Denis Diderot, science, phénomènes naturels, géométrie, connaissance, métaphysique, philosophe, sciences abstraites, abstractions, phénomènes matériels, évolution des sciences
Dans ce texte, le philosophe Diderot parle des sciences de son temps et s'élève contre les sciences abstraites. Cette posture est celle de l'encyclopédie qui vient de naître et qu'il dirige. La science doit continuer à se réformer en continuant cette « révolution » de la méthode qui la conduit vers plus de pragmatisme et moins d'abstraction. La géométrie pure, ainsi, va être sévèrement critiquée par le philosophe, dans le cadre de ce projet encyclopédique visant à hiérarchiser les sciences.
Ainsi, la question posée par les six premiers articles de cet essai consiste à savoir comment la science doit faire de l'interprétation des phénomènes naturels observables son véritable objet et rejeter l'idéale métaphysique d'une connaissance pure, comme semble se définir la géométrie. Pour Diderot, les abstractions résultent d'une extraction de l'expérience concrète. La géométrie ne peut donc servir de modèle à la science pratique, car elle suppose de partir des abstractions, sans se préoccuper des phénomènes matériels. L'opposition entre les sciences pures et les sciences pratiques se trouve reconduite ici dans une polémique violente. Diderot considère que l'évolution des sciences nécessite que leur méthode se conçoive avant tout comme analytique et expérimentale.
[...] Pourtant, d'après Diderot l'histoire des sciences nous prouve que ce livre ne cessera jamais de s'écrire, sans nous révéler pour autant son mystère. Diderot nous incline à ne plus faire parler la géométrie à la place de Dieu. La véritable finalité de la science n'est pas de trouver l'absolu, mais d'explorer la diversité merveilleuse de la nature. Ainsi, la vérité de la science ne sera plus une contemplation mais une recherche de l'utile, lequel rejoint notre rapport originel au monde des choses. [...]
[...] Pensées sur l'interprétation de la nature - Denis Diderot (1753) - Comment la science doit faire de l'interprétation des phénomènes naturels observables son véritable objet et rejeter l'idéale métaphysique d'une connaissance pure ? Dans ce texte, le philosophe Diderot parle des sciences de son temps et s'élève contre les sciences abstraites. Cette posture est celle de l'encyclopédie qui vient de naître et qu'il dirige. La science doit continuer à se réformer en continuant cette « révolution » de la méthode qui la conduit vers plus de pragmatisme et moins d'abstraction. [...]
[...] La géométrie, simple jeu intellectuel, détaché par sa rationalité de cet aspect charnel de l'esthétique véritable sera oubliée et Diderot semble conseiller aux géomètres s'ils veulent rester connus dans le futur de se mettre à écrire des vers, occupation plus utile que la leur. La science du XVIIème siècle, celle des géomètres et des astronomes, semble déjà dépassé aux yeux « des chimistes, les physiciens, les naturalistes, et tous ceux qui se livrent à l'art expérimental, non moins outrés dans leur jugement, me paraissent sur le point de venger la métaphysique et d'appliquer la même définition au géomètre. [...]
[...] La seule orientation valide est celle de l'utilité : c'est à dire les impératifs et les besoins de la découverte, sans cesse reconduits. Pourquoi alors, cette mobilisation des deux faces théoriques et pratiques de la science, conduit-elle à une condamnation radicale de la science rigoureuse par excellence qu'est la géométrie ? La géométrie est condamnée à disparaître en tant que science pure, dans le sens où son objet est constitué de formes abstraites : productions immatérielles de l'entendement, incapables de s'appliquer en tant que telles aux phénomènes naturels dans leur réalité concrète. [...]
[...] Le moteur de la science repose sur les passions individuelles et collectives d'un temps donné. En ce sens, l'ère géométrique fut l'expression des passions sociales de son temps . C'était une science contemplative, détachée de l'ordre concret du monde, répondant pour Diderot aux désirs d'une classe oisive, supposant que la science se devait d'être un loisir (au sens noble du terme) et non un travail productif. La révolution qui s'annonce n'est donc pas seulement due à une progression irréversible des connaissances. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture