Pascal, Pensées, fragment 627, discours pascaliens, Emmanuel Martineau, religion chrétienne, métaphysique, cartésianisme, vanité, saint Augustin, vanitas, soif de gloire, moi, vie essentielle, Montaigne, Essais
Ce que l'on a coutume d'appeler les Pensées de Pascal, et qu'il faudrait plutôt appeler, après Emmanuel Martineau, les Discours pascaliens, s'inscrivent dans le projet que conçut ce premier d'une apologie de la religion chrétienne. À cet effet, Pascal envisagea d'exposer des « preuves de la religion chrétienne » (M142–L428), tout en refusant explicitement les preuves « métaphysiques », telle la cartésienne.
[...] Ainsi Pascal soutient-il, quant auxdites vies : « Nous ne nous contentons pas de la vie que nous avons en nous et en notre propre être. Nous voulons vivre dans l'idée des autres d'une vie imaginaire et nous nous efforçons pour cela de paraitre. Nous travaillons incessamment à embellir et conserver notre être imaginaire et négligeons le véritable. Et si nous avons ou la tranquillité ou la générosité ou la fidélité, nous nous empressons de le faire savoir afin d'attacher ces vertus-là à notre autre être et les détacherions plutôt de nous pour les joindre à l'autre. [...]
[...] : Donc, moi aussi, Pascal, je fais preuve de vanité. Or, et tel est le point, tandis qu'un tel raisonnement impliquait une telle conclusion, ce n'est pas là ce que conclut Pascal, puisqu'il conclut en effet : « Et moi qui écris ceci, ai peut-être cette envie. » Par-là, il est manifeste que ce dernier manifeste son doute quant à l'universelle vanité, à la façon de saint Augustin - mais conséquences doivent en être précisément tirées par nous. L'adjonction d'un « peut-être » à la conclusion, qui modalise au fond le refus de la conséquence logique du raisonnement mené, atteint les prémisses elles-mêmes. [...]
[...] Une telle tension est bel et bien interne au texte augustinien, - et tel est également le cas pour le texte pascalien. Le fragment L627, qui considère le « mespris de la gloire » qu'avaient pensé avant lui Montaigne et saint Augustin notamment, peut et doit à présent être envisagé dans son entièreté. Recitons-le : « La vanité est si ancrée dans le cœur de l'homme, qu'un soldat, un goujat, un cuisinier, un crocheteur se vante et peut avoir ses admirateurs ; et les philosophes mêmes en veulent ; et ceux qui écrivent contre [la gloire] veulent avoir la gloire d'avoir bien écrit ; et ceux qui le lisent veulent avoir la gloire de l'avoir lu ; et moi qui écris ceci, ai peut-être cette envie ; et peut-être que ceux qui le liront . [...]
[...] N°3) Moi, Pascal, je dénonce par écrit la vanité. Résumons donc : PR. N°1 : La vanité entendue comme soif de gloire est universellement partagée par les humains. PR. N°2 : Celui-là même qui dénonce ou blâme la vanité, ne donne jamais par-là que la preuve de sa vanité de manière détournée. PR. [...]
[...] Ainsi que l'écrit Montaigne, dont Pascal lui-même fut le lecteur : « Car comme dit Cicero, ceux mesmes qui la combatent [la gloire], encores veulent−ils, que les livres, qu'ils en escrivent, portentau front leur nom, et se veulent rendre glorieux de ce qu'ils ont mesprisé la gloire ». Il est difficile de savoir si Pascal l'emprunte à l'un ou l'autre, mais ces deux possibilités ne sont évidemment pas exclusives, attendu que Pascal fut un fidèle lecteur de Montaigne aussi bien de que de saint Augustin. Tentons de déployer la structure logique de l'argument pascalien. Le début du fragment (de « la vanité est si ancrée dans le cœur de l'homme . [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture