Commentaire entièrement rédigé d'un extrait des Propos d'un Normand d'Alain. Celui-ci traite de la résistance et de l'obéissance des citoyens et explique qu'il faut obéir et résister à la fois. Faut-il privilégier la stabilité de l'ordre politique ou préserver la liberté des citoyens ? Le texte d'origine est fourni avec la copie.
[...] D'emblée, Alain met en évidence la responsabilité des citoyens en dégageant les deux vertus de la vie démocratique, à savoir la résistance et l'obéissance. Ces deux vertus jouent le rôle de moyens pour garantir la liberté et l'ordre, les deux finalités fondamentales d'une vie politique harmonieuse. Même si, comme le montre implicitement la figure du chiasme, le primat est accordée à la liberté, ces deux principes doivent être respectés conjointement pour garantir la démocratie. Pour le démontrer selon la logique du raisonnement par l'absurde, Alain examine les conséquences politiques de la division des deux principes : -Sans l'assurance de l'ordre, la liberté collective est niée car c'est la force brute qui régnerait, comme dans le monde animal. [...]
[...] Dès qu'un pouvoir use de force pour tuer la critique, il est tyrannique. Alain L'une des préoccupations majeures de la philosophie consiste à réfléchir aux problèmes de la vie politique. Pour que vive la démocratie, faut-il privilégier la stabilité de l'ordre politique ou préserver la liberté des citoyens ? Tel est le problème précis que pose Alain dans ce texte. Spontanément, on aurait tendance à considérer que ces deux finalités sont antagonistes et que la garantie de la liberté est seule constitutive des régimes démocratiques. [...]
[...] Par l'obéissance, il assure l'ordre, par la résistance il assure la liberté. Et il est bien clair que l'ordre et la liberté ne sont points séparables, car le jeu des forces, c'est à dire la guerre privée, à toute minute, n'enferme aucune liberté, c'est une vie animale, livrée à tous les hasards. Donc les deux termes, ordre et liberté, sont bien loin d'être opposés, j'aime mieux dire qu'ils sont corrélatifs. La liberté ne va pas sans l'ordre, l'ordre ne vaut rien sans la liberté. [...]
[...] On pourrait objecter à Alain que la pratique de l'obéissance anéantit l'esprit critique et conduit à une soumission aveugle. Ce fut le cas de tortionnaires nazis, comme Eichmann qui a prétexté, lors de sa plaidoirie, qu'il n'avait fait qu'obéir aux ordres du führer et qu'il n'était donc pas responsable des crimes qu'on lui reprochait. Alain répondrait à cela que l'obéissance n'implique pas la soumission et qu'il est toujours possible de refuser de se faire complice d'un acte contraire aux exigences de la raison. [...]
[...] Le sens que l'auteur accorde au mot 'liberté' est très éloigné de la représentation de l'opinion commune. Selon celle-ci, la liberté se comprend comme le pouvoir d'agir selon son bon plaisir, alors que selon Alain, la liberté se conçoit, dans le domaine politique, comme l'effort lucide et courageux pour instaurer un univers humain, porteur de sens et de valeurs universelles. Il faut donc reconnaître que la paix civile exige l'articulation de ces deux principes et des deux vertus citoyennes et que si ' l'ordre ne va pas sans la liberté, la liberté ne vaut rien sans l'ordre. [...]
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