Dans cet extrait de l'œuvre de Lucrèce, De Natura Rerum, l'auteur nous livre sa conception de la véritable piété. Il s'agit pour ce dernier non pas du développement, de l'accomplissement de rites et de cultes, mais de la recherche et du développement de l'ataraxie, cet état de paix intérieure, de sérénité, où toute peur, toute angoisse, est absente. La piété renvoie à l'affirmation « d'un esprit que rien ne trouble. »
« La piété ce n'est pas... » Toutes ces pratiques et ces rites sont ici exagérés, tournés en dérision par l'auteur, afin de nous en montrer l'absurdité. Ainsi, de nombreuses exagérations sont présentes : « à tout instant », tous les autels, jusqu'à terre, en se prosternant, inonder, sans cesse des vœux d'autres vœux. Lorsque l'auteur affirme que ces rites, ces pratiques particulières, généralement ostentatoires, et auxquels on confère une signification d'ordre supérieur, ne correspond pas à ce qu'est la piété, il sous-tend que c'est ce que la majeure partie de l'opinion pense.
[...] La piété renvoie à l'affirmation d'un esprit que rien ne trouble. Lucrèce commence, dans un premier temps, par évoquer tout ce qui n'est pas de la piété, énumérant ainsi dogmes et pratiques religieuses. Par la suite, il nous révèle qu'il s'agit plutôt du développement de l'ataraxie. Affirmation qu'il justifiera ensuite en nous expliquant une des causes probables de l'angoisse de l'homme, et de sa volonté de soumission aux dieux. Lucrèce place à la fin deux hypothèses en concurrence: celle de la mortalité ou de l'éternité du monde. [...]
[...] La conception de la religion pour Lucrèce et de son appartenance philosophique est cependant différente de l'opinion commune. L'épicurisme considère en effet qu'il existe des dieux, mais que ceux-ci vivent dans un monde indépendant, dans une totale ataraxie et n'ayant aucune interaction ou presque (quelques apparitions) avec les hommes et leurs agissements. Ces dieux ne sont pas non plus considérés comme créateurs et notre monde peut ainsi s'épanouir sans leur intervention. Tous les phénomènes naturels, tremblements de terre, orages, pluies, vent, tempête . [...]
[...] Les Grecs avaient tendance à considérer que tout ce qui se trouvait en deçà de la sphère des fixes était soumis à la corruption et à la génération, tandis que tout ce qui se trouvait au-delà n'y était pas soumis. Ainsi, ils ne prenaient pas en compte l'universalité mais faisaient un cas de ce qui se trouvait en deçà et un cas de ce qui se trouvait au-delà. Lucrèce propose ici le doute, condition sine qua non à l'obtention du savoir. En effet, comment sortir de l'ignorance si l'on ignore que l'on se trouve dans l'ignorance ? [...]
[...] La piété selon Lucrèce I. La piété Ensemble des dogmes et rites religieux, symboles du fourvoiement des hommes L'ataraxie, comme manière d'envisager la piété II. Causes probables de l'angoisse de l'homme De l'existence de dieux découlerait l'idée de responsabilité Le doute insinué dans le cœur des hommes proviendrait de l'ignorance des causes. C'est donc l'absence de savoir, l'ignorance des causes qui livre les hommes au doute et leur fait prendre leur parti de l'existence de dieux qui influenceraient nos actions. [...]
[...] On regrettera ce manque d'engagement dans ses principes, ce manque d'affirmation et une certaine hypocrisie des défenseurs du Carpe Diem, cette doctrine visant à profiter de l'instant présent et à privilégier l'intensité du plaisir à sa durée Dans cet extrait du livre V du De Natura Rerum, Lucrèce nous propose sa conception de la piété, l'opposant à celle commune qui consiste à croire en l'importance de dogmes et rites religieux. Selon lui, la véritable piété serait de rechercher à atteindre l'ataraxie, cet état de sérénité où aucun trouble ne perturbe l'esprit. Le doute, le questionnement métaphysique des hommes découleraient de l'ignorance des causes. De ce questionnement aurait surgi la croyance religieuse et avec celle-ci la crainte des dieux, dû au sentiment de gratitude et de responsabilité envers ceux-ci. [...]
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