« Connais-toi toi-même » disait Socrate. C'est ce que chacun tente de faire à un moment ou à un autre de sa vie avec plus ou moins de succès. Cependant, comme le souligne Clément Rosset, « qui souvent s'examine n'avance en rien dans la connaissance de lui-même ». Il s'agit ici d'étudier les limites de l'abus de l'observation et de trouver comment se connaître sans tomber dans cet abus.
Ceci nous amène à la problématique suivante : dans quelles mesures une observation de soi trop systématique serait-elle un frein pour la résolution des énigmes du moi ? Afin d'y répondre, nous nous appuierons sur l'œuvre dramatique romantique d'Alfred de Musset : Lorenzaccio, le livre X des Confessions d'Augustin, théologien du quatrième siècle, et sur l'autobiographie de l'auteur surréaliste et ethnographe Michel Leiris (L'Age d'homme).
L'observation de soi semble être la meilleure méthode pour atteindre la connaissance de soi. Cependant, cette méthode demande énormément de temps, cela peut s'éterniser et on arrive ainsi au statisme. Ainsi, Augustin a passé sa vie à chercher Dieu, qui était pour lui la réponse à ses questions sur lui-même et ce n'est qu'à la fin de sa vie qu'il remarqua qu'il était en lui : « Vous étiez au-dedans de moi-même, mais j'étais moi-même au dehors de moi-même » (Les Confessions, livre X, chapitre XVI).
[...] Le moi devient alors plus lisible pour celui qui l'écrit. C'est ce qu'a tenté de faire Leiris dans L'Age d'homme, il peut ainsi cerner ses personnalités ou plutôt les fragments de sa personnalité et leurs différents problèmes. Augustin, lors de ses Confessions, de livre totalement, ce qui lui permet de faire le bilan de sa vie passée et d'en tirer certaines conclusions. Ainsi, l'écriture, dans certaines limites, peut contribuer à se rapprocher de la connaissance de soi. L'action, les voyages provoquent parfois le changement et les difficultés. [...]
[...] L'observation de soi effectuée de manière abusive peut donc conduire au statisme et à un jugement erroné ou altéré sur soi même : soit à cause de doutes, soit en se surestiment ou et se sous-estimant. Nous allons maintenant étudier les alternatives pour atteindre la connaissance du moi. Cela peut se faire grâce à autrui, en écrivant, ou par l'action. La solution la plus évidente pour se connaître sans utiliser son propre regard semble être celle qui consiste à faire appel à une tierce personne objective. Il peut s'agir d'un ami, bien que son objectivité soit limitée. Il peut également s'agir d'un professionnel : un psychologue. [...]
[...] Ainsi, la connaissance de soi désirée devient une succession de doutes et de contradictions. Ainsi, en cherchant à se connaître, Leiris s'identifie à plusieurs personnages mythiques, tels qu'Holopherne, Lucrèce ou Judith, semant doutes et confusion. De plus, dans une autre œuvre, lorsque Lorenzo, personnage de Lorenzaccio de Musset, tente de retrouver son moi de jadis, pur comme l'or (III, en tuant le duc Alexandre, il se heurte à un échec et la confusion le pousse à un quasi-suicide. En abusant de l'observation de soi, on peut se retrouver avec un effet inverse, nous éloignant alors de la connaissance de soi. [...]
[...] D'une autre façon, Lorenzo, dans Lorenzaccio, doit assassiner le duc de Florence. Ceci est une autre forme d'action. Bien que confronté à la violence et à la mort, il se rend compte que son geste n'a rien résolu, en particulier concernant la dualité de son moi. Bien que l'observation de soi semble être la solution la plus facile pour atteindre la connaissance de soi, d'autres alternatives comme, par exemple, l'aide apporté par autrui, l'écriture ou même l'action dans ce qu'elle a de plus éprouvant se révèlent parfois bien plus efficaces. [...]
[...] Puis nous verrons les alternatives possibles afin de se rapprocher de la connaissance du moi. L'observation de soi semble être la meilleure méthode pour atteindre la connaissance de soi. Cependant, cette méthode demande énormément de temps, cela peut s'éterniser et on arrive ainsi au statisme. Ainsi, Augustin a passé sa vie à chercher Dieu, qui était pour lui la réponse à ses questions sur lui-même et ce n'est qu'à la fin de sa vie qu'il remarqua qu'il était en lui : Vous étiez au-dedans de moi-même, mais j'étais moi-même au dehors de moi-même (Les Confessions, livre chapitre XVI). [...]
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