Theodor Wiesengrund Adorno, chercheur orthodoxe, théorie, sociologie empirique, L'Homme et la société, empirie, personnalité autoritaire, subjectivité, résultat scientifique, réalité sociale, sciences sociales
Dans cet article, l'auteur présente sa conception de la recherche en sciences sociales, qu'il a mise en oeuvre dans ses travaux, en particulier ses Études sur la personnalité autoritaire publiées en 1950. Après avoir énoncé la différence entre essence et phénomène, différence liée à l'existence d'une structure sociale objective à dévoiler, il utilise cette différence pour montrer l'insuffisance d'une recherche purement empirique en sciences sociales. Il propose de dépasser l'alternative entre une sociologie théorique cherchant à comprendre la structure sociale dans son ensemble et une sociologie empirique seulement attentive aux phénomènes sociaux particuliers. En effet, il défend la thèse selon laquelle seul un mouvement permanent entre élaboration théorique et recherche empirique permettrait la fécondité des recherches sociologiques.
[...] Pourquoi seule une articulation constante entre théorie et empirie en sciences sociales peut-elle produire des résultats scientifiques ? Du début du texte à « dans le domaine de la pure subjectivité des sujets » (l.13) Adorno démontre d'abord qu'une recherche purement empirique ne peut expliquer la réalité sociale mais seulement la redoubler inutilement. Puis, de « Tandis que » (l.13) à la fin de l'extrait, il établit par comparaison qu'empirie et théorie sont également nécessaires pour permettre la fécondité des recherches en sociologie. [...]
[...] C'est ce que l'auteur s'efforce de faire dans ses propres recherches. Bibliographie ADORNO W. Theodor « Du rapport entre la théorie et l'empirie en sociologie », L'Homme et la société, n°13, p.128-132 ADORNO W. Theodor [1950], Études sur la personnalité autoritaire, trad. H. Frappat, Paris, Allia, p. [...]
[...] Il ne considère pas que les faits sont construits et non donnés et que les enquêtes sont donc insuffisantes pour produire des connaissances. La conclusion de ce passage met en lumière le paradoxe qui a sous-tendu toute la présentation d'une recherche purement empirique en sciences sociales : « De cette façon, on reste naturellement dans le domaine de la pure subjectivité des sujets » (l.11-12), alors que le but du chercheur type décrit est justement de garantir l'objectivité de ses résultats. [...]
[...] L'objet de la sociologie, la société, ne peut être cerné empiriquement. La société est une idée abstraite et vague, présente dans tous les phénomènes concrets mais ne correspondant à aucun en particulier. Pour comprendre ce qui sous-tend les phénomènes sociaux, le chercheur ne peut donc ni se contenter des faits ni se limiter à des spéculations vagues. Afin de produire un savoir précis sur la structure sociale objective, il est « raisonnable » (l.19), c'est-à-dire conforme à la raison, de faire ce que le chercheur précédent ne faisait pas : « rapporter les enquêtes quantitatives empiriques à des analyses d'institutions sociales objectives, avec lesquelles les attitudes relevées ont quelque chose à voir. [...]
[...] Pour conclure, seule une articulation constante entre théorie et empirie en sciences sociales peut produire des résultats scientifiques. Adorno a d'abord mis en évidence qu'une recherche sans cadre théorique et purement empirique ne produisait qu'une description. Celle-ci redouble la réalité sociale sans l'expliquer et peut même la justifier. Au contraire, si la recherche s'inscrit dans un ensemble théorique et est guidée par des hypothèses, elle peut aboutir à de véritables explications de faits sociaux concrets, même si elles sont imparfaites. [...]
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