Depuis toujours, le moi est inexplicable, indescriptible, en somme, un mystère pour nous-mêmes. Les philosophes ont tenté et tentent encore de découvrir sa véritable identité. Ce texte est extrait des Pensées, oeuvre posthume de Pascal publiée en 1670. Le titre de ce texte est : Qu'est-ce que le moi ?, cette question est introduite par une locution, qui nous fait attendre une réponse contenant la définition et l'origine du moi. Le moi est une réalité insaisissable, indéfinissable. Il n'est ni objet, ni une chose palpable et encore moins reconnaissable. Nous ne savons pas ce qu'il est, ou comment il est représenté car il se trouve à l'intérieur de nous, sans que nous ne sachions réellement où il se trouve, et pour quelles raisons il se distingue des autres moi, des autres personnes qui nous entourent (...)
[...] Les mérites qui lui sont attribués ont donc pour but d'unifier le moi, le corps et l'âme. Il serait donc injuste d'aimer quelqu'un pour ce qu'il est comme il le serait d'aimer un individu malsain, criminel, sans connaître ses vices. Les qualités se substituent donc au moi. Nous pouvons remarquer que Pascal emploie de nombreuses négations, et des adverbes tels que jamais et la conjonction de coordination ni dans le but de réfuter les préjugés que nous pouvons avoir sur le fait d'aimer quelqu'un pour sa personne, et la place du moi chez l'homme. [...]
[...] Qu'est-ce que le moi ? Un homme qui se met à la fenêtre pour voir les passants ; si je passe par là, puis-je dire qu'il s'est mis là pour me voir ? Non ; car il ne pense pas à moi en particulier ; mais celui qui aime quelqu'un à cause de sa beauté, l'aime-t-il ? Non : car la petite vérole, qui tuera la beauté sans tuer la personne, fera qu'il ne l'aimera plus. Et si on m'aime pour mon jugement, pour ma mémoire, m'aime-t-on? [...]
[...] Pascal fut le précurseur de l'Existentialisme. Nietzsche et Camus développeront la thèse évoquée par Pascal en exprimant que le moi n'existe que par le biais des actes de l'homme, et non pas par le physique ou bien le psychique. Il y aura alors une idée de destinée dans laquelle se plonge l'homme par ses actions réfléchies ou non. Tout dépend de lui, et seuls ses faits modifieront sa vie. Pour Pascal le moi ne se situe donc ni dans le physique, ni dans le psychique. [...]
[...] La substance de l'âme serait à rapprocher du terme moi. M'aimer moi serait n'aimer que ma vraie personne, sans aucune qualité. Pascal réfute de suite cette hypothèse. Une substance unique, sans aucune qualité attirante ne sera jamais aimée pour ce qu'elle est, au contraire. Pascal emploie l'adverbe abstraitement qui vient du verbe abstraire, signifiant retirer de. Ce terme est négatif, il est employé pour montrer l'impossibilité et l'absurdité de cette hypothèse. Aimerait-on le moi retiré de l'être, ce moi unique et seul ? [...]
[...] Pascal dit que cela n'a aucune incidence sur ce que nous sommes. Pourtant, le regard des autres sur nous change si notre apparence change. Pascal explique que la petite vérole, une variole qui défigure ceux qu'elle ne tue pas, tuera la beauté sans tuer la personne : la beauté est comparée à la personne, l'une est tuée, l'autre non. La beauté ne fait donc pas partie de ma nature vu qu'elle disparaît avec la maladie. Pascal se demande ensuite si les qualités intellectuelles représentent le moi. [...]
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