Dans "La Poétique", Aristote, comme Boileau dans l'Art poétique une vingtaine de siècles après, conçoit l'art comme une imitation de quelque chose, la nature, un son, une image, une action qui a existé ou qui pourrait exister – dans ce cas ce n'est plus tant une véritable imitation qu'une pseudo-imitation, ou une imitation de l'imagination du poète, ou encore peut-être une imitation du plus vraisemblable.
Ceci est à la base de son étude l'art de la poésie, et pourtant il ne démontre nulle part que l'art est une imitation par nature. L'art du sculpteur grec est certainement un art d'imitation, de même que le portraitiste ou le paysagiste du XVIIe siècle. Le poète bucolique qui chante la douceur de l'Arcadie imaginaire imite aussi quelque chose qu'on aimerait non pas vraisemblable, mais vrai d'ailleurs.
Mais ce qui était vrai durant l'Antiquité et durant la plus grande partie de l'histoire, jusqu'à la fin du XIXe siècle, pourrait sembler aujourd'hui faux – un Picasso ne semble guère imiter la réalité. Pourtant, en littérature, malgré les révolutions, les bouleversements considérables du XXe siècle, l'idée d'Aristote demeure, plus ou moins malmenée.
Ulysse, de James Joyce, imite la réalité, en la modifiant légèrement dans la façon de la présenter. Le Procès ou Le Château de Kafka sont des exemples évidents d'œuvres littéraires sur des sujets totalement fictifs, mais férocement vraisemblables. Un roman de Claude Simon, comme La Route des Flandres, touche de plus près à la réalité de ce qui s'est passé qu'un roman de Zola qui orne et travaille son récit là où Simon la restitue dans sa continuité et sa bizarrerie et sa cruelle absence de sens profond.
[...] Poésie dramatique exprime plutôt le général l'histoire le particulier - le général, c'est le type de choses qu'il convient à un certain type d'hommes de dire ou de faire conformément à la vraisemblance ou à la nécessité, et c'est le but de que poursuit la poésie [ ] ; le particulier, c'est ce qu'Alcibiade a fait ou ce qui lui est arrivé (p. 35). La comédie trouve une intrigue et met des noms de personnages inventés ; la tragédie prend des noms de personnages ayant existé, car le possible est persuasif (p. 35). Ce n'est toutefois pas toujours le cas ; Aristote cite par exemple une exception : l'Anthée d'Agathon[10]. [...]
[...] Problématique posée par l'auteur 2 C. Méthode suivie 2 II. Résumé 2 A. L'art poétique comme imitation Les moyens de l'imitation Les objets de l'imitation La manière d'imiter 4 B. Les origines de l'art poétique Les causes ayant engendré l'art poétique L'origine de l'art poétique L'histoire de la tragédie L'histoire de la comédie 5 C. Mise au point concernant la ressemblance entre l'épopée et la tragédie 5 D. La tragédie Définition de la tragédie Les parties de la tragédie 6 Définition 6 Hiérarchisation des parties : Caractères généraux de l'intrigue 6 Taille de l'intrigue 6 Unité de l'intrigue 7 Contenu de l'intrigue 7 Action simple, complexe, et parties de l'intrigue Les parties de la tragédie La composition de l'intrigue Les caractères Précisions supplémentaires 10 Concernant la reconnaissance 10 Le travail poétique 10 La construction de l'intrigue 10 Les quatre espèces de tragédie 11 Le rôle du chœur L'expression et la pensée 11 Les parties de l'expression 11 Les espèces du nom 11 La clarté, vertu de l'expression 12 E. [...]
[...] Dans la tragédie chaque épisode est bref, à la différence de l'épopée où ce sont eux qui font l'extrême longueur du poème : en effet le sujet de l'Odyssée n'est pas long : un homme erre loin de son pays pendant de nombreuses années, surveillé de près par Poséidon et isolé ; de plus chez lui, les choses se passent de telle sorte que ses biens sont dilapidés par les prétendants et que son fils est victime de leurs complots ; il arrive alors, en proie au tourment, se fait reconnaître par quelques-uns, attaque, est sauvé pendant que ses ennemis périssent (p. 67). Dans toute tragédie il y a un nouement et un dénouement. Le nouement comprend les évènements extérieurs à l'intrigue et souvent une partie des évènements internes ; le reste, c'est le dénouement. J'appelle “nouement” ce qui va du commencement jusqu'à la partie la dernière d'où provient le renversement vers le bonheur ou le malheur ; “dénouement”, ce qui va du commencement du renversement jusqu'à la fin (p. [...]
[...] Il ne doit dire que peu de choses en son nom propre, et préférer, après une courte introduction, introduire des hommes et des femmes avec des caractères particuliers qui parleront à sa place L'étonnant et la vraisemblance dans l'épopée Épopée accueille mieux l'irrationnel que la tragédie, car celui-ci concourt à l'étonnement, émotion caractéristique de l'épique. L'étonnement provient également du fait que l'auditeur doit imaginer la scène, il ne la voit pas. L'étonnant est pour Aristote agréable, et cela se voit parce que tous les poètes en rajoutent dans leurs compositions. [...]
[...] L'intrigue doit donc être plutôt simple que double, et préférer le passage du bonheur au malheur. Intrigue double : diffère de l'intrigue complexe. Exemple : l'Odyssée. Son issue est contraire pour ceux qui sont meilleurs et pour ceux qui sont plus mauvais[12] (p. 49). Si le spectacle peut engendrer la pitié ou la crainte, cela relève de la mise en scène et non de l'art poétique : un bon agencement des faits doit produire crainte et pitié, et seulement cela car ces deux émotions sont le propre du tragique. [...]
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