Commentaire philosophique d'un extrait de Phénoménologie de la perception» de Merleau-Ponty. Qu'est-ce qu'un homme ? Qu'est-ce qui est inscrit dans le corps humain ? Quelles sont les frontières de l'inné et de l'acquis ?
[...] Mais que peut-on juger de naturel et de conventionnel ? Sommes-nous en mesure de savoir où s'arrête l'inné et où débute l'acquis ? Pour répondre à cette question, l'auteur fait une déduction, c'est-à-dire qu'à partir de l'exemple de la première phrase, il crée une généralité dans la deuxième. Ainsi par l'expression les sentiments et les conduites passionnelles sont inventés il met en exergue le fait que l'esprit humain et la conscience alimentent notre imagination et surtout notre comportement. En effet, le commun des mortels possède en lui une part d'inné, elle-même nourrie par l'éducation et l'environnement extérieur qui influent sur sa personnalité, et ainsi, sur l'apprentissage de ce qui sera plus tard pour lui, l'acquis. [...]
[...] Merleau Ponty répond à cette question dès la première par une affirmation ayant recours à un exemple : Il n'est pas plus naturel ou pas moins conventionnel de crier dans la colère L'auteur entend par cet exemple que si l'on crie dans la colère, c'est parce qu'on a observé des hommes agir de la sorte. De même, le fait d'appeler une table un table signifie forcément qu'on nous a appris à être en mesure de nommer un objet par le nom qu'un homme lui a attribué. Ainsi, Merleau Ponty insiste sur la notion d'acquis. [...]
[...] Tout est fabriqué et tout est naturel chez l'homme, comme on voudra dire, en ce sens qu'il n'est pas un mot, pas une conduite qui ne doive quelque chose à l'être simplement biologique - et qui en même temps ne se dérobe à la simplicité de la vie animale, ne détourne de leur sens les conduites vitales, par une sorte d'échappement et par un génie de l'équivoque qui pourraient servir à définir l'homme. " Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception (1945) Dans le Discours sur l'origine de l'inégalité, Rousseau fait l'immense effort de concevoir l'homme à l'état de nature, dépouillé de tout ce qu'il doit à la culture. [...]
[...] Ce dernier exemple nous montre donc bien l'absence de réelle frontière entre inné et acquis. Mais si l'esprit humain n'a en réalité pas de notion du conventionnel et du naturel qu'est-ce qui peut définir l'home et donc, qu'est-ce qui le distingue des autres êtres vivants ? Merleau Ponty répond à cette question par une affirmation : Il est impossible de superposer chez l'homme une première couche de comportements [ ] naturels et un monde culturel ou spirituel fabriqué Ainsi, l'homme, sa conscience et son esprit ne font qu'un, ne forment qu'une unité indivisible. [...]
[...] On serait tenté de le penser à en juger la thèse que soutient Merleau Ponty, à savoir que tout est fabriqué et tout est naturel chez l'homme comme en voudra dire Ce comme on voudra dire renvoie en quelque sorte dos à dos les tenants de théories opposées, c'est-à-dire ceux qui affirment que l'homme est ce qu'il est en vertu d'une nature qui lui est propre, et ceux qui soutiendrait que ce n'est pas la nature mais la culture qui définit l'homme. La thèse de Merleau Ponty soulève néanmoins de nombreuses objections. C'est à ces objections qui semble répondre le texte dans un premier moment, par des exemples (celui des conduites passionnelles, celui de l'expression des sentiments et celui de la paternité) qui relèvent selon lui de la convention et de l'institution. [...]
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