car de même qu'on ne voit pas très bien en quoi le conventionnalisme géométrique se distingue, en pratique, d'un empirisme, il paraît difficile de tracer une ligne de démarcation claire entre les conséquences pratiques du réalisme structural et celles d'un instrumentalisme qui n'accorde aux théories aucun autre rôle opérationnel que celui de fictions utiles destinées à classer et à prévoir les phénomènes. [...]
[...] Ainsi le pragmatisme de Poincaré, nuement contradictoire avec son réalisme foncier, s'étend jusqu'au domaine des opérations mathématiques. Le mathématicien commence par remplacer le monde par un système de symboles simples mais les symboles peuvent être manipulés et multipliés au gré des remaniements théoriques : ils ne se soutiennent d'aucun principe de correspondance immuable, et les équations comme telles ne sont pas simplement des images en miroir des relations qui ont lieu entre les objets réels. Dans ces conditions il est douteux que la théorie sémantique qui convient au réalisme structural passe par un schéma de mise en correspondance terme à terme sur le modèle de l'isomorphisme. [...]
[...] Quoiqu'il en soit, Zahar et Worrall placent donc le réalisme structural entre deux grands arguments. Le premier est celui du No Miracle, qui veut que les sciences dures découvrent de mieux en mieux les plans de l'Univers. Affirmer le contraire serait exiger que la science fonctionne par une série impressionnante de hasards. La contrepartie du No Miracle Argument est l'induction pessimiste. Celle- ci affirme que nous ne pouvons pas croire à la science littéralement parce qu'elle est en continuelle révolution : toutes les ontologies connues depuis les Grecs ont été réfutées (ainsi le feu comme substance : Empédocle, Aristote, le phlogistique . [...]
[...] Il en résulte que, dans ce cas, il paraît difficile de soutenir que les équations classiques sont un cas limite des équations quantiques. C'est la difficulté des approches dites semi-classiques . Cela ne remet pas en cause le réalisme structural si l'on adopte une définition plus large : si l'on suppose que la réalité empirique est donnée (c'est-à-dire si on ne considère pas que nous la construisons), le réalisme structural apparaît comme une position de repli acceptable, quand on a pris conscience que le réalisme épistémique (à la Boyd) qui attribue une vérité approchée aux théories et un référent réel aux entités théoriques n'est plus tenable. [...]
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