Il n'est pas douteux que (non est dubium quin) beaucoup d'air (multum spiritus), se cache sous la terre (lateat sub terra) et qu'une vaste atmosphère occupe (aer latus obstineat) ces espaces cachés (caeca spatia). Si cela est vrai (quod si verum est), il est inévitable (necesse est) que ce qui est plein d'un élément très mobile (id quod est plenum re mobilissima) bouge souvent (saepe moveatur) : en effet (enim) peut-il être douteux pour quelqu'un que (num dubium esse cuiquam potest quin ) rien n'est aussi remuant (nihil sit tam inquietum), aussi inconstant et se réjouissant de l'agitation (tam versabile et agitatione gaudens), que l'air ? (...)
Il s'agit d'un texte de Sénèque (1er siècle après J-C), précepteur de Néron. C'est un stoïcien. Le texte étudié est extrait des Questions naturelles. Dans ce texte, on a une intention proche de celle de Lucrèce : Sénèque cherche à expliquer les phénomènes naturels sans avoir recours aux interventions divines. Il explique des phénomènes que Lucrèce a aussi étudiés, comme la foudre et le tonnerre. Il s'intéresse aux quatre éléments : l'air, l'eau, la terre et le feu. Pour les stoïciens, le monde ne contient pas de vide, contrairement à ce que pensent les épicuriens. Le monde se compose des quatre éléments et selon les stoïciens, il y a deux événements actifs : l'air et le feu, et deux événements passifs : l'eau et la terre. Le monde est assimilé à Dieu, et le sage stoïcien doit se soumettre à Dieu, se soumettre au destin, à ce qui se passe dans le monde (...)
[...] L.4 nihil sit tam inquietum quam aer tam versabile et agitatione gaudens (rien n'est aussi remuant, le plus inconstant), cette expression est l'équivalent d'un superlatif. On trouve 3 adjectifs ou participes présents exprimant l'idée de mouvement, qui montre que l'air semble incontrôlable gaudens inquietum versabile Dans le 3e paragraphe, l'air est sujet de la majorité des verbes, donc c'est bien l'air qui est actif : l.18 cedit et vagatur (il cède et erre), l.20 fremit (frémit), l.21 perlustravit (il a parcouru), l.23 solvit (rompt), fert (emporte). [...]
[...] L'air est présenté comme un être vivant, une bête sauvage à plusieurs reprises : l.4 gaudens (se réjouissant), se réjouir est un sentiment qu'on prête plutôt aux humains ; l.5 vult (veut). l.6« insanit (il devient fou), l.21 luctatus est (il a lutté). On trouve une citation de l'Enéide l.19-20, écrit par Virgile. Enée a quitté Troie au moment de la guerre, puis il erre sur les mers pendant 7 ans, il doit faire face à une tempête et arrive à Carthage, où il rencontre Didon. Lorsqu'il part fonder Rome, elle se suicide. L'Enéide a eu beaucoup de succès, elle raconte la fondation de Rome, ses origines. [...]
[...] Sénèque, Questions naturelles, VI Traduction : Il n'est pas douteux que (non est dubium quin) beaucoup d'air (multum spiritus), se cache sous la terre (lateat sub terra) et qu'une vaste atmosphère occupe (aer latus obstineat) ces espaces cachés (caeca spatia). Si cela est vrai (quod si verum est), il est inévitable (necesse est) que ce qui est plein d'un élément très mobile (id quod est plenum re mobilissima) bouge souvent (saepe moveatur) : en effet (enim) peut-il être douteux pour quelqu'un que (num dubium esse cuiquam potest quin ) rien n'est aussi remuant (nihil sit tam inquietum), aussi inconstant et se réjouissant de l'agitation (tam versabile et agitatione gaudens), que l'air ? [...]
[...] C'est la nature de l'air qui fait bouger, c'est donc naturel et inévitable Une explication logique L1-2 : postulat (point de départ non démontré mais qui sert à la suite de la démonstration). On trouve également une insistance sur les causes et les conséquences, avec la présence de connecteurs logiques, comme enim l.3. l.5 : quod (parce que), l.4,5 sequitur ut (il s'ensuit que) (suivi d'un subjonctif, mais en français on utilise l'indicatif). L.13 : ex quo (à partir de cela) Le souci de clarté Dans les lignes 8-12, non aliter quam fluvius (pas autrement que le fleuve), jusqu'à fugit (fuit), on trouve une comparaison avec le fleuve. [...]
[...] On voit dès le début de l'extrait l.1-2 que l'air est la cause du tremblement de terre, et cette même idée réapparaît l.15 maxima ergo causa propter quam terra moveatur spiritus est (la cause majeure pour laquelle la terre bouge est donc l'air l.16-17, on a un parallélisme avec le début du deuxième paragraphe. Structure parallèle avec le quamdiu une négation dans le verbe, et des adjectifs montrant la douceur placide et «molestus On retrouve aussi la répétition de onus II. La force de l'air 1. Un air incontrôlable l.3, superlatif : re mobilissima (un élément très mobile) désignant l'air. [...]
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