Ce qui fait la valeur d'un régime politique est avant tout l'homme capable de gouverner et d'être le législateur. Le pouvoir chez Platon apparaît comme une fin en soi dans la mesure où l'on peut déterminer qui par sa sagesse devrait gouverner les autres. Il faut donc avoir à l'idée que pour Platon, pouvoir et morale sont liés et que nous sommes ici dans un contexte où le pouvoir est envisagé moralement. Platon évalue implicitement la qualité morale que doit posséder un gouvernant : la vertu.
Quels intérêts peuvent avoir les gens de bien à gouverner ? Gouvernent-ils pour leur intérêt personnel ou pour le bien de la cité ? Est-ce qu'un État pourrait être gouverné par des philanthropes ? Faut-il mieux diriger ou être dirigé ?
[...] On peut donc établir une distinction entre les qualités morales d'un individu et l'habilité de celui- ci à bien remplir sa fonction. Cependant, l'attachement d'un dirigeant au régime qu'il sert et sa compétence ne sont rien sans la vertu. Nous avons vu que pour l'homme de bien il ne saurait être question de gagner des biens matériels pour l'exercice d'un pouvoir qui a un but moral. Platon est donc contre la thèse qui consiste à dire que le pouvoir s'exerce en vue de l'intérêt de celui qui le détient. [...]
[...] Pour mieux comprendre le raisonnement de Platon, nous pouvons établir une sorte de raisonnement par syllogisme: Il faut qu'une punition contraigne les gens de bien à prendre part aux affaires Or la punition la plus grave est d'être gouverné par plus méchant que soi Donc être gouverné par plus méchant que soi contraint les gens de bien à prendre part aux affaires D'après Platon, ne personne ne s'offre spontanément à commander, et donc les chefs ne se mêlent des affaires, non pour leur intérêt, mais par nécessiter, pour éviter que de pires qu'eux-mêmes prennent le pouvoir. De plus, il est clairement dit ici que s'il n'y avait pas cette forme de punition, les gens de bien ne seraient pas contraints de gouverner. A la ligne 5 Il faut renforce encore plus l'idée de ce qui doit être, c'est- à-dire la nécessité d'une contrainte, d'une sanction. Gouverner apparaît alors comme une contrainte pour les honnêtes hommes. La contrainte est une force qui s'exerce sur un être et qui s'impose à lui nécessairement. [...]
[...] En partant du principe qu'un Etat doit être gouverné si on imagine un Etat où il n'y aurait que des honnêtes gens, on verrait chacun intriguer pour laisser sa place à un autre qu'il jugerait meilleur ou aussi bien que lui et on aurait ainsi la certitude que ceux qui gouvernent le font pour l'intérêt des sujets gouvernés et non pour le leur. En définitive, un Etat gouverné seulement par des gens de bien n'est pas concevable puisque chacun ne sait pas si l'autre est plus ou moins digne que lui. On manigancerait alors pour échapper au pouvoir et il n'y aurait plus personne pour gouverner. Bien sûr, les gens de bien reviendraient par la suite au pouvoir pour "l'intérêt du sujet gouverné" et pour ne pas y laisser de méchantes gens. [...]
[...] Si l'on supprime les négations, il nous apparaît alors la cause de la prise du pouvoir des mauvaises gens et les formes de corruptions que cela entraîne. Platon donne implicitement à travers la définition de ce que les gens de bien ne sont pas, la définition des gens malhonnêtes. L'art politique est ici comparé à l'art du mercenaire. L'opposition est alors clairement établie entre le mercenaire et l'homme de bien. Par définition un homme de bien est un homme possédant des qualités morales comme la vertu. La vertu est une conduite, un art de vivre. [...]
[...] Ce qui explique que l'état doit veiller constamment à faire respecter la loi et sa double universalité: pour tous (égalité), par tous (liberté). De plus, l'Histoire montre qu'il y a toujours eu des hommes politiques moralement irréprochables qui se sont révélés politiquement désastreux, ce qui tend à prouver que Platon fait fausse route lorsqu'il exige qu'on ne sépare pas la morale de la politique ou la politique de la morale. En somme, l'homme parfait n'existe pas. Hitler ou Staline voyaient le bien être du peuple dans leurs doctrines, mais cela a conduit à la montée des totalitarismes. [...]
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