Karl Popper produit dans cet extrait une réflexion de nature épistémologique sur le thème de la conscience.
Sur une question rebattue de la tradition philosophique, à savoir la différence entre l'homme et l'animal, il va proposer de nouvelles raisons théoriques de maintenir une telle distinction (...)
[...] Dans un certain sens, leur mémoire n'a pas disparu, car elles se souviennent de la façon de marcher, de manger, et même de parler. Mais elles ne se souviennent pas qu'elles viennent de Bristol, ou alors de leur nom et de leur adresse. Comme elles ne savent plus rentrer chez elles (ce que les animaux savent faire en principe), leur conscience de soi est même tombée en deçà du niveau normal de la mémoire animale. Mais si elles n'ont pas perdu la faculté de parler, une conscience humaine supérieure à celle de l'animal est demeurée intacte. [...]
[...] Car mémoire personnelle et mémoire motrice ou linguistique dont parle ici Popper relèvent toutes les deux de la mémoire à long terme. Popper ne parle pas ici de la mémoire à court terme, autrement nommée mémoire de travail et qui est le rappel des événements immédiatement passés. On souligne d'habitude l'intrication de la mémoire à long terme dans celle à court terme. Les travaux les plus récents montrent que quand l'une se trouve lésée, l'autre se trouve elle aussi inapte. [...]
[...] Ici, Popper ne recourt plus à cette psychologie des facultés, qui fait de la pensée un attribut métaphysique inné possédé en propre par l'homme. Il nous dit plutôt que la conscience humaine est ancrée dans le langage et dans les théories formulées Cela veut dire que le langage est le lieu où va s'élaborer la pensée, ou plutôt la connaissance objective pour parler dans les termes habituels de l'auteur. Popper se distingue de la tradition rationaliste en ce qu'il fait de l'activité théorique quelque chose de biologiquement explicable, fruit de l'évolution des espèces, et rendue possible par la masse d'informations que le langage va permettre de stocker et de communiquer. [...]
[...] Ce qui caractérise l'homme, c'est l'apparition de la connaissance objective. Cette dernière va être rendue possible par l'extériorisation de la connaissance de l'homme au travers du langage et des théories qu'il élabore. C'est l'extériorisation linguistique de son savoir qui explique la supériorité de l'homme. Le langage et les produits du langage gagnent une sorte d'autonomie; ils s'autonomisent de l'organe qui les a proférés. Allons plus loin et disons même que les théories que l'esprit humain échafaude sur le monde sont comme des organes exo somatiques - de même que les organes sont peut-être des théories endosomatiques (cf. [...]
[...] Là encore il est bien un philosophe de son temps, conscient de l'extrême complexité de l'organisation cérébrale. Cette complexité apparaît dans le réseau dense de connexions entre cellules nerveuse, connexions qui se mettent progressivement en place au cours du développement et qui sont soumises à des tâtonnements, des essais et des erreurs, des sélections dans l'interaction de l'organisme avec l'environnement. Comme le dit un neurobiologiste français, Jean-Pierre Changeux : En somme, il n'y a pas de tout génétique cérébral mais, au sein d'un enveloppe génétique propre à l'espèce, des mises en place successives et emboîtées d'empreintes épigénétiques par variation et sélection. [...]
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