En évoquant le nom de Newton, Kant se réfère à la théorie de la Gravitation Universelle qui énonce les trois lois de la mécanique céleste. Celle-ci a été précédée des travaux en géométrie et notamment des travaux de Descartes mais aussi des travaux de Galilée qui anticipe le principe d'inertie. Par conséquent, Newton est un héritier des théoriciens qui l'ont précédé (...)
[...] En outre, ces énoncés ne sont pas contestables. La démarche scientifique est répétable. Toutefois se pose la question de savoir comment celui qui a fondé la physique moderne, Galilée, n'est pas un génie car le propre du génie : c'est d'inaugurer quelque chose de neuf qui modifie la conception du réel. Galilée renverse, en effet, l'ancienne conception aristotélicienne de la nature selon laquelle un corps lourd rejoint son lieu naturel : le bas conformément à sa nature, à savoir qu'il est lourd. [...]
[...] Au sens strict du texte, certainement pas, il n'est pas un génie. Mais au sens large, il l'est mais à la condition d'entendre par-là une intelligence exceptionnelle. Kant préfère parler de révélation lumineuse que de génie lorsqu'il évoque le nom de Galilée dans la préface de la 2nde édition de la Critique de la Raison Pure. En effet, la raison procède a priori au moyen de concepts de l'entendement (Exemple : celui de cause) et la connaissance objective procède en physique par la fabrication d'un dispositif expérimental qui donne une réalité un concept de l'entendement. [...]
[...] Parce qu'il s'agit d'un don de la nature, le génie ne serait être imité alors qu'entre le plus grand inventeur et l'imitateur le plus laborieux, il n'y a qu'une différence de degrés. Dans les sciences, l'élève imite le maître lequel imite le théoricien. En science, les vérités sont dogmatiques, c'est à dire nécessaire. Les lois de la nature contraignent la raison à se soumettre à l'ordre des raisons (nous apprenons à raisonner) : la science s'apprend. Cet apprentissage requiert des efforts très souvent pénibles. Par conséquent, l'ordre rationnel auquel il est soumis à la nature n'est pas un don de la nature. Par don de la nature que faut-il entendre ? [...]
[...] En revanche ce qui caractérise l'écriture poétique c'est son origine étrangère à la rationalité scientifique : Ni Homère, ni Wieland ne savent comment ces idées riches en poésie s'assemblent dans son cerveau Ce propos rapproche la production poétique du surnaturel comme si le poète était habité par un dieu qui lui insuffle le texte : c'est l'inspiration et tel est en effet l'argument de Platon dans son dialogue consacré à la poésie Ion. Le poète dans la Grèce Antique était habité par ces divinités les Mises (d'où musique). Le poème est un chant tissé d'ondulations et de sonorités. Il reste étranger à sa production poiesis (poésie) dont il ne peut rendre compte (argument platonicien). _ Kant n'est pas un grec. [...]
[...] _ Dans la philosophie de Kant, Dieu est une idée car aucune intuition ne lui correspond. On ne peut démontrer l'existence pas plus qu'on ne peut démontrer le contraire. L'imagination productrice apporte la révélation d'une expressivité qui déborde l'univers univoque de la langue conventionnelle. Les idées esthétiques constituent donc un nouveau langage par delà la discursivité (raisonnement, procédé démonstratif). Le poème nous transporte d'emblée dans un univers dont la signification excède (richesse) ce que notre raison peut saisir. L'écriture poétique efface donc le processus laborieux de la science au profit d'un foisonnement d'images, de sonorités, de rythmes qui débordent amplement le concept (Voyelle de Rimbaud). [...]
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