« C'est donc un fait Simmias, reprit Socrate, que les vrais philosophes s'exercent à mourir et qu'ils sont, de tous les hommes, ceux qui ont le moins peur de la mort. Réfléchis à ceci. »Platon, dans le Phédon, développe dans l'Antiquité une pensée novatrice comme quoi philosopher serait apprendre à mourir. Philosopher consiste en ce sens à se détacher des objets qui nous entourent, qui sollicitent nos actions et nous distraient, dans le but que le corps se sépare de l'âme pour ainsi parvenir à un apprentissage de la mort. Michel Eyquem de Montaigne, philosophe sceptique français du XVIème siècle et appartenant au courant de pensée humaniste, reprend les termes de Platon dans ses Essais, qui est une œuvre autobiographique dont une première édition parut en 1580 en deux livres, jusqu'à l'édition de 1588 en trois livres. Dans le chapitre 19 du livre I, Montaigne développe en effet sa conception de la mort, non pas dans le sens morbide du terme comme nous pousse la société à la penser, mais plutôt dans le sens où la crainte de la mort doit correspondre à la vie, autrement dit, bien vivre, avec la mort, car de par son caractère inéluctable, on ne peut y échapper. On peut donc se demander si apprendre à mourir est-ce alors apprendre à mieux vivre ?
[...] Le plaisir est notre but (p.1). Montaigne fait l'éloge de la vie, il souhaite en apprécier les moindres délices. En effet, jouir de la vie laisse moins de regrets face à la mort. Il faut enrichir la vie d'expériences, faire des projets concrets et réalisables et sur de courtes durées afin d'en savourer le travail fini car nous sommes nés pour agir (p.5).Pour le philosophe, la vie est précieuse, sa valeur ne réside pas dans la durée, mais dans ce qu'on en a fait l'homme est le seul juge du chemin que prendra sa vie, et par exemple la place qu'il donnera au bien et au mal. [...]
[...] Pour le philosophe, la pire crainte que l'homme puisse avoir serait rien (p.8) car cela ne concerne ni le mort, ni le vivant, donc une notion totalement abstraite, inconcevable et inconnaissable. En effet, pourquoi redouter de perdre une chose qui une fois perdue ne peut plus être regrettée ? les questions oratoires que pose Montaigne à partir de la page 7 sont déroutantes, percutantes. Elles remettent en cause la légitimité d'une telle crainte de la mort. La mort n'est donc pas un tourment mais plutôt la fin de la vie, et peut être une nouvelle naissance. [...]
[...] La mort est un tournant inévitable et fait peur aux hommes. Cependant, il faut se préparer à la mort car c'est de là que réside toute la sagesse et le raisonnement du monde, qui se concentrent en un point : nous apprendre à ne pas craindre de mourir (p.1). Le caractère inéluctable, inévitable, brutal et impitoyable de la mort entraine une psychose et un tourment auxquels les hommes n'arrivent pas à échapper. Lorsque la mort survient à l'improviste, «quels tourments ! [...]
[...] Montaigne utilise le champ lexical de la souffrance, il compare la volupté à une pénitence qui implique la sueur et le sang et des souffrances aiguës (p.1) mais cependant, ces incommodités que possèdent la vertu ou la volupté ne les rendent pas austères et inaccessibles (p.1) et dans le cas de la vertu, bien mieux que dans le cas de la volupté, ces difficultés rehaussent le plaisir divin qu'elle nous procure (p.1). Pour le philosophe, aucun homme ne peut parvenir de son vivant à la jouissance de la vertu, notre condition humaine ne le permet pas car la vertu est insatiable et sa poursuite est plaisante (p.1). On a vu que pour Montaigne, la vie est confrontée à une quête perpétuelle : la recherche de la volupté et de la vertu. Cette quête est le but ultime visant le bonheur. [...]
[...] Au paragraphe 14, Montaigne se lance dans une nouvelle critique cette fois-ci de la médecine, qui sème la peur parmi la population en annonçant par exemple la fin imminente (p.2) et qui selon Montaigne affublent (p.2). L'erreur vient de nous les hommes, de notre façon d'agir face à la mort les cris des mères, des femmes et des enfants, la visite de personnes stupéfaites et émues ( ) en somme, effroi et horreur tout autour de nous. (p.9/10). La société entretient la peur de la mort. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture