Pantagruel, compagnons, oracle, Dive, Bouteille, mariage, Panugre
« […] les Andouilles attaquèrent Gymnaste et étaient en train de le terrasser méchamment, lorsque Pantagruel, accompagné de ses gens, se précipita à vive allure à son secours. Alors, pêle-mêle, le véritable combat commença. Raclandouille raclait les Andouilles, Tailleboudin taillait les boudins. Pantagruel rompait les Andouilles au genou. Frère Jean se tenait tranquille dans sa Truie, voyant et considérant tout, lorsque les Pâtés d'andouillette et de veau, qui étaient en embuscade, sortirent tous dans un grand vacarme et se dirigèrent vers Pantagruel.
Alors Frère Jean, voyant le désordre et le tumulte qui régnaient, ouvre les portes de sa Truie, et sort avec ses bons soldats, les uns portant des broches de fer, les autres tenant des landiers, des chenets, des poêles, des pelles, des chaudrons, grils, tenailles, lèchefrites, balais, marmites, mortiers, pilons, et tous aussi bien mis que des va-nu-pieds : hurlant et criant en chœur de façon épouvantable : Nabuzardan ! Nabuzardan ! Nabuzardan ! De tels cris et une telle émeute choquèrent les Pâtés d'andouillette et de veau et les Saucissons. Aussitôt ; les Andouilles aperçurent ce nouveau renfort, et se mirent à fuit au grand galop, comme si elles avaient vu tous les Diables. Frère Jean les abattait à coups de boulets de pierre, comme des mouches ; ses soldats n'y plaignaient pas leur peine. C'était pitoyable à voir. Le camp était recouvert d'Andouilles mortes ou blessées. Le conte dit que, sans l'intervention de Dieu, la génération andouillique aurait été exterminée par ces soldats culinaires. Mais il se produisit un fait étonnant. Vous en croirez ce que vous voudrez.
Du côté de la Tramontane, arriva en volant un porc grand, gras, gros, gris, les ailes aussi longues et larges que celles d'un moulin à vent. Son plumage était rouge éclatant comme celui d'un phénicoptère, qui est appelé Flamant en langue d'oc. Il avait les yeux rouges et flamboyants comme une escarboucle, les oreilles vertes comme une émeraude ; les dents jaunes, come une topaze ; la queue longue, noire comme du marbre de Lucullus ; les pieds blancs, diaphanes et transparents comme un diamant, et largement palmés, comme ceux des oies, et comme les avait jadis la reine Pédauque à Toulouse. Il portait au cou un collier d'or, sur le contour duquel étaient incrustées quelques lettres grecques, dont je ne pus distinguer que deux mots : HYS ATHENAN (pourceau qui en remontre à Minerve).
Le temps était beau et clair. Mais à l'arrivée de ce monstre, il tonna si fort, à gauche, que nous restâmes tous terrifiés. Dès qu'elles l'aperçurent, les Andouilles jetèrent leurs armes et bâtons, et s'agenouillèrent toutes à terre, levant haut leurs mains jointes, sans dire un seul mot ; comme si elles étaient en adoration devant lui.
Frère Jean, aidé des siens, frappait toujours, et embrochait les Andouilles. Mais, sur l'ordre de Pantagruel, on sonna le départ, et toutes les armes cessèrent. Le monstre, ayant volé et revolé plusieurs fois entre les deux armées, jeta plus de vingt-sept barriques de moutarde à terre, puis disparut en volant dans les airs et en criant sans cesse : « Mardi-gras, Mardi-gras, Mardi-gras ! »
[...] Le temps était beau et clair. Mais à l'arrivée de ce monstre, il tonna si fort, à gauche, que nous restâmes tous terrifiés. Dès qu'elles l'aperçurent, les Andouilles jetèrent leurs armes et bâtons, et s'agenouillèrent toutes à terre, levant haut leurs mains jointes, sans dire un seul mot ; comme si elles étaient en adoration devant lui. Frère Jean, aidé des siens, frappait toujours, et embrochait les Andouilles. Mais, sur l'ordre de Pantagruel, on sonna le départ, et toutes les armes cessèrent. [...]
[...] C'était pitoyable à voir. Le camp était recouvert d'Andouilles mortes ou blessées. Le conte dit que, sans l'intervention de Dieu, la génération andouillique aurait été exterminée par ces soldats culinaires. Mais il se produisit un fait étonnant. Vous en croirez ce que vous voudrez. Du côté de la Tramontane, arriva en volant un porc grand, gras, gros, gris, les ailes aussi longues et larges que celles d'un moulin à vent. Son plumage était rouge éclatant comme celui d'un phénicoptère, qui est appelé Flamant en langue d'oc. [...]
[...] Raclandouille raclait les Andouilles, Tailleboudin taillait les boudins. Pantagruel rompait les Andouilles au genou. Frère Jean se tenait tranquille dans sa Truie, voyant et considérant tout, lorsque les Pâtés d'andouillette et de veau, qui étaient en embuscade, sortirent tous dans un grand vacarme et se dirigèrent vers Pantagruel. Alors Frère Jean, voyant le désordre et le tumulte qui régnaient, ouvre les portes de sa Truie, et sort avec ses bons soldats, les uns portant des broches de fer, les autres tenant des landiers, des chenets, des poêles, des pelles, des chaudrons, grils, tenailles, lèchefrites, balais, marmites, mortiers, pilons, et tous aussi bien mis que des va-nu-pieds : hurlant et criant en chœur de façon épouvantable : Nabuzardan Nabuzardan Nabuzardan De tels cris et une telle émeute choquèrent les Pâtés d'andouillette et de veau et les Saucissons. [...]
[...] On voit que le narrateur prend parti pour le camp de Frère Jean = lorsqu'il sort de sa Truie « avec ses bons soldats » (l10). Les héros sont présents : - Nommés par leurs noms propres : Pantagruel, Gymnaste, « les bons soldats », les cuisiniers, lorsqu'ils sont dans le bon camp, et par leurs noms de charcuterie dans l'autre : les Andouilles, les boudins, les pâtés d'andouillette et de veau, les Saucissons. La majuscule ajoute à leur noblesse. [...]
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