Quelles sont Les Opinions de M. Jérôme Coignard sur l'histoire ? Le spirituel abbé imaginé par Anatole France incarne ce que, depuis la crise de la conscience européenne à la fin du XVIIe et au début du XVIIIe siècle, l'on appelle le pyrrhonisme historique. Les livres d'histoire constituent des « recueils de contes », dont il est ridicule de vouloir tirer des enseignements, des maximes de gouvernement, une politique. En 1927, dans son discours de réception à l'Académie française, Paul Valéry rend hommage au scepticisme tant décrié de son prédécesseur. C'est également au milieu des années 1920 que ce disciple de Stéphane Mallarmé devient le "Bossuet de la IIIe République", selon sa propre expression. Il publie de multiples textes sur la politique et sur l'histoire, rassemblés dans les "Essais quasi politiques" de Variété, puis en 1931 dans Regards sur le monde actuel. À force de faire ce que Gide nomme le "procès de Clio", Valéry finit par passer pour un "ennemi de l'histoire".
Dans l'extrait proposé se reconnaît un passage essentiel de l'"Avant-Propos" de Regards sur le monde actuel. La première phrase semble régler une fois pour toutes la question de la valeur de l'histoire, non pas science mais art. En vérité, cette thèse, sans cesse rappelée de façon allusive, sous-tend l'ensemble du texte consacré à l'influence ? profonde et néfaste ? de l'histoire sur la politique. Valéry distingue, d'une manière qui sans doute manque de netteté, deux formes d'influence, générale sur les peuples, particulière sur les chefs. Une nouvelle fois, il semble vouloir démontrer qu'il s'agit bien du "produit le plus dangereux que la chimie de l'intellect ait élaboré".
Contrairement à l'idée reçue par ses contemporains, Valéry considère donc que l'histoire n'est pas une science mais un art. C'est pourquoi son immense influence sur les peuples aboutit à des politiques dangereuses. Quant aux chefs, ils sont plus encore sujets à la maladie historique. (...)
[...] En associant la science à 4 Dissertation de Culture générale : Commentaire de citation longue Paul Valéry, Regards sur le monde actuel, Avant-Propos l'idée de connaissance vérifiable et de puissance certaine, Valéry condamne l'histoire à n'être qu'un art. Par définition le passé n'est plus et ne sera plus. En histoire il n'y a donc ni observation ni expérience ni vérification possible : l'historien est condamné à travailler sur les traces partielles et partiales du passé. Trop fasciné par les sciences exactes, notamment physico-chimiques, Valéry rejette la notion de science humaine. [...]
[...] Le terme se montre d'une remarquable ambiguïté. Dans un souci de clarté, Henry Corbin a proposé de distinguer Histoire et histoire, la majuscule pour le passé vécu par les hommes de chair et de sang, la tilinuscule pour l'humble image que s'efforce d'en recomposer le labeur de l'historien. Cette différence orthographique aurait permis d'éclairer le jeu de mots que fait à deux reprises Valéry : le caractère réel de l'histoire est de prendre part à I'[H]istoire même ; l'histoire alimente l'[H]istoire Depuis les Historiai (enquêtes) d'Hérodote, les historiens prétendent rendre compte de ce qui s'est réellement passé. [...]
[...] En 1940, il juge que les 10 Dissertation de Culture générale : Commentaire de citation longue Paul Valéry, Regards sur le monde actuel, Avant-Propos enseignements de l'histoire ont grandement contribué à la ruine de la France. Est-ce à dire que Valéry veut supprimer l'étude de l'histoire dans les écoles d'officiers, ou les humanités dans les lycées de la République ? En dépit de certaines boutades, Valéry se borne à demander un rééquilibrage entre l'influence du passé, qui caractérise l'humanité et la civilisation, et l'attention au présent. [...]
[...] Mais le contexte dans lequel a vécu Valéry, ses citations les plus connues, ses idées les plus 7 Dissertation de Culture générale : Commentaire de citation longue Paul Valéry, Regards sur le monde actuel, Avant-Propos répétées, permettent d'illustrer cette affirmation. B. Obsédés par le souvenir des glorieux siècles du passé, élevés dans le culte de Louis XIV ou de Napoléon Bonaparte, les Français continuent de rêver de grandeur et de mission : ils se montrent incapables de distinguer le rapport des forces actuels. [...]
[...] Une nouvelle fois, il semble vouloir démontrer qu'il s'agit bien du produit le plus dangereux que la chimie de l'intellect ait élaboré Contrairement à l'idée reçue par ses contemporains, Valéry considère donc que l'histoire n'est pas une science mais un art. C'est pourquoi son immense influence sur les peuples aboutit à des politiques dangereuses. Quant aux chefs, ils sont plus encore sujets à la maladie historique Dissertation de Culture générale : Commentaire de citation longue Paul Valéry, Regards sur le monde actuel, Avant-Propos I. [...]
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