Analyse du concept de passion et du rapport qu'elle entretient avec la raison. L'analyse s'appuie notamment sur l'explication d'un texte de Rousseau tiré du "Discours sur les fondements de l'inégalité parmi les hommes".
[...] Ainsi, Hegel écrit : Rien de grand n'a jamais été accompli ni ne saurait s'accomplir sans les passions (Philosophie de l'Esprit, 474). En fait, dans le premier cas, la passion est considérée comme une puissance capable de nous aveugler et de nous aliéner (exemple de l'ivrogne aveuglé et aliéné par sa passion pour l'alcool ; exemple de l'ambitieux, aveuglé et aliéné par sa passion pour la réussite et le pouvoir),tandis que dans le second cas, nous sommes renvoyés à l'idée d'intensité : l'individu passionné est l'individu qui a une vie intense, trépidante, une vie en mouvement, et dont le mouvement s'accorde avec le mouvement des choses et des êtres autour de lui. [...]
[...] Fort de son interprétation, Descartes précise ensuite la façon dont nous devons les traiter, en tant que nous sommes des être pensant raisonnable : l'homme sage est celui qui maîtrise ses passions. Si les passions, du point de vue du corps, ne sont pas complètement négatives, ce n'est pas le cas du point de vue de l'âme : elles la gênent dans son activité rationnelle, en divertissant la volonté. Or, Rousseau montre que, loin de contredire l'activité rationnelle de l'homme, les passions la galvanisent. Il laisse ainsi entendre qu'un autre type de rapport, non plus de maîtrise mais de coopération, peut se nouer entre raison et passion. [...]
[...] Texte : Rousseau (1712-1778), Discours sur les fondements de l'inégalité parmi les hommes (1755) Quoiqu'en disent les moralistes, l'entendement humain doit beaucoup aux passions, qui, d'un commun aveu, lui doivent beaucoup aussi. C'est par leur activité que notre raison se perfectionne ; nous ne cherchons à connaître que parce que nous désirons de jouir ; et il n'est pas possible de concevoir pourquoi celui qui n'aurait ni désirs ni craintes se donnerait la peine de raisonner. Les passions à leur tour tirent leur origine de nos besoins et leur progrès de nos connaissances. [...]
[...] Bref, c'est dans notre âme (siège de la conscience) qu'on trouve l'origine de nos passions et plus précisément dans la conscience que nous avons d'être mortel, fini dans le temps. Parce que l'homme se sait mortel, il désire de tout son être l'éternité, nous dit Alquié. Et ce désir est à l'origine da sa vie passionnelle comme de sa vie rationnelle (c'est-à-dire d'être connaissant). Par conséquent, si l'activité rationnelle et l'activité passionnelle ont la même origine (le désir d'éternité), on peut bien comprendre leur rapport comme Rousseau le fait, en terme de coopération. [...]
[...] - le désir, passion qui nous porte à acquérir un bien qu'on n'a pas encore, ou bien à éviter un mal qu'on juge pouvoir arriver ; - la joie, engendrée par la considération d'un bien présent ou futur, et la tristesse, engendrée par la considération d'un mal présent ou futur. Toutes les autres passions, c'est-à-dire tous les autres phénomènes passifs surgissant en l'âme pensante (ambition, cupidité, etc.), dérivent de ces six là. Et toutes se rapportent, selon Descartes, au corps. Elles ne surviennent dans l'âme qu'autant que celle-ci est jointe à un corps. [...]
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