Penseur considérable du XVIIème siècle, Blaise Pascal est sans aucun doute l'un des plus grands génies de l'histoire humaine. Qu'il s'agisse de Physique, Mathématiques, Littérature ou Philosophie, il a contribué aussi bien au domaine de la connaissance scientifique qu'à l'analyse de la condition humaine, si bien qu'il laisse derrière lui des études et des inventions nécessaires à la recherche scientifique ainsi que Les Provinciales, - prise de parti contre les Jésuites au nom du Jansénisme - qui constituent par la pureté de la langue, la logique rigoureuse et l'éloquence passionnée, le premier monument de la littérature classique. Publiées en 1670 par les jansénistes, les Pensées sont le tableau de son entreprise, des notes destinées à former un ouvrage que Pascal ne put mener à terme, une apologie chrétienne qu'il destinait aux libertins et en laquelle il démontre la nécessité de croire en Dieu. Pascal mène une analyse de la condition humaine, incapable d'atteindre la vérité ni le bonheur à cause de la faiblesse de la raison et de la force de l'imagination, "maîtresse d'erreur et de fausseté" et cependant doté d'une certaine grandeur par la supériorité de la pensée. Son oeuvre se construit selon deux parties : Misère de l'homme sans Dieu et Félicité de l'homme avec Dieu, dans lesquelles il résout l'opposition entre misère et grandeur par le christianisme, par la foi en Dieu "sensible au coeur, non à la raison". Le lyrisme de l'expression, son style admirable de pureté et de force et la singularité d'un dialogue qui engage son lecteur, expliquent que l'influence de Pascal se soit exercée jusqu'à notre époque. Dans une liasse consacrée à La justice et la raison des effets le fragment 323-688 introduit la question du "moi" par une question oratoire qui invite davantage à étonner son lecteur qu'à lui indiquer une réponse présupposée dans la question, "Qu'est-ce que le moi ?". L'interrogation surprend en effet, en ce qu'elle dépasse la simple définition du "moi" comme pronom personnel. Il semblerait d'ailleurs qu'on puisse faire un rapprochement avec l'injonction de Socrate "Connais-toi toi-même" de laquelle Pascal semble montrer l'impossibilité et surtout une interrogation qui sans doute la précède et qui de plus témoigne de l'ignorance de la condition humaine quant à connaître une de ses parties qui semble la concerner singulièrement. En effet, avant que Nietzsche ait dénoncé la "fiction grammaticale" qui incite tout un chacun à dire "moi" et à se munir de ce pronom pour auteur de ses pensées et de ses actes, Montaigne et Pascal s'étaient déjà interrogés sur la validité d'une telle hypostase. Montaigne disait que le problème se situait au niveau du langage "La question est de parole et se paie de même. Une pierre c'est un corps mais qui presserait (...)
[...] De fait c'est dire que la relation proprement dite n'existe pas. Pascal va plus loin, ce qu'on croit tenir pour relation à autrui est une pure illusion, on croit aimer une personne pour ce qu'elle est mais il n'en est rien puisqu'à la vérité on l'aime pour des qualités données dans un temps, qualités qui pourraient cependant disparaître sans tuer la personne faire qu'on aime plus cette personne et laisser le goût amer d'avoir jadis aimer quelqu'un d'autre qui n'est plus alors qu'il s'agit bel et bien d'une même personne. [...]
[...] Est-ce là dire qu'il m'a vu moi ? Et pourtant j'étais bien là. Le moi semble alors entravé par des déguisements sociaux ou par de simples apparences, autrement dit, le moi selon la doxa, c'est que je suis tel qu'on me perçoit ou tel qu'on croit me percevoir empiriquement et c'est à l'encontre de cette idée que Pascal intervient : soit le moi ne traduit pas les qualités périssables qu'on m'assigne mais ce qu'il reste en deçà des masques et du rôle que je me veux jouer socialement. [...]
[...] Soit, l'imagination travestit ce que le moi est en ce qu'il suppose. Nous venons d'étudier l'interrogation de Pascal Qu'est-ce que le moi à travers le rapport à autrui, nous allons maintenant aborder la question du sentiment du moi de l'identité et de l'amour propre, soit le moi dans son rapport à lui-même. Pascal a travers son interrogation, témoigne bien d'un sentiment du moi d'où l'intérêt d'ailleurs de se poser la question. Le moi comme le suggère le texte semble à la fois présent et appartenu me voir on m'aime moi-même c'est bien qu'il est indissociable du sujet qui a donc un sentiment du moi Or à la fois présent dans chaque proposition où le sujet s'affirme, il semble lui échapper. [...]
[...] Aussi, Pascal, considère le moi comme impérissable, à l'inverse des qualités qui sont périssables. Or la question ne manque pas de surgir : en quoi le moi doit-il être impérissable puisque je suis mort-né ou du moins en tant que je suis un être pour mourir ? Si je me considère comme étant en vie, cela suppose que je suis dans un état et que cet état est changeant ; je suis temporel et cela ne peut que remettre en question l'intemporalité du moi. [...]
[...] Cependant, il est nécessaire d'en distinguer le moi comme impérissable, celui de la conscience, soit j'aurai toujours conscience que je suis. Soit les qualités ne sont point moi mais miennes, si bien que je ne peux que les partager et non partager ce que je suis. [...]
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