Selon le regroupement des textes de Plotin par Porphyre, disciple qui s'appropria le privilège de la publication de ses traités, le traité 5 de l'Énnéade III de Plotin s'intitulant « De l'Amour » nous renseigne sur la définition d'érôs en tant qu'il est à la fois dieu, démon, et passion. Ce traité se fonde sur une exégèse de la doctrine platonicienne de l'érôs et je m'attarderai plus particulièrement dans ce travail sur le passage du paragraphe 5 qui traite de l'eros démon à la définition du mythe paragraphe 9. Plotin introduit cette réflexion par la question suivante au paragraphe 5: « Mais quelle est la nature du démon et en général des démons dont il est parlé dans le Banquet ? ».
[...] Ce qui est vrai pour l'Éros- démon devrait l'être également pour les autres. Hors, si Eros est monde, le monde est peuplé de démons. Les autres démons sont de même ousia : ils ont le même statut dans la hiérarchie ontologique et par conséquent les mêmes caractéristiques au sein du récit mythique. Ce qui nous amènera à comprendre par la suite le statut de Poros et Pénia devant à la fois expliciter la signification du démon Amour et celle de la nature démonique dans son ensemble. [...]
[...] Et même dans la chute, et dans la descente de l'âme qui laisse déchoir Eros en démon, nous pouvons percevoir la bonté de Plotin. Nous avons le choix, nous pouvons tout de même avec persévérance tenter de commencer notre vision intérieure et laisser notre âme nous emmener vers le Beau, laissant le moi jamais irrémédiablement séparé du modèle éternel du moi, tel qu'il existe dans la pensée divine. Fuir seul vers le Seul et avec joie. [...]
[...] Alors Plotin réintègre dans sa théologie spéculative Poros dont il avait très brièvement parlé en le mettant en relation avec Zeus avant Aphrodite. Il est effectivement, la raison, venue des êtres intelligibles et intelligents, quand elle s'épanche et en quelque sorte se déploie ; alors elle s'approche de l'âme et vient en elle En effet, Poros en tant que raison, quand elle s'épanche et en quelque sorte se déploie n'est plus dans son état propre : il est couché et enivré de nectar comme nous avons pu le voir plus haut. [...]
[...] Par la suite Plotin relate les différentes figures du mythe de l'engendrement d'Erôs par Poros et Pénia. Enfin, le paragraphe 9 du traité traite de la sunairèsis des données du mythe platonicien tel que l'entend Plotin d'après sa doctrine et sa lecture de Platon. Après avoir mis en avant sa question fondamentale à propos des démons du Banquet, Plotin s'attache au paragraphe 5 à la figure d'Eros, fils de Pénia et Poros, fils de Métis, qui est né le jour de la naissance d'Aphrodité D'où une continuation de ce traité sur les personnages d'Eros et d'Aphrodite, qui possèdent de nombreuses facettes. [...]
[...] Et il en serait de même pour l'Amour. Pour nous l'expliquer Plotin prend le modèle du triangle qui est à mettre ne relation avec un des passages de la Métaphysique d'Aristote : Par exemple, c'est un attribut Accidentel pour le triangle d'avoir ses trois angles égaux à deux droits. Les Accidents de ce dernier genre peuvent être éternels, tandis que les autres ne le sont jamais. Les pensées sont substantielles uniquement dans l'Esprit divin, là où l'Amour ne se situe pas au niveau de l'Esprit divin, mais à celui de l'âme et des âmes, c'est-à- dire à notre niveau Le triangle entreprend le lien entre Esprit et Amour : le triangle que je vois ou dessine est triangle qui répond à la définition substantielle du triangle ; l'Amour obéit pour sa part à la même correspondance avec le Bien. [...]
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