« Justice, force. » Telle est la façon qu'a Pascal d'introduire la thèse qu'il développe quant à la relation entre ces deux concepts. Il va s'efforcer tout au long de son texte d'articuler les deux notions sans même user de connecteur logique pour ce qui semble être le titre de ce texte. Une simple virgule sépare ces concepts, preuve en est de la difficulté à appréhender les liens existants entre d'une part la justice, et de l'autre la force.
La thèse principale qu'il expose, et qui fait l'objet du commentaire à suivre, veut que seul, l'idéal de justice est impuissant ; et seul, l'usage de la force est illégitime. Deux solutions apparaissent alors possibles. La première considère que la force se met soit au service du juste, ou alors elle doit incarner ce qui est juste. La seconde voudrait que la justice étant faible et souvent remise en question, la force indiscutable s'impose et se légitime par la force.
A la lecture de ce texte, on peut se demander de quelle manière justice et force peuvent s'articuler sans que la seconde prenne le dessus sur la première dans un processus autodestructeur. L'étude de ce texte s'effectuant dans le cadre de la justice globale, le deuxième défi de ce commentaire sera d'appréhender en toute modestie la portée des écrits de Pascal quant aux questions de justice globale.
[...] Justice et force sont donc contradictoires. Selon Pascal, il est juste que ce qui est juste soit suivi alors qu' il est nécessaire que ce qui est le plus fort soit suivi La justice relèverait donc de l'obligation, et la force de la contrainte. L'obligation morale comprend la possibilité de s'y soustraire. Ainsi la justice ne pouvant s'imposer d'elle-même, car l'homme étant par nature intéressé, quel intérêt a-t-il de se soumettre au juste quant il peut s'en abstenir ? La justice comme toute obligation est impuissante La contrainte ne laisse aucun choix à celui qui se la voit imposer. [...]
[...] Pascal, Pensées : Justice, force Justice, force. Telle est la façon qu'a Pascal d'introduire la thèse qu'il développe quant à la relation entre ces deux concepts. Il va s'efforcer tout au long de son texte d'articuler les deux notions sans même user de connecteur logique pour ce qui semble être le titre de ce texte. Une simple virgule sépare ces concepts, preuve en est de la difficulté à appréhender les liens existants entre d'une part la justice, et de l'autre la force. [...]
[...] Contrairement à la justice, la force reçoit un consensus unanime quant à ses attributs. En d'autres termes, le fort est par tous perçu comme tel. Cela n'est donc pas tant que tout le monde consent volontairement au pouvoir du fort, mais plus tôt que tout le monde finit par plier devant le fort. Qu'advient-il donc quand le juste est disputé par le fort ? Si tout semble céder devant le fort, la justice ne résiste pas à ce raisonnement. Dans une fable de La Fontaine, on dirait que la raison du plus fort est toujours la meilleure même s'il ne faut pas chercher dans le terme meilleure une dimension morale, mais plutôt l'attribut du vainqueur d'un combat. [...]
[...] Rendre contraignante une obligation morale, n'est-ce pas là priver de morale ? Il est cependant certain que la justice globale telle que pratiquée actuellement relève bien de l'obligation morale, car de nombreux Etats cherchent à s'en soustraire en omettant volontairement de prendre en considération certains problèmes dans les pays en développement. L'apartheid sud-africain, système pourtant injuste s'il en est, a été soutenu par des démocraties libérales pendant des décennies, à l'image d'Israël. D'autre part, tout comme la justice globale est une obligation à l'image de la justice selon Pascal ; le schéma pascalien qui lie justice et force s'applique également à la relation justice globale et force. [...]
[...] Il semble ici nécessaire de rappeler ce que l'on entend par justice et par force, afin de ne pas se méprendre, car les deux définitions sont larges. Par justice, il faut comprendre à la fois la norme du droit et ce qui est en conformité avec cette norme (acception juridique), mais aussi l'adéquation entre le mérite et sa rétribution (acception morale). Ces deux versants du même concept sont inséparables, bien que l'idée d'une justice sociale à l'échelle étatique comme à l'échelle globale relève plus du second aspect. [...]
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